" Pour maintenir l’esprit d’obéissance et la discipline parmi les troupes, une première impression de terreur est indispensable." Pétain, 1915
1915
exécution d'un déserteur (date inconnue)
Janvier
Le 2 janvier 1915, Hassouine Ben Guidoun,
né en 1895 à Aïn-El-Hadjar (Algérie), Tirailleur au 2è Régiment de
marche de tirailleurs algériens 19è Cie, condamné par le CG de la 37è
D.I. est exécuté à Château-D'Offémont(60)
Marcel Théodule Louis Lefèvre,
né le 9 juin 1888 à Paris 3è, Employé de commerce domicilié à
Saint-Maur-des-Fossés (94), soldat au 76è R.I., prend part aux
premières offensives françaises en
Lorraine puis au repli sur l'ouest de la Meuse où il tient position près
de Lachalade. La trace du jugement a disparu. Il est condamné à mort
pour "abandon de poste en présence de l'ennemi" et passé par les armes à
Lachalade, Meuse, le 4 janvier 1915. Le 21 mars 1920 il
reçoit à titre posthume la Médaille Militaire et Croix de Guerre avec
étoile de bronz. Pas de mention Mort pour la France.
Jean-Marie Ruga,
né le 11 mars 1885 à Lyon 6è, soldat au 140è R.I. Son père, d’origine
italienne, est plâtrier. En 1906, il est déclaré bon pour le service
mais il est mentionné sur sa fiche matricule qu’il est absent. Il est
incorporé en 1907 au 75e régiment d’infanterie. Il exerce alors la
profession de peintre-plâtrier. Soldat de 2e classe, il est promu
sapeur, puis sapeur de première classe. Lorsqu’il est mis en congé en
1909, il obtient un certificat de bonne conduite.
Il
est rappelé à l’activité lors de la mobilisation, et incorporé au 159e
régiment d’infanterie. Hospitalisé à Besançon, il sort du dépôt de
convalescents le 9 octobre mais ne rejoint pas son régiment.
Il est déclaré déserteur et meurt à Authon-du-Perche, en Eure-et-Loir, le 5 janvier 1915. Voici dans quelles circonstances… Depuis quelques jours un militaire avait été signalé, rôdant à Saint-Bomer, Soizé et Authon-du-Perche, demandant la charité. Une battue est organisée par la gendarmerie de La Bazoche-Gouët. Ruga est arrêté au hameau de La Borde à Soizé. Il prétend être hospitalisé à Authon et avoir l’autorisation de sortir. Dans le bois de Malaize, il attaque le gendarme qui le détient. Celui-ci tire une première fois en l’air, puis une seconde fois, blessant le soldat. Ruga est acheminé vers l’hôpital d’Authon mais décède pendant le trajet.
Le 5 janvier1915 Alphonse Marcellin Massot-Pellet, né de père inconnu le 13 janvier 1887 à Marseille (13), soldat de 2è classe au 40è R.I., est porté disparu le 21 décembre 1914 condamné par le CG spécial de la 30è D.I. pour "abandon de poste en présence de l'ennemi" (absence de dossier de jugement dans les archives) est exécuté le jour même à 15h30 au bois de Florges à Chattancourt (55)
Il est déclaré déserteur et meurt à Authon-du-Perche, en Eure-et-Loir, le 5 janvier 1915. Voici dans quelles circonstances… Depuis quelques jours un militaire avait été signalé, rôdant à Saint-Bomer, Soizé et Authon-du-Perche, demandant la charité. Une battue est organisée par la gendarmerie de La Bazoche-Gouët. Ruga est arrêté au hameau de La Borde à Soizé. Il prétend être hospitalisé à Authon et avoir l’autorisation de sortir. Dans le bois de Malaize, il attaque le gendarme qui le détient. Celui-ci tire une première fois en l’air, puis une seconde fois, blessant le soldat. Ruga est acheminé vers l’hôpital d’Authon mais décède pendant le trajet.
Le 5 janvier1915 Alphonse Marcellin Massot-Pellet, né de père inconnu le 13 janvier 1887 à Marseille (13), soldat de 2è classe au 40è R.I., est porté disparu le 21 décembre 1914 condamné par le CG spécial de la 30è D.I. pour "abandon de poste en présence de l'ennemi" (absence de dossier de jugement dans les archives) est exécuté le jour même à 15h30 au bois de Florges à Chattancourt (55)
Auguste Auroy,
né le 5 juillet 1884, né Nocq (Chambérat dans l'Allier), brancardier au
98è R.I., fusillé le 6 janvier 1915 à Beuvraignes (Les Loges) dans la
Somme. Condamné par le CG de la 25è D.I.
Indication au JMO du 98è RI à la date du 6 janvier 1915 : "A 15h35 le soldat Auroy a été fusillé". Mention "mort pour la France" sur sa transcription de décès.
Cyr Camille Augustin Marie Roques est né à Saint-Cirq le 12 mars 1894. Ce cultivateur est sergent au 11 e R. I. Il participe aux grandes batailles dont Bertrix, la Marne. Il est blessé à une cuisse et le 20 décembre 1914 lors d’une offensive il est blessé à un doigt. On l’accuse de s’être mutilé, version qu’il réfute puis qu’il fait sienne dans une lettre du 4 janvier 1915 dans laquelle il demande "à rejoindre son corps et jure de rattraper son honneur perdu". Malgré des états de services irréprochables Cyr Roques est déféré le 6 janvier devant le conseil de guerre du quartier général de la 4è armée, condamné il est fusillé à l'âge de 21 ans le 7 janvier 1915 à Châlons-en-Champagne. avec trois autres soldats. Son nom figure sur le monument aux morts de Saint-Cirq.
Romain Beigbeder, né le 22 janvier 1888 à Louvy-Juzon (64), soldat au 83è R.I. condamné par le CG du QG de la 4è Armée et fusillé le 7 janvier 1915 à Châlons-En-Champagne.
Louis Pardimène, né le 15 juillet 1880 à Barzun (Pyrénées-Atlantiques), meunier, soldat du 83e régiment d’infanterie a été fusillé le 7 janvier 1915 sur le champs de tir de Châlons-sur-Marne
Etienne Miquel, né le 3 août 1890 à Ascou dans l'Arriège, cultivateur, marié, père de deux enfants, du 59è R.I. est une nouvelle victime des certificats polycopiés du Dr Buy, de sinistre mémoire :
Indication au JMO du 98è RI à la date du 6 janvier 1915 : "A 15h35 le soldat Auroy a été fusillé". Mention "mort pour la France" sur sa transcription de décès.
Cyr Camille Augustin Marie Roques est né à Saint-Cirq le 12 mars 1894. Ce cultivateur est sergent au 11 e R. I. Il participe aux grandes batailles dont Bertrix, la Marne. Il est blessé à une cuisse et le 20 décembre 1914 lors d’une offensive il est blessé à un doigt. On l’accuse de s’être mutilé, version qu’il réfute puis qu’il fait sienne dans une lettre du 4 janvier 1915 dans laquelle il demande "à rejoindre son corps et jure de rattraper son honneur perdu". Malgré des états de services irréprochables Cyr Roques est déféré le 6 janvier devant le conseil de guerre du quartier général de la 4è armée, condamné il est fusillé à l'âge de 21 ans le 7 janvier 1915 à Châlons-en-Champagne. avec trois autres soldats. Son nom figure sur le monument aux morts de Saint-Cirq.
Romain Beigbeder, né le 22 janvier 1888 à Louvy-Juzon (64), soldat au 83è R.I. condamné par le CG du QG de la 4è Armée et fusillé le 7 janvier 1915 à Châlons-En-Champagne.
Louis Pardimène, né le 15 juillet 1880 à Barzun (Pyrénées-Atlantiques), meunier, soldat du 83e régiment d’infanterie a été fusillé le 7 janvier 1915 sur le champs de tir de Châlons-sur-Marne
Etienne Miquel, né le 3 août 1890 à Ascou dans l'Arriège, cultivateur, marié, père de deux enfants, du 59è R.I. est une nouvelle victime des certificats polycopiés du Dr Buy, de sinistre mémoire :
Cet
homme, dont on peut constater le bon niveau d'instruction a beau se
défendre auprès de son commandant (le 24 décembre 1914) et celui-ci
transmettre un avis élogieux ("s’est toujours acquitté avec zèle et
conscience de sa tâche et s’est très brillamment tenu dans le rang au
cours des différents combats auxquels il a assisté.") accompagné d'un
livret de punitions vierges, il ne faut pas plus de la parole légère du
médecin pour qu'il soit fusillé le même 7 janvier à Châlons sur Marne.
