in G. Pedroncini, 1917, les mutineries de l’armée française, coll. Archives Julliard-Gallimard, 1968
Une lettre citée par le rapport du 30 mai 1917 de la Section de renseignements aux Armées :
« Je te dirais qu’en ce moment tous les combattants en ont marre de l’existence. Il y en a beaucoup qui désertent – 10 à ma compagnie qui ont mis les bouts de bois dans la crainte d’aller à l’attaque. Je crois qu’on va faire comme chez les Russes, personne ne voudra plus marcher. Il est vrai que ce n’est plus une vie d’aller se faire trouer la peau pour gagner une tranchée ou deux, et ne rien gagner. »
Lettre d’un soldat (1917), retenue par le contrôle postal :
« Tous les soldats crient : « A bas la guerre ! » et refusent de prendre les lignes. J’espère que tous en feront autant et que nous finirons ce carnage depuis qu’il dure… A Soissons, ils ont tué deux gendarmes.
Nous n’avons rien à gagner à la continuation de la guerre. Ça a l’air de chauffer grave à Paris avec les grèves. Tant mieux. »
Lettre d’un soldat du 128e RI, Ve Armée :
« 24 mai [1917] Voici les faits. La journée s’était passée dans le plus grand calme, il y avait eu même moins d’abus sur le pinard que les jours précédents. Mais après un petit incident à la 11e Compagnie (assaut de boxe du lieutenant avec un poilu) juste au moment de la soupe, il fut décidé dans tout le 3e bataillon et le 2e bataillon aussi que personne ne monterait. Les officiers ayant eu vent de cette rumeur passèrent dans leurs compagnies à la soupe afin de sonder les poilus et les exhorter au calme et à monter quand même. Rien à faire : tout était décidé ; à 17 heures, heure du rassemblement, tous sortirent dans la rue en veste et calot, et entonnèrent l’Internationale. Les fusils mitrailleurs étaient braqués, prêts à tirer si une compagnie avait le malheur de monter. Commandant, colonel et général de Corps vinrent supplier les hommes. Ce dernier fut hué au cri de « A mort ». Vous voyez d’ici le tableau. »
Un tract datant de 1917, signé par des soldats appartenant à 10 régiments différents :
« Camarades, souvenez-vous de Craonne, Verdun, Somme, où nos frères sont restés. Camarades aux Armées ! Camarades ! Au nom de tous les camarades qui ont déjà signé pour obtenir la cessation des hostilités à la fin de juillet, nous venons vous prier de vous joindre à nous pour obtenir ce résultat et arrêter ce carnage, cette guerre qui a pour but premier d’enrichir le capitaliste et de détruire la classe ouvrière. Nous tiendrons les tranchées jusqu’à cette époque pour empêcher l’ennemi d’avancer. Passée cette date, nous déposerons les armes.
Transmettre aux RI dont vous avez l’adresse de leurs secteurs [sic].
Camarades, unissons-nous tous pour aboutir à rétablir la classe ouvrière.
Debout ! L’heure est sonnée. Debout ! »
Trains de permissionnaires
André Loetz dans l'article qu'il consacre aux graffitis des trains de permissionnaires analyse un corpus de 189 graffitis relevés du 19 juin au 15 juillet 1917 dans (ou plutôt sur, pour leur donner une visibilité supérieure) 45 trains, par "par les inspecteurs de la Compagnie des chemins de fer du Nord... précisant qu’ils ont fait effacer dès l’arrivée du train l’écrit séditieux.
Minutes du jugement en conseil de guerre 971, du 27 septembre 1917 :
21 juin : « C’est épouvantable une guerre pareille, révoltons nous ; c’est le moment » « Les officiers sont des assassins qui nous conduisent à la boucherie » « A bas la guerre et n’oubliez pas que c’est pour démolir le petit peuple » « Soldats, suivez l’exemple de la Russie »
26 juin : « On les aura, mais quand ? »
27 juin : « Nos chefs, on les aura », « Vive Guillaume ou Poincaré c’est la même chose »
28 juin : « A mort Poincaré »
29 juin : « Il nous faut la paix ou nous cassons la gueule à messieurs les capitalistes »
30 juin : « Guerre aux gendarmes, les boches après », « Les communiqués ne les croyez pas » « Vivement les marmites sur Paris »
3 juillet : « Ouvrier, fait toi tuer pour les gros et les embusqués »
4 juillet : « Quand j’étais petit, je gardais les vaches, maintenant c’est une qui me garde » « Les Boches ne sont pas plus vaches que nous, ce sont les chefs qui le sont », et « Mort aux gendarmes », « qu’on les pende » « Au front les curés, à bas la calotte » « Vive l’anarchie » « L’État, je l’emmerde »
7 juillet : « A bas les cognes, la police au front »
10 juillet : « Camarade poilu, tu n’oses lever les bras en l’air. Comme un bétail à l’abattoir et pourtant tu te laisses faire »
14 juillet : « Vive la paix ou la Révolution le poilu en a marre »
15 juillet : « Vive les Boches ils ne sont pas si cons que nous ils ne s’en font pas »
Une lettre citée par le rapport du 30 mai 1917 de la Section de renseignements aux Armées :
« Je te dirais qu’en ce moment tous les combattants en ont marre de l’existence. Il y en a beaucoup qui désertent – 10 à ma compagnie qui ont mis les bouts de bois dans la crainte d’aller à l’attaque. Je crois qu’on va faire comme chez les Russes, personne ne voudra plus marcher. Il est vrai que ce n’est plus une vie d’aller se faire trouer la peau pour gagner une tranchée ou deux, et ne rien gagner. »
Lettre d’un soldat (1917), retenue par le contrôle postal :
« Tous les soldats crient : « A bas la guerre ! » et refusent de prendre les lignes. J’espère que tous en feront autant et que nous finirons ce carnage depuis qu’il dure… A Soissons, ils ont tué deux gendarmes.