Le même 7 janvier, Marcel Jules Pépin, civil, est condamné par le CG de la 15è D.I. et fusillé à Meuil-aux-Bois (55).
Comme le prouve sa fiche N-MPF, ce sapeur du 10ème régiment du génie né à Neuves-Maisons (Meurthe et Moselle) le 7 octobre 1890, à été victime d'une exécution sommaire : "Tué d'une balle par un officier auquel il refusait l'obéissance", le 9 janvier 1915 à Stenestrate (Belgique). Le nom de l'assassin n'est pas mentionné.
83 exécutions sommaires ont été débusquées par des anonymes, en sachant que la plupart n'ont laissé aucune trace. Le chiffre des soldats exécutés sans procès est aujourd'hui inconnu.Un exemple transmis par une personne qui l'avait elle-même entendu de membres de sa famille :
"Il s’agit du régiment de Saint-Malo, le 47ème je crois, en transfert entre deux points du front, des coups de fusils tirés par les soldats, sans qu'il y ait de blessés. Quand le train arrive le colonel qui commande le régiment fait aligner les hommes et contrôler les cartouchières, ceux à qui il manque des cartouches sont mis à l'écart puis le colonel ordonne de former un peloton face à eux et les exécute". Voilà un exemple qui n'a laissé aucune trace.
Jules Auguste Hofft, né le 10 novembre 1887 à Dunkerque (59), soldat au 41è R.I. Le 03 janvier 1915, suite à une altercation vive avec l'adjudant Dumas qui dégénère il est traduit le 11 janvier1915 devant le conseil de guerre spécial du 41è R.I. et condamné à mort pour "refus d'obéissance en présence de l'ennemi, outrages et menaces envers un supérieur à l'occasion du service". Fusillé le 11 janvier 1915 à Wanquetin (Pas-de-calais). Son nom apparaît sur le monument aux morts de Rosendaël (Dunkerque).
Joseph Dewilde, fusillé le 12 janvier 1915 à Poperinghe (Belgique) 22 ans père de deux enfants
Citation du message de Bretelles jaunes sur le Forum Pages 14-18 :On regrette de ne pas connaître les patronymes des deux autres acteurs du drame !
un caporal du 206e, mort dans une formation sanitaire à Nancy le 12 janvier 1915 suite à un "incident de discipline" il ne peut pas y en avoir trente six … il s’agit donc, c’est plus que probable, de l’homme dont Marc Delfaud, téléphoniste au 206e, évoque la tragique mésaventure dans ses carnets (pp. 117-118).
(Source : Marc DELFAUD, Carnets de guerre d’un hussard noir de la République, éditions italiques, 2009, 680 p.)
Samedi 9 janvier
… Peu après arrive un message informant la brigade qu’un officier d’artillerie vient de tuer à coups de revolver un fantassin du 206 à Champenoux.
Des détails nouveaux arrivent bientôt, concernant cet assassinat. Tout d’abord le rapport médical, qui vise évidemment à couvrir l’officier : un homme a été blessé d’un coup de revolver par un officier d’artillerie à la suite d’un incident. L’homme a une plaie à l’estomac et paraît gravement atteint. Il a été dirigé sur l’hôpital de Nancy. Puis c’est le rapport du capitaine Deschamps, à la compagnie duquel appartient la victime : "Un caporal et un homme, tous deux ivres, sortaient d’un cabaret de Champenoux. Un officier d’artillerie les rencontra, et les hommes étant rentrés en rébellion, l’officier tira sur l’un d’eux un coup de revolver. Le blessé a été évacué. L’autre a été incarcéré à la prison d’Essey "…
Dimanche 10 janvier
… J’ai appris ce matin de nouveaux détails sur le drame de Champenoux, lesquels pour n’être pas officiels ne s’en rapprochent que davantage de la réalité: un caporal et un homme de la 24e sortaient d’un cabaret de Champenoux fortement éméchés. Un lieutenant d’artillerie vint à passer et leur fit une observation qui fut assez mal reçue. Furieux, l’officier fit appréhender le soldat et le fit ligoter. Ce que voyant, le caporal prit son couteau pour trancher les liens. Ce que voyant, le lieutenant eut peur et abattit l’homme à coups de revolver. L’infortuné est mort maintenant. Il était père de famille. Quant au meurtrier, il ne sera pas inquiété : n’est-on pas en guerre ? Telles sont les méthodes en usage dans l’armée française.
Louis Mardochée Lévy, né le 8 août 1884 à Bayonne, célibataire, coiffeur, soldat au 49è R.I. a été condamné par le CG de la 36è division, et fusillé le 15 janvier 1915 à Glennes (Maizy) (02) pour abandon de poste. De nombreux témoins entendus après la guerre s'accordent à dire que Lévy n'avait pas toute sa tête et qu'il n'aurait jamais du partir à la guerre.
De plus le Rabbin qui l'assistait lors de son exécution écrivait le 18 mars 1927 : "j’ose jurer que si il n’avait pas été juif il n’aurait pas été poursuivi et traduit devant le conseil de guerre. Il y avait alors dans certains éléments du 18ème CA de l’antisémitisme, de la prévention contre les israélites et j’en ai été moi-même victime".
Le 18 janvier François Auguste Salmon, né le 7 novembre 1882 à Paris 19è, soldat au 271è R.I. 21è Cie, condamné par le CG de la 60è D.I., pour abandon de poste tombe à Suippes. Il faut dire qu'un soldat de son unité n'avait pas hésiter à déclarer (par stupidité ou par haine ?) : "Salmon s(arrangeait toujours pour ne rien faire et pour se défiler le plus possible." En janvier 1915, le caporal Maupas, futur fusillé, écrit à sa femme (sur l'exécution de Salmon d'après les recoupements d'Offenstadt) : "C'est lugubre cette cérémonie : 10 000 hommes, baïonnette au canon, ce roulement de tambour, ces 12 coups de feu, ah là là ! Puis ce défilé devant ce fusillé, que c'est effrayant."
Salmon sera pls tard compté au nombre des Morts pour la France.
Henri Louis Turgia, né le 29 janvier 1892 à Paris, soldat au 226è R.I. 22è Cie, CG de la 70è D.I. mort le 24 janvier 1915
Edouard Joseph André, né le 22 octobre 1891 à Manille (Philippines) du 24e RI, condamné par le CG de la 6è D.I. fusillé le 21 janvier 1915 à Châlons-Le-Vergeur (51)
Joannès Bérard né à St Etienne le 30 décembre 1893, professeur d'anglais, soldat au 140è R.I., condamné par le CG de la 27è D.I. pour "abandon de poste en présence de l'ennemi". Fusillé le 26 janvier 1915 à Lihons (80)
Carl Ficke (3 mai 1862, Brême) et Richard Grundler (17 mars 1870 Seehof) sont condamnés par le CG des troupes d'occupation du maroc occidental et fusillés le 28 janvier 1915 à Casablanca.
Jules Émile Chipaux, né le 9 décembre 1889 à Champagney (Haute-Saône). Marié en 1908 avec Marie Eugénie Chagnot, médaillé à l'issue d'une campagne au Maroc. Son régiment, le 42è R.I. arrive à St Pierre Aigle au repos le 24 janvier 1915. Pas de traces d'un jugement s: condamné à mort et exécuté pour "voies de fait envers un supérieur à l’occasion du service".
L‘abbé Doncœur, aumônier militaire, qui assista le condamné, la veille de l’exécution se souvient qu'il s'entretint avec lui : "Et ta mère ? je ne l’ai pas connue. Et ton père ? il n’a fait que me battre". Enfant de misère, il mourut en murmurant : "Je n’ai pas voulu déshonorer le régiment".
Fusillé le 29 janvier 1915 à Saint-Pierre Aigle, inhumé au cimetière militaire de Crouy.
Alexis Jean-Marie Oho, né le 14 avril 1893 à Rennes, cavalier au 14è R.H., mort le 30 janvier 1915 à Courtisols (51)
Jules Fiquet, né le 1er juillet 1889 à Ognes dans l'Aisne,soldat au 151è R.I., condamné par le CG de la 42è D.I. exécuté le 31/ janvier 1915 à Vienne-Le-Château (La Harazée) (51)
Février
Emile Terreiz, né le 23 octobre 1888 à Paris 11è. Soldat au 113e R.I. Condamné par le CG du 5è corps d'armée. Exécuté le 1er février 1915 à Futeau dans la Meuse. Mort pour la France.
Auguste Vergne, né le 23 mai 1895 à Paris 15è, soldat au 1 er B.C.P. , condamné par le CG de la 43à D.I. fusillé le 1er février à Sains-en-Gobelle, (62)
Julien Pierre décédé le 3 février 1915 à Dommartin - Mont Yvron né à Thio (Nouvelle-Calédonie) le 9 janvier 1893.
Soldat au 4e Régiment d'Infanterie Coloniale - Accusé de désertion à l'ennemi et d'espionnage - Condamné par contumace à la peine de Mort pour abandon de poste devant l'ennemi par jugement du 29 décembre 1914.
La curieuse grâce du soldat Barthélémy;
Le 5 février 1915, le sous-lieutenant Maupoint du 113è, avocat au civil, fabrique d'urgence une bombe artisanale. Il ne trouve qu'un condamné à mort en prévention de CG pour accepter (sous condition que s'il survit il sera gracié) de la déposer dans la tranchée allemande d'en face, qui s'apprête à faire sauter la leur.
Le JMO du 113è mentionne : "l'explosion fut suivie de nombreux cris de douleur poussés par les allemands.
Pierre Mestre 8 février 1915
Certains morts font plus de bruit que les autres, qu'il se trouve des descendants pour les réclamer ou que l'énormité de l'injustice dont ils ont été victimes frappe à jamais l'imagination.
Né à Saint-Christophe-sur-Dolaizon, il a fait son service militaire de
1903 à 1906, avant d’être rappelé en 1914. L’homme est alors marié et
père d’un enfant.
Il est blond, yeux bleus, un front ordinaire, un nez moyen comme sa bouche. Il est assez petit mesurant 1,59 m. avec un visage ovale. Il a un bon niveau d’instruction et est Maréchal-Ferrant de profession.
Un jour de février 1915, il est chargé d’aller installer des barbelés avec deux autres soldats. Sous le feu de l’ennemi, les trois hommes se sont réfugiés dans des bois, en se perdant de vue. Pierre Mestre a tenté de retrouver son régiment, en vain. Il a informé deux officiers croisés par hasard, de son égarement, sans plus de succès. Le 8 février 1915, il est condamné à mort à Wersserling, dans le Haut-Rhin. Difficile d’en connaître la raison officielle puisque les archives sont presque vides.
Il est blond, yeux bleus, un front ordinaire, un nez moyen comme sa bouche. Il est assez petit mesurant 1,59 m. avec un visage ovale. Il a un bon niveau d’instruction et est Maréchal-Ferrant de profession.
Un jour de février 1915, il est chargé d’aller installer des barbelés avec deux autres soldats. Sous le feu de l’ennemi, les trois hommes se sont réfugiés dans des bois, en se perdant de vue. Pierre Mestre a tenté de retrouver son régiment, en vain. Il a informé deux officiers croisés par hasard, de son égarement, sans plus de succès. Le 8 février 1915, il est condamné à mort à Wersserling, dans le Haut-Rhin. Difficile d’en connaître la raison officielle puisque les archives sont presque vides.
C'est
ce qui rend le cas Mestre emblématique, puisque toutes les pièces
relatives à sa condamnation ont mystérieusement disparu, hormis sa fiche
de Non Mort pour la France, sur laquelle deux écritures différentes
semblent avoir hésité sur les causes du décès :
L’annonce
de son décès n’a été faite que
le 21 mai 1916, quelques jours avant le refus de pension envoyé à sa
veuve. Il ne semble même pas avoir été jugé par
un tribunal, même s'il existe une pièce de signification de passage
devant le Conseil de Guerre de la 66e DI (stipulant qu'aucun témoin ne
serait interrogé et un avocat commis d'office) et un brouillon de lettre
de demande de grâce adressée au général qui ne détient pas ce pouvoir !
(source Prisme)
69
ans après les faits, le 20 décembre 1977, le petit-neveu de Mestre
rencontrait Pierre Eyraud, un des camarades du 28e BCP qui l’éclairait
sur les motifs qui avaient fait condamner ce dernier :
" En automne 1914, nous étions cantonnés à Bussang (Vosges) et faisions des tranchées. Un jour, des mulets qui acheminaient du fil de fer barbelé destiné à la 3ème compagnie en première ligne ne purent aller jusqu’au bout. Les hommes de la 5ème compagnie, dont moi, Boyer et Mestre, furent de corvée pour acheminer ce fil jusqu’à la 3ème occupée elle aussi à creuser des tranchées. Il était nuit, nous avions notre fusil, notre équipement et un rouleau de fil de fer chacun sur l’épaule. Nous devions passer une montagne au travers d’une forêt.
En marchant nous faisions craquer du bois. Tout à coup les boches nous ont entendus et ont tiré sur nous. Nous nous sommes éparpillés et mis à plat ventre. Nous y sommes restés un long moment sans bouger. Après nous nous sommes appelés à voix basse "on y va". Nous nous sommes relevés doucement et avons avancé. Nous n’avons plus eu de coups de fusil, les boches n’y étaient plus. Nous avons déposé nos rouleaux à la 3ème compagnie et sommes revenus à la 5ème. Nous y avons retrouvé Mestre qui nous a dit la chose suivante :
"Je ne vous ai pas entendu partir, je me suis retrouvé seul, j’étais perdu. Je suis revenu en arrière. En revenant à la compagnie, j’ai rencontré deux officiers, un capitaine et un lieutenant de la première compagnie qui m’ont demandé ce que je faisais là avec mon rouleau de fil de fer. Je leur ai dit ce qui s’était passé. Ils ont pris mon nom et ma compagnie et m’ont dit que je serai puni."
Nous l’avons rassuré "que peuvent-ils te faire pour ça ? Ici ils n’ont pas de prison!". Et l’affaire en est restée là pendant à peine 2 mois.
Une nuit, vers le matin, un officier et deux soldats baïonnette au canon sont venus chercher Mestre. "Nous ne l’avons jamais revu, nous n’avons jamais rien su à la compagnie " " Personne n’a compris. La guerre, c’est quelque chose que vous les jeunes, vous ne pouvez pas comprendre."
" En automne 1914, nous étions cantonnés à Bussang (Vosges) et faisions des tranchées. Un jour, des mulets qui acheminaient du fil de fer barbelé destiné à la 3ème compagnie en première ligne ne purent aller jusqu’au bout. Les hommes de la 5ème compagnie, dont moi, Boyer et Mestre, furent de corvée pour acheminer ce fil jusqu’à la 3ème occupée elle aussi à creuser des tranchées. Il était nuit, nous avions notre fusil, notre équipement et un rouleau de fil de fer chacun sur l’épaule. Nous devions passer une montagne au travers d’une forêt.
En marchant nous faisions craquer du bois. Tout à coup les boches nous ont entendus et ont tiré sur nous. Nous nous sommes éparpillés et mis à plat ventre. Nous y sommes restés un long moment sans bouger. Après nous nous sommes appelés à voix basse "on y va". Nous nous sommes relevés doucement et avons avancé. Nous n’avons plus eu de coups de fusil, les boches n’y étaient plus. Nous avons déposé nos rouleaux à la 3ème compagnie et sommes revenus à la 5ème. Nous y avons retrouvé Mestre qui nous a dit la chose suivante :
"Je ne vous ai pas entendu partir, je me suis retrouvé seul, j’étais perdu. Je suis revenu en arrière. En revenant à la compagnie, j’ai rencontré deux officiers, un capitaine et un lieutenant de la première compagnie qui m’ont demandé ce que je faisais là avec mon rouleau de fil de fer. Je leur ai dit ce qui s’était passé. Ils ont pris mon nom et ma compagnie et m’ont dit que je serai puni."
Nous l’avons rassuré "que peuvent-ils te faire pour ça ? Ici ils n’ont pas de prison!". Et l’affaire en est restée là pendant à peine 2 mois.
Une nuit, vers le matin, un officier et deux soldats baïonnette au canon sont venus chercher Mestre. "Nous ne l’avons jamais revu, nous n’avons jamais rien su à la compagnie " " Personne n’a compris. La guerre, c’est quelque chose que vous les jeunes, vous ne pouvez pas comprendre."
Le gendre de feu Pierre Mestre a laissé à sa fille un carnet dans lequel on peut lire :"le député radical de la Haute Loire, Jules Boyer [..] de la même compagnie que mon beau-père Pierre Mestre, ayant été consulté par l'épouse de Mestre pour témoigner en faveur d'une réhabilitation ou du procès en ce sens et sachant que son camarade Pierre Mestre n'avait rien accompli de mal et le sachant accusé à tort, n'a pas voulu entreprendre le geste en faveur de son camarade".
Ce couard craignait-il pour sa carrière ?
Compte-rendu
qu’avait fait du curé de l’époque, l’abbé César Ast (Moysse selon
d'autres sources), dans le registre paroissial de Husseren-Wesserling en
date du 8 Février 1915 :
"Vers minuit, le lieutenant qui a sa chambre chez nous, est venu frapper à ma porte pour m’annoncer la triste nouvelle que le matin à 7 heures aurait lieu une exécution capitale, me priant de vouloir assister le condamné. Il s’agissait d’un soldat condamné à mort et devant être fusillé le matin.
Sur ma remarque, qu’un soldat brancardier dormait dans la maison et qui pourrait faire cette triste besogne, il est allé lui parler de l’affaire. Il a accepté la tâche. Le matin, dès 6 heures, la maison était en éveil. Le soldat prêtre est allé trouver le condamné. Il l’a trouvé dans d’excellents sentiments religieux et l’a accompagné au lieu d’exécution sur la prairie derrière le cimetière, disant après lui avoir donné l’absolution, le chapelet avec lui dans le fourgon. Le condamné lui a exprimé ce sentiment : "il est triste de mourir si jeune, sans recevoir de Sainte Communion". Il a été heureux d’apprendre que c’était un prêtre qui l’accompagnait.
L’exécution a eu lieu à 7 heures précises. Le prêtre était présent. Le corps a été porté au cimetière où le tombeau avait été préparé en attendant. Il y repose en attendant la résurrection bienheureuse. Le soldat avait été condamné à mort par le Conseil de Guerre pour acte de félonie devant l’ennemi. Je ne connais pas d’autres détails. Il s’appelait Pierre Maistre du 28ème Bataillon de Chasseur à Pied, natif de la Haute Loire, marié ayant un enfant, la mère vivant encore et ayant une sœur religieuse.
Il semble qu’il est mort dans les meilleurs sentiments religieux.
Requiescat in pace".
Le lendemain : "Ce matin, d’assez bonne heure, on a encore fusillé un malheureux soldat, condamné par le Conseil de Guerre. Il a été enterré en notre cimetière. C’est le CINQUIEME qui y repose attendant la résurrection"
Né le 2 avril 1882 à Richemont, Victor Marchand est mort pour la France le 8 février 1915 à Maroeuil, dans le Pas-de-Calais…
En 1903, afin d'échapper à la conscription allemande, Victor Marchand s'engage. Affecté au 2e R.Z., il combat en Artois. Le 8 février 1915, il apprend que la circulaire du 4 janvier 1915 fait retirer du front les citoyens d'Alsace-Lorraine. Il refuse alors de monter en ligne. Conduit sans ménagement devant son chef de compagnie il est abattu par celui-ci.
"Vers minuit, le lieutenant qui a sa chambre chez nous, est venu frapper à ma porte pour m’annoncer la triste nouvelle que le matin à 7 heures aurait lieu une exécution capitale, me priant de vouloir assister le condamné. Il s’agissait d’un soldat condamné à mort et devant être fusillé le matin.
Sur ma remarque, qu’un soldat brancardier dormait dans la maison et qui pourrait faire cette triste besogne, il est allé lui parler de l’affaire. Il a accepté la tâche. Le matin, dès 6 heures, la maison était en éveil. Le soldat prêtre est allé trouver le condamné. Il l’a trouvé dans d’excellents sentiments religieux et l’a accompagné au lieu d’exécution sur la prairie derrière le cimetière, disant après lui avoir donné l’absolution, le chapelet avec lui dans le fourgon. Le condamné lui a exprimé ce sentiment : "il est triste de mourir si jeune, sans recevoir de Sainte Communion". Il a été heureux d’apprendre que c’était un prêtre qui l’accompagnait.
L’exécution a eu lieu à 7 heures précises. Le prêtre était présent. Le corps a été porté au cimetière où le tombeau avait été préparé en attendant. Il y repose en attendant la résurrection bienheureuse. Le soldat avait été condamné à mort par le Conseil de Guerre pour acte de félonie devant l’ennemi. Je ne connais pas d’autres détails. Il s’appelait Pierre Maistre du 28ème Bataillon de Chasseur à Pied, natif de la Haute Loire, marié ayant un enfant, la mère vivant encore et ayant une sœur religieuse.
Il semble qu’il est mort dans les meilleurs sentiments religieux.
Requiescat in pace".
Le lendemain : "Ce matin, d’assez bonne heure, on a encore fusillé un malheureux soldat, condamné par le Conseil de Guerre. Il a été enterré en notre cimetière. C’est le CINQUIEME qui y repose attendant la résurrection"
Né le 2 avril 1882 à Richemont, Victor Marchand est mort pour la France le 8 février 1915 à Maroeuil, dans le Pas-de-Calais…
En 1903, afin d'échapper à la conscription allemande, Victor Marchand s'engage. Affecté au 2e R.Z., il combat en Artois. Le 8 février 1915, il apprend que la circulaire du 4 janvier 1915 fait retirer du front les citoyens d'Alsace-Lorraine. Il refuse alors de monter en ligne. Conduit sans ménagement devant son chef de compagnie il est abattu par celui-ci.
Les six soldats exécutés le 10 février 1915 à Proven en Belgique.
Il s’agit du cas particulier du 3e BMILA. En octobre 1914, décision avait été prise de tirer des 2 bataillons d’Infanterie Légère stationnés dans le Sud-Tunisien (les 4e et 5e) un Bataillon de Marche composé des bataillonnaires les plus malléables. Dénommé 3e BMILA, cette unité forte de 1100 hommes, était arrivée en Flandres début novembre, au sein d’une 96e Brigade, mise à disposition, à la demande, des DI sur place. Engagé dès le 9 novembre dans de violents combats, il accusait le 11, 400 hommes hors de combat dont 8 officiers et 20 sous-officiers. En décembre la base arrière l’avait recomplété par l’envoi de 400 hommes de renfort dont 226 provenaient des Groupes Spéciaux, réservistes des Bat d’AF.
Le
16 décembre, le Commandant du Bataillon lui-même avait changé, échu au
Chef de Bataillon Fouchard, provenant d’un régiment de Zouaves. C’est
lui, peu connaisseur de cette troupe, qui s’est retrouvé fin décembre
avec la nécessité de sévir pour des manquements à la discipline à
répétition. A de faibles intervalles, il portait plainte auprès de sa
division d’appartenance du moment, la 31e, contre 9 chasseurs pour
abandon de poste. Après enquête le commissaire rapporteur de cette
division concluait au jugement de 6 d’entre eux pour ce motif, passible
de la peine de mort. Les rapports avaient été rendus autour du 23
janvier mais le jugement ne survenait que le 9 février. Ce délai de 15
jours était le résultat du départ du Bataillon de la 31e DI vers la 11e
DI. La 31e DI avait immédiatement demandé à ce que la 11e DI prenne en
charge le jugement des accusés du Bataillon. C’était chose faite le 2
février, tandis que le lendemain 3, les détenus étaient transférés à la
prison de la 11e DI. C’est donc, sur les conclusions d’un rapporteur
d’une autre division et sur des faits remontant en décembre que les
juges de la 11e DI avaient à trancher.
Ce tribunal, dans sa séance du 9 février va prononcer 7 condamnations à mort, 6 pour des chasseurs du 3e BMILA transférés et une pour un chasseur du 4e BCP, unité organique de la 11e DI, jugé avec eux. Sur proposition du CG, le chasseur Pierre Ferrari bénéficiera d'une demande de grâce adressée directement par le général Ferry au ministre de la guerre, rédigée le lendemain de l'exécution des 6 autres... Il semblerait que Gaonach ait été exécuté indépendamment des autres?
Edouard Jean Pazat, né le 3 mars 1891 à Angoulême, chasseur au 3è BMILA
Paul Fernand Boulet, né le 13 février 1893 à Paris 20è, chasseur au 3è BMILA
Julien Desphelippon, né le 17 juillet 189 à Moulins (03), 3è BMILA
"faute du temps matériel suffisant, certaines affaires louches n’ont jamais été tirées au clair ; l’éponge a été passée sur beaucoup trop de lâchetés, celle de Desphelippon en particulier."(extrait du rapport du Lt Andru -1er janvier 1915, concernant également le soldat Boulet)
Ernest Albert Ricouard, né le 16 mars 1891 à La Madeleine-les-Lille (59) chasseur au 4è BCP
Albert Louis Jean Victor Vidal, né à Marseille le 6 juin 1891 (dernière résidence connue Paris 9è). Soldat de 2è classe au 173è R.I. il est condamné à mort (Le nom de ALJV Vidal ne figure sur aucun monument aux morts.) le 11 février 1915 par le CG de la 30è D.I. pour "abandon de poste en présence de l'ennemi" et fusillé le lendemain à 6 heures à Monzéville (Meuse) en compagnie de Georges Louis Ravault.
Rapport sur l'affaire des soldats Ravault, Vidal, Bonnefous [Pierre Justin (18 mai 1889- 20 décembre 1916)] et Keroman du 173è R.I.
Le 30 octobre 1914 les soldats Ravault, Vidal et Bonnefous étaient évacués ensemble d'Esnes sur l'ambulance de Montzéville. Ils étaient blessés, le premier et le troisième à la main, le second avait la jambe fracturée. Cependant ils n'avaient pas pris part aux combats du 29 et 30 octobre. Tout portait à croire qu'ils s'étaient mutilés volontairement.
Bonnefous entra le premier dans la voie des aveux. Il raconta qu'après entente avec ses camarades, cédant à leur suggestion, il se rendit avec eux dans la maison Devaux, qu'il tira le premier sur Vidal, et qu'ensuite au soldat, de lui inconnu, mutila Ravault et le mutila personnellement. Devant ces aveux Revault confirma les dires de son camarade en rejetant le poids de la suggestion sur Vidal. Ce dernier essaya bien de persister encore dans ses mensonges mais il confirma ensuite les dires de Bonnefous.
Extraits de l'interrogatoire mené par le commissaire rapporteur :
Ravault Georges Louis, âgé de vingt-deux ans, né le 19 juin 1892 à Neuville de Poitou (Vienne), arrondissement de Poitiers, maquignon, célibataire, actiellement soldat au 173è R.I., jamais condamné.
- Dans quelles circonstances avez-vous été blessé ?
- Le 29 j'ai passé la journée à l'infirmerie d'Esnes. J'étais exempté de service. J'avais mal aux reins. Le lendemain, allant mieux, j'ai voulu rejoindre ma compagnie (...) Je suis parti à Esnes avec Vidal et Bonnefous à la pointe du jour. Je connaissais Vidal, je ne connaissais pas Bonnefous. A quelque distance d'Esnes, à 500m environ, j'ai quitté Vidal et Bonnefous pour monter vers la gauche où des blessés m'avaient dit se trouver la troisième compagnie. J'ai rencontré
une patrouille commandée par un sergent dont j'ignore ke régiment et le nom. Les allemands nous ont tiré dessus, j'ai été blessé à la main et j'ai eu la jambe éraflée. Je me suis couché, la patrouille est partie et je suis revenu à Esnesoù je suis arrivé vers midi. Je suis allé au poste de secours ; on m'a dit d'aller à Montzéville. J'ai appris que j'avais un camarade blessé dans la maison d'en face. J'y suis allé et j'ai trouvé Vidal et Bonnefous qui étaient blessés tous deux et étendus l'un qur un matelas, l'autre sur une table. Nous sommes allé conduire chez M. Portal, Vidal porté sur un brancard. (...)
Transcription par le greffier des "débats" du CG :
D à l"accusé Bonnefous : Ravaud (sic) a déclaré que lorsqu'il est arrivé à Esnes vers midi et qu'il s'est rendu dans la maison de Mme Barthélémy, il vous avait trouvé étendu sur une table. Est-ce exact?
R (après longue hésitation) : c'est exact.
D à l"accusé Bonnefous : quand vous avez déclaré tout à l'heure que lorsqu vous êtes allé chez Madame Barthélémy vous n'aviez vu ni Ravaud ni Vidal, vous n'avez donc pas dit la vérité ?
R : c'est tout à l'heure que j'ai menti.
D à l"accusé Bonnefous : Vous avez prétendu être parti d'Esnes seul. Ravault a déclaré être parti avec vous et Vidal. Expliqure-vous sur ce point .
R : Nous sommes partis tout trois? J'ai encore menti tout à l'heure.
(...)
D : Bonnefous a avoué la vérité. Qu'avez-vous à dire
R : Je confirme ce qu'a dit Bonnefous, mais j'affirme cependant que c'est Vidal qui m'a entraîné. En quittant Esnes, il nous a emmenés dans un endroit caché où il voulait que nous nous mutilions. Je m'y suis d'avord refusé et ce n'est que plus tard que j'y ai consenti? Quant à celui qui a tiré sur nous, il est du 173, mais n'est ni de ma compagnie, ni de mon bataillon. Je le connais mais je ne sais pas son nom. Vidal le connait mieux que moi? J'ai entendu dire qu'il était mort. C'est à l'hopital que je l'ai appris.
D : comment avez-vous pu savoir qu'il s'agissait de lui puisque vous ne savez pas son nom?
R : Je l'ai compris parce qu'il avait un cafard tatoué sous la gorge.
D : Vous n'avez rien à ajouter ?
R : je demande à retourner au feu où je ferai mon devoir.
Il pourrait s'agir d'Yves ou Pierre Keromen dont on ignore les dates et circonstances de décès, mais aucun Keromen n'apparaît dans les registres des morts du 173è.
L'ordre de parade d'exécution :
Le certificat d'exécution à mort
Ce tribunal, dans sa séance du 9 février va prononcer 7 condamnations à mort, 6 pour des chasseurs du 3e BMILA transférés et une pour un chasseur du 4e BCP, unité organique de la 11e DI, jugé avec eux. Sur proposition du CG, le chasseur Pierre Ferrari bénéficiera d'une demande de grâce adressée directement par le général Ferry au ministre de la guerre, rédigée le lendemain de l'exécution des 6 autres... Il semblerait que Gaonach ait été exécuté indépendamment des autres?
Edouard Jean Pazat, né le 3 mars 1891 à Angoulême, chasseur au 3è BMILA
Paul Fernand Boulet, né le 13 février 1893 à Paris 20è, chasseur au 3è BMILA
Henri-Joseph-François Camenen, né à Lorient, le 17 juin 1885 Chasseur de 2e classe 3e BMILA. Il épouse à
Lorient, le 2 octobre 1909, Louise, Henriette Strujeon. Le 3 août 1914, il est mobilisé au
1er bataillon de marche d’infanterie légère d’Afrique. Sa fiche MDH porte la mention "tué à
l’ennemi."
"faute du temps matériel suffisant, certaines affaires louches n’ont jamais été tirées au clair ; l’éponge a été passée sur beaucoup trop de lâchetés, celle de Desphelippon en particulier."(extrait du rapport du Lt Andru -1er janvier 1915, concernant également le soldat Boulet)
Ernest Albert Ricouard, né le 16 mars 1891 à La Madeleine-les-Lille (59) chasseur au 4è BCP
Yves Gaonach
naît le 18 Août 1888 à Voaguer en Chateauneuf du Faou.
Jusqu’à ses vingt ans, Yves travaillera dans la ferme familiale. Libéré
de ses deux ans de service militaire, en septembre 1911,il part
s’installer à Morvanet Nevez, en Pleyben, où il retrouve Jeanne Marie Le
Gall qu'il épouse en janvier 1912. Leur fils Louis Henri naît le 14
Février 1914.
Le 1er Décembre 1914, Yves Gaonach avec 450 autres soldats est affecté au 3è BMILA, en opération à Ypres
en Belgique et qui vient de subir de lourdes pertes humaines.
Le
16 Décembre 1914, la compagnie d’Yves entame son premier jour en
première ligne, à Hollebeke. Il est 20 heures et il pleut, Yves est
assis dans sa tranchée. Il allume une cigarette, le moyen le plus sûr
serait de lever la main avec la cigarette allumée, au-dessus de la
tranchée, un tir allemand ne tardera pas. Mais Yves ne veut pas être
blessé par les Allemands, alors tenant son Lebel de la main droite, il
pose sa main gauche, à plat sur la gueule du canon et appuie sur la
détente, la munition lui traverse la main. Il appelle à l’aide, mais
personne ne vient. Passant son arme sur son épaule et la main
ensanglantée, il décide de repartir vers l’arrière. Il atteint la maison
où il se trouvait le matin même et y prévient le sergent-major Bastien,
un des deux infirmiers présents le panse. Le lieutenant commandant la
4è section qui arrive sur les lieux l’envoie au poste de secours, pour y
recevoir des soins. Interrogé Yves lui déclare n’avoir pu prévenir
personne de son départ et avoir été blessé par un camarade imprudent qui
rechargeait son arme.
Le
17 Décembre à 10 heures, au poste de secours, le médecin-major de 2e
Classe Lannou, Chef de l’Ambulance N°13 examine la blessure à la main
d’Yves. Il constate une plaie à la main gauche par coup de feu, le trou
d’entrée est dans le pli digito palmaire, entre le médius et l’annulaire
et porte des traces de poudre. Le trou de sortie est à la face dorsale
de la première phalange du médius. Ce médecin croit entendre de Gaonach
que celui-ci s’est blessé lui-même en rechargeant son fusil.
Le
Lieutenant Mège, Commandant de la 2e Compagnie, reçoit le rapport
médical et le retransmet le 26 décembre au Commandant Fauchet, Chef de
Bataillon au 3e BMILA en affirmant que Gaonach a quitté la première
ligne, sans prévenir sa hiérarchie et qu’ensuite pour couvrir son
départ, il se serait tiré une balle dans la main. Il demande qu’Yves
Gaonach soit traduit devant le Conseil de Guerre.
Le 6 Janvier, Yves est au Poste de Secours, il vient d’apprendre qu’il
risque le Conseil de Guerre, il prend peur. A dix heures, il s’évade du
Poste et se dirige vers Poperinghe, bourgade à la frontière française.
Il s’y cache dans une ferme abandonnée par ses habitants. Dénoncé par
des voisins, la Gendarmerie de Stennvoorde viendra l’arrêter le 8
Janvier 1915 à 15 heures et le retrouvera caché dans une meule de foin.
Yves est alors incarcéré à la prison de Dunkerque, à son crime d’abandon
de poste par mutilation volontaire s’ajoute désormais celui de
désertion à l’étranger en temps de guerre.
Le CG de la 11è D.I. condamne à l’unanimité Yves Gaonach à la peine de mort et aux frais de justice envers l’Etat, (12,40 Francs). L’issue de ce procès était tellement prévue d’avance que le nom du défenseur de l’accusé n’est même pas mentionné dans les minutes du procès.
Immédiatement, le Général Ferry signe l’ordre d’exécution et en fixe la date au 10 février à 7 heures.
L’adjudant Croisier donne lecture du jugement et de l’ordre d’exécution. Yves reste calme et marche lentement devant les troupes rassemblées. Il est attaché au poteau, on lui bande les yeux et on lui accroche un mouchoir blanc, au niveau du cœur. Le peloton composé de douze hommes, quatre sergents, quatre caporaux et quatre soldats, fait feu à l’ordre de l’officier. Yves tombe mort, le coup de grâce n’est pas nécessaire.
Étonnamment, ce même 10 février 1915, le 3è BMILA est rattaché au 33è Corps d’Armée qui est commandé par un homme qui fera parler de lui, deux ans plus tard, en 1917, pour avoir maté dans le sang les mutineries dans l’armée française : le général Philippe Pétain.
Le CG de la 11è D.I. condamne à l’unanimité Yves Gaonach à la peine de mort et aux frais de justice envers l’Etat, (12,40 Francs). L’issue de ce procès était tellement prévue d’avance que le nom du défenseur de l’accusé n’est même pas mentionné dans les minutes du procès.
Immédiatement, le Général Ferry signe l’ordre d’exécution et en fixe la date au 10 février à 7 heures.
L’adjudant Croisier donne lecture du jugement et de l’ordre d’exécution. Yves reste calme et marche lentement devant les troupes rassemblées. Il est attaché au poteau, on lui bande les yeux et on lui accroche un mouchoir blanc, au niveau du cœur. Le peloton composé de douze hommes, quatre sergents, quatre caporaux et quatre soldats, fait feu à l’ordre de l’officier. Yves tombe mort, le coup de grâce n’est pas nécessaire.
Étonnamment, ce même 10 février 1915, le 3è BMILA est rattaché au 33è Corps d’Armée qui est commandé par un homme qui fera parler de lui, deux ans plus tard, en 1917, pour avoir maté dans le sang les mutineries dans l’armée française : le général Philippe Pétain.
Albert Louis Jean Victor Vidal, né à Marseille le 6 juin 1891 (dernière résidence connue Paris 9è). Soldat de 2è classe au 173è R.I. il est condamné à mort (Le nom de ALJV Vidal ne figure sur aucun monument aux morts.) le 11 février 1915 par le CG de la 30è D.I. pour "abandon de poste en présence de l'ennemi" et fusillé le lendemain à 6 heures à Monzéville (Meuse) en compagnie de Georges Louis Ravault.
Rapport sur l'affaire des soldats Ravault, Vidal, Bonnefous [Pierre Justin (18 mai 1889- 20 décembre 1916)] et Keroman du 173è R.I.
Le 30 octobre 1914 les soldats Ravault, Vidal et Bonnefous étaient évacués ensemble d'Esnes sur l'ambulance de Montzéville. Ils étaient blessés, le premier et le troisième à la main, le second avait la jambe fracturée. Cependant ils n'avaient pas pris part aux combats du 29 et 30 octobre. Tout portait à croire qu'ils s'étaient mutilés volontairement.
Bonnefous entra le premier dans la voie des aveux. Il raconta qu'après entente avec ses camarades, cédant à leur suggestion, il se rendit avec eux dans la maison Devaux, qu'il tira le premier sur Vidal, et qu'ensuite au soldat, de lui inconnu, mutila Ravault et le mutila personnellement. Devant ces aveux Revault confirma les dires de son camarade en rejetant le poids de la suggestion sur Vidal. Ce dernier essaya bien de persister encore dans ses mensonges mais il confirma ensuite les dires de Bonnefous.
Extraits de l'interrogatoire mené par le commissaire rapporteur :
Ravault Georges Louis, âgé de vingt-deux ans, né le 19 juin 1892 à Neuville de Poitou (Vienne), arrondissement de Poitiers, maquignon, célibataire, actiellement soldat au 173è R.I., jamais condamné.
- Dans quelles circonstances avez-vous été blessé ?
- Le 29 j'ai passé la journée à l'infirmerie d'Esnes. J'étais exempté de service. J'avais mal aux reins. Le lendemain, allant mieux, j'ai voulu rejoindre ma compagnie (...) Je suis parti à Esnes avec Vidal et Bonnefous à la pointe du jour. Je connaissais Vidal, je ne connaissais pas Bonnefous. A quelque distance d'Esnes, à 500m environ, j'ai quitté Vidal et Bonnefous pour monter vers la gauche où des blessés m'avaient dit se trouver la troisième compagnie. J'ai rencontré
une patrouille commandée par un sergent dont j'ignore ke régiment et le nom. Les allemands nous ont tiré dessus, j'ai été blessé à la main et j'ai eu la jambe éraflée. Je me suis couché, la patrouille est partie et je suis revenu à Esnesoù je suis arrivé vers midi. Je suis allé au poste de secours ; on m'a dit d'aller à Montzéville. J'ai appris que j'avais un camarade blessé dans la maison d'en face. J'y suis allé et j'ai trouvé Vidal et Bonnefous qui étaient blessés tous deux et étendus l'un qur un matelas, l'autre sur une table. Nous sommes allé conduire chez M. Portal, Vidal porté sur un brancard. (...)
Transcription par le greffier des "débats" du CG :
D à l"accusé Bonnefous : Ravaud (sic) a déclaré que lorsqu'il est arrivé à Esnes vers midi et qu'il s'est rendu dans la maison de Mme Barthélémy, il vous avait trouvé étendu sur une table. Est-ce exact?
R (après longue hésitation) : c'est exact.
D à l"accusé Bonnefous : quand vous avez déclaré tout à l'heure que lorsqu vous êtes allé chez Madame Barthélémy vous n'aviez vu ni Ravaud ni Vidal, vous n'avez donc pas dit la vérité ?
R : c'est tout à l'heure que j'ai menti.
D à l"accusé Bonnefous : Vous avez prétendu être parti d'Esnes seul. Ravault a déclaré être parti avec vous et Vidal. Expliqure-vous sur ce point .
R : Nous sommes partis tout trois? J'ai encore menti tout à l'heure.
(...)
D : Bonnefous a avoué la vérité. Qu'avez-vous à dire
R : Je confirme ce qu'a dit Bonnefous, mais j'affirme cependant que c'est Vidal qui m'a entraîné. En quittant Esnes, il nous a emmenés dans un endroit caché où il voulait que nous nous mutilions. Je m'y suis d'avord refusé et ce n'est que plus tard que j'y ai consenti? Quant à celui qui a tiré sur nous, il est du 173, mais n'est ni de ma compagnie, ni de mon bataillon. Je le connais mais je ne sais pas son nom. Vidal le connait mieux que moi? J'ai entendu dire qu'il était mort. C'est à l'hopital que je l'ai appris.
D : comment avez-vous pu savoir qu'il s'agissait de lui puisque vous ne savez pas son nom?
R : Je l'ai compris parce qu'il avait un cafard tatoué sous la gorge.
D : Vous n'avez rien à ajouter ?
R : je demande à retourner au feu où je ferai mon devoir.
Il pourrait s'agir d'Yves ou Pierre Keromen dont on ignore les dates et circonstances de décès, mais aucun Keromen n'apparaît dans les registres des morts du 173è.
L'ordre de parade d'exécution :
Le certificat d'exécution à mort
Lucien Bersot "Le pantalon"
Lucien Bersot soldat au 60e RI maréchal-ferrant à Besançon se trouve sur le front de l'Aisne pendant l'hiver 1914-1915 dans la région de Soissons. Son régiment à connu de lourdes pertes durant ses premiers engagements en 1914. L'état-major jugeant ce régiment peu actif confie le commandement au lieutenant-colonel Auroux, un ancien des troupes d'Afrique qui doit lui redonner du "mordant". Le soldat Bersot n'avait pas trouvé un pantalon à sa taille, et devait se contenter de porter celui contenu dans le paquetage, en toile blanche.
Comme le rappelle Jean-Yves Le Naour, "l’armée française ressemble à une troupe d’arlequins". L’uniforme bleu horizon, fabriqué à grande échelle, n’est toujours pas distribué aux soldats. Ils sont donc vêtus du pantalon rouge, de vêtements personnels, de pantalons de toile de lin blancs perçus lors de l’incorporation aussi appelés « salopettes » comme c’est le cas pour Lucien Bersot, ou bien de pantalons de velours envoyés par les familles dans leurs colis.
Sept de ses camarades tentent alors de convaincre le lieutenant André de changer le motif de la punition. L’injustice ressentie et exprimée par ses camarades est perçue comme une mutinerie par le colonel Auroux qui aimerait rajouter au poteau d’exécution, le soldat Élie Cottet-Dumoulin, porte-parole du groupe. Le colonel Auroux raconte dans un rapport daté du 16 octobre 1916 : "Dans une compagnie de réserve, le refus d’obéissance de Bersot soulève une mutinerie contre le commandant de la compagnie dont l’autorité cesse d’être reconnue au moment où il peut en avoir le plus grand besoin et qui fait appel à la mienne. J’envoie à son appel arrêter les meneurs avec ordre de les amener à mon poste de combat. Le général Nivelle commandant la brigade était également à son poste de combat. Par le téléphone qui nous relie, je lui rends compte, que sans quitter mon poste de combat ni mon commandement, je vais constituer séance tenante un conseil de guerre pour arrêter dans l’œuf cette indiscipline en présence de l’ennemi. Sa réponse est affirmative."
Le colonel, exprime clairement, lors de la préparation du procès au sergent greffier Jean Perruche de Velna, juge d’instruction dans le civil, qu’il souhaite se servir de cet incident pour faire un exemple au reste de la troupe : « Je vous ai fait appeler parce que je suis en face d’une rébellion de soldats : il faut que je fasse des exemples, en tuer un ou deux. »
Le 12 février 1915 accusé de refus d'obéissance il fut condamné à mort. Avant de mourir, ses derniers mots furent « Marie-Louise ! Marie-Louise ! », sa fille âgée de 5 ans.
La peine infligée ne correspondait pas au code de la justice militaire, car le délit constaté ne s'était pas produit face à l'ennemi, mais à l'arrière.
Deux camarades de Bersot, Elie Cottet-Dumoulin et André Mohn, tentèrent de plaider en sa faveur afin que la sentence soit adoucie, mais se virent également punis de 10 ans de travaux forcés en Afrique du Nord. Lucien Bersot fut fusillé le lendemain. Sa réhabilitation fut admise en 1922.
Le colonel Auroux fut mis en cause pour avoir agi en toute illégalité, étant à la fois l'accusateur et le président du Conseil de guerre, et faisant infliger une peine sans commune mesure avec la faute (violation de l'article 24 du Code de justice militaire constatée par la Cour d'appel de Besançon, le 10 avril 1922). À l'Assemblée nationale, le député Louis Antériou, ancien combattant et futur ministre des Pensions, interpella le Gouvernement pour demander sa condamnation, mais André Maginot, ministre de la Guerre, repoussa la discussion sous le prétexte d'une campagne antimilitariste. Auroux, protégé par Maginot et par la hiérarchie militaire, échappa à tout jugement jusqu'à l'arrivée au pouvoir du Cartel des gauches, où il fut mis à la retraite en 1924 sans pouvoir obtenir le grade de général qui lui serait revenu sans ces événements. Il avait, auparavant, été fait Commandeur de la Légion d'honneur.
JMO 61è RI - 14 février 1915 - P10 : "au petit jour, deux soldats de la
1ère Cie, les hommes nommés Cabantoux Pierre et Chambonnet Anselme,
essayent de gagner les lignes ennemies. Ils sont aperçus; ordre est
donné de tirer sur ces deux déserteurs. Chambonnet est tué. Cabantoux
réussit à s'enfuir et probablement à gagner les lignes ennemies. Une
plainte en conseil de guerre est établie contre lui."
Le
soldat Anselme Albert Chambonnet, né le 1er mai 1880 à Aizac marié,
électricien à Avignon, marié, sans enfant, inhumé à Béthincourt est
déclaré MPF. Quand à Cabantoux aucune trace …
Willy Sattler,
né le 31 juillet 1880 à Quelinburg (Allemagne), soldat du 19è R.I.
allemande, condamné par le CG de la 18è région de corps d'Armée.
Le
sous-officier Sattler ayant déjà séjourné en France en 1910 , comme en
fait foi son expulsion pour vagabondage en 1910, s’était introduit
hardiment en France à l’automne 1914, suivant depuis Paris les
événements avant de poursuivre son renseignement dans la ville devenue
capitale provisoire de la France : Bordeaux. Il y avait été arrêté alors
qu’il se trouvait au sein des locaux de l’état-major de l’Armée.
L’espionnage était patent. Arrêté en octobre 1914, il n’a été jugé que
le 7 janvier 1915. Il a ensuite attendu la décision du Conseil de
révision, possible puisque jugé par un Conseil de Guerre de l’arrière,
et puis la réponse à la demande de grâce. Son rejet le 15 janvier,
entraînait le 17 février son exécution à Mérignac (camp de
Luchey-Halde).Anselme Albert Chambonnet, né à Aizac (Ardèche) le 1er mai 1880.
Marié sans enfant, il exerce à Avignon (Vaucluse) la profession d'électricien. Soldat de 2ème classe à la 1ère compagnie du 61ème R.I., il combat sur le front de Verdun (secteur de Béthincourt) dès le mois d'octobre 1914. Mais le 14 février 1915, au petit jour (5 h), Anselme Chambonnet est abattu alors qu'il tente de déserter à l'ennemi (son complice, un certain Pierre Cabantoux, parvenant lui à s'enfuir). Son corps sans vie est retrouvé le soir-même (17 h), entre les deux lignes de front, par une patrouille partie à sa recherche. 34 ans.
Quoique exécuté sommairement, son nom figure sur la liste des morts à la guerre de 1914-1918 de la ville de Lyon, ainsi que sur le monument aux morts.
Albert
Brousse, né le 12 avril 1885 à Paris 19è, soldat au 348è R.I. condamné
par le CG de la 52è D.I., fusillé à Trinqueux (51) le 19 février.
Léon Gaston Chemineau, né à Angers le 15 décembre 1883. Lors de son recrutement en 1903 il fut soldat au
135ème régiment d’infanterie. Sa fiche de décès précise qu’il fut "passé par les armes"
le 19 février 1915 (Non MPF). Il fut inhumé au Château route
d’Ypres, Zonnebedre
Georges Charles Rognon, né le 2 décembre 1893 à Nancy, caporal au 23è R.I.C., condamné par un CG spécial, exécuté le 20 février à Dommartin-sous-Hans, mention "tué à l'ennemi" et "Mort pour la France"
Ildevert Daniel
Dombrecht, né le 27 mai 1893 à la Neuville le Roy,
manoeuvrier 2è classe au 21è RIC, 8è Cie
CG de la 3è DIC (22
février), jugé avec Alphonse Erosmans, né à Escandin le 12
décembre 1893, ouvrier mineur, (même unité), tous deux reconnus
coupables à l’unanimité d’abandon de poste en présence de
l’ennemi commis le 3 février 1915 à Massiges.
Fusillés le 23
février 1915 à Dommartin sous Hans
Mohamed Ben Abdelkrim El Hadj, date et lieu de naissance inconnus, condamné par le CG des troupes d'occupation du Maroc oriental, exécuté le 25 février 1915 à Meknès et idem Ben El Habib Abderrahman (ferme du haricot)
Bel Hadj Tahar, né en 1887 à Seraghia Kalia (Aït-Abbes) (Maroc), tirailleur au 1er R.M.T.A. 15ème Cie, condamné par le CG de la 37è D.I., exécuté le 26 février 1915 à Offémont (60)
Le 27 à Oujda (Maroc) est exécuté Albert Schuld, né le 05 avril 1882 à Dehern (Allemagne), légionnaire au régiment de marche du 1er étranger, condamné par le 1er conseil de guerre de l'Amalat d'Oujda
Raoul Charles Chenut naît le 12 septembre 1891 à Beaumont-du-Gâtinais en Seine-et-Marne. Au moment de l'appel sous les drapeaux, il demeure à Dijon, il y a épousé Léonie Senois en septembre 1912. Il est affecté au 24è Régiment d'Infanterie le 1er octobre 1914.
Le 15 janvier 1915, son régiment est au front, il a bénéficié d'une "sortie". Donc, pendant quelques trois heures, il était au village voisin et a bu.
Le 27 janvier 1915 à 13h30 il comparait devant le Conseil de Guerre de la 6è Division d'Infanterie sous l'accusation : "Coupable de voies faits envers son supérieur à l'occasion du service et outrage par paroles envers un supérieur à l'occasion du service". On invoque à son passif 4 jours de consigne, en janvier 1914, pour négligence dans son emploi de lampiste, et 4 autres jours de consigne, en mars 1914, pour ne pas avoir rendu-compte au sergent-major, d'une distribution de pétrole ayant eu lieu huit jours auparavant. Mais on rapelle hors de son passé militaire, une condamnation en 1909 pour abus de confiance, vol en février 1911, 3 mois et un jour de prison et vol de récoltes sur pied, 1 mois de prison.
Les
témoins à charge, au nombre de quatre, ont à peu près tous la même
histoire à raconter… : "le 15 janvier, au moment de la soupe, Chenut
Raoul Charles est rentré au gourbi en se vantant d'avoir bu du vin à
Bouvancourt.
Il était visiblement pris de boisson et cherchait querelle à tous. Il
parlait donc haut et fort et a critiqué les supérieurs en disant "on n'a
pas besoin d'eux. Son caporal est intervenu à trois reprises pour le
faire taire, et lors de sa troisième intervention, le soldat Chenut l'a
frappé de deux coups de poing et d'un coup de crosse de fusil à la
hanche." Trois de ces témoignages ne disent aucun bien de l'attitude
régulière de Raoul Charles : querelleur, bagarreur et insoumis.
Pour sa défense, Raoul Charles reconnaît avoir bu lors de sa sortie mais ne se souvient de rien quant aux faits qui lui sont reprochés.
Pour sa défense, Raoul Charles reconnaît avoir bu lors de sa sortie mais ne se souvient de rien quant aux faits qui lui sont reprochés.
Il est condamné à mort le 29 janvier et fusillé le 28 février 1915, à quinze heures, à la ferme Chalons-le-Vergeur près Bouvancourt (51)
Mars
François Laforest, né le 20 juillet 1883 à Saint-Rambert L'Isle-Barbe (Lyon), célibataire, chaudronnier à Lyon. Réfractaire durant son service militaire il est affecté au 359e R.I. et combat en Meurthe-et-Moselle ; "tire au flanc reconnu" il quitte sa compagnie le 27 février 1915. Arrêté il est déféré le 2 mars1915 devant un conseil de guerre spécial du 359e R.I. et condamné à mort pour "abandon de poste en présence de l'ennemi" ; transporté à l'hôpital de Thann après son exécution le 3 mars, il est inhumé sur place.
Louis Joseph Colin, né le 30 juin 1892 à Helfaut (62), soldat au 273è R.I., condamné par le CG de la 5è D.I.
La Voix du Nord, le 11 novembre 2017 (Morgane Goldenstein) :
Il aura fallu attendre 102 ans pour que l’honneur du jeune combattant wizernois, Louis Colin, lui soit rendu. "Il a été fusillé parce qu’il avait refusé de nettoyer un boyau dans une tranchée. Un jugement expéditif a eu lieu le 4 mars 1915. Le 5 mars, il était fusillé ", raconte Maryvonne Urbanik, coordinatrice du groupe de travail régional intitulé Mémoire des fusillés. "L’armée, peu fière de cet acte, l’a reconnu ‘tué à l’ennemi’ ... et n’a jamais reconnu le vrai motif de la fusillade", déplore la professeure retraitée d’histoire.
Maryvonne Urbanik continue en argumentant : "Sur les 700 fusillés recensés en France, seuls 27 se sont mutinés... Ils ont refusé d’obéir à un ordre, ils n’ont pas fui à l’étranger pour ne pas combattre", insiste la chercheuse avant de terminer : "Il y a désertion et désertion ! ".
Seuls 8 des 56 fusillés dans le Nord-Pas-de-Calais ont bénéficié d’une réhabilitation judiciaire. "Pour l’obtenir, il faut apporter des preuves nouvelles pour rouvrir le dossier", explique Maryvonne Urbanik. "Or, cent ans après, il n’y a plus de témoins." Louis Joseph Colin fait partie des 48 fusillés qui sont toujours reconnus coupables, aux yeux de la justice, des faits qui leur ont été reprochés à l’époque. La cérémonie du 11 novembre ne lui confère donc qu’une réhabilitation morale qui n’a aucune valeur juridique.Mention "Mort pour la France".
Lucien François Lequeux, né le 12 mars 1878 à Epernay (51) soldat du 306e RI, condamné par le CG de la 69è D.I. fusillé le 7 mars 1915 à Braine.
Georges Auguste Fauvel, né le 20 novembre 1892 à Domont (Val d'Oise), soldat au 37è R.I., condamné par le CG de la 11è D.I., mort le 10 mars 1915 à Brielen (Belgique) en compagnie de Paul Xavier Jacquot, né le 18 mai 1895 à Luxeuil-Les-Bains (70), soldat au 69 ème R.I.
Albin François Charles Danoy, est né le 25 octobre 1887, au numéro 13 de la rue Jean Jaurès à Rivesaltes et mort le 13 mars 1915 à Saint-Dié dans les Vosges. Il avait 28 ans.. Condamné à mort pour abandon de poste devant l’ennemi, Albin Danoy a été fusillé, à genoux, devant