Nous n’avons rien à gagner à la continuation de la guerre. Ça a l’air de chauffer grave à Paris avec les grèves. Tant mieux. »
Lettre d’un soldat du 128e RI, Ve Armée :
« 24 mai [1917] Voici les faits. La journée s’était passée dans le plus grand calme, il y avait eu même moins d’abus sur le pinard que les jours précédents. Mais après un petit incident à la 11e Compagnie (assaut de boxe du lieutenant avec un poilu) juste au moment de la soupe, il fut décidé dans tout le 3e bataillon et le 2e bataillon aussi que personne ne monterait. Les officiers ayant eu vent de cette rumeur passèrent dans leurs compagnies à la soupe afin de sonder les poilus et les exhorter au calme et à monter quand même. Rien à faire : tout était décidé ; à 17 heures, heure du rassemblement, tous sortirent dans la rue en veste et calot, et entonnèrent l’Internationale. Les fusils mitrailleurs étaient braqués, prêts à tirer si une compagnie avait le malheur de monter. Commandant, colonel et général de Corps vinrent supplier les hommes. Ce dernier fut hué au cri de « A mort ». Vous voyez d’ici le tableau. »
Un tract datant de 1917, signé par des soldats appartenant à 10 régiments différents :
« Camarades, souvenez-vous de Craonne, Verdun, Somme, où nos frères sont restés. Camarades aux Armées ! Camarades ! Au nom de tous les camarades qui ont déjà signé pour obtenir la cessation des hostilités à la fin de juillet, nous venons vous prier de vous joindre à nous pour obtenir ce résultat et arrêter ce carnage, cette guerre qui a pour but premier d’enrichir le capitaliste et de détruire la classe ouvrière. Nous tiendrons les tranchées jusqu’à cette époque pour empêcher l’ennemi d’avancer. Passée cette date, nous déposerons les armes.
Transmettre aux RI dont vous avez l’adresse de leurs secteurs [sic].
Camarades, unissons-nous tous pour aboutir à rétablir la classe ouvrière.
Debout ! L’heure est sonnée. Debout ! »
Caverne du Dragon
André Loetz dans l'article qu'il consacre aux graffitis des trains de permissionnaires analyse un corpus de 189 graffitis relevés du 19 juin au 15 juillet 1917 dans (ou plutôt sur, pour leur donner une visibilité supérieure) 45 trains, par "par les inspecteurs de la Compagnie des chemins de fer du Nord... précisant qu’ils ont fait effacer dès l’arrivée du train l’écrit séditieux.
Minutes du jugement en conseil de guerre 971, du 27 septembre 1917 :
Quand nous voyageons, nous nous saoulons, et nous ne nous occupons plus de rien. Les officiers et personne ne peuvent nous faire marcher. Je prends les officiers de ma compagnie pour des pères, et vous, je vous prends pour des chiens.19 juin : « Vive l’Internationale ou la paix de suite », , « A bas les fliques, vive les midinettes et la grève »
21 juin : « C’est épouvantable une guerre pareille, révoltons nous ; c’est le moment » « Les officiers sont des assassins qui nous conduisent à la boucherie » « A bas la guerre et n’oubliez pas que c’est pour démolir le petit peuple » « Soldats, suivez l’exemple de la Russie »
26 juin : « On les aura, mais quand ? »
27 juin : « Nos chefs, on les aura », « Vive Guillaume ou Poincaré c’est la même chose »
28 juin : « A mort Poincaré »
29 juin : « Il nous faut la paix ou nous cassons la gueule à messieurs les capitalistes »
30 juin : « Guerre aux gendarmes, les boches après », « Les communiqués ne les croyez pas » « Vivement les marmites sur Paris »
3 juillet : « Ouvrier, fait toi tuer pour les gros et les embusqués »
4 juillet : « Quand j’étais petit, je gardais les vaches, maintenant c’est une qui me garde » « Les Boches ne sont pas plus vaches que nous, ce sont les chefs qui le sont », et « Mort aux gendarmes », « qu’on les pende » « Au front les curés, à bas la calotte » « Vive l’anarchie » « L’État, je l’emmerde »
7 juillet : « A bas les cognes, la police au front »
10 juillet : « Camarade poilu, tu n’oses lever les bras en l’air. Comme un bétail à l’abattoir et pourtant tu te laisses faire »
14 juillet : « Vive la paix ou la Révolution le poilu en a marre »
15 juillet : « Vive les Boches ils ne sont pas si cons que nous ils ne s’en font pas »
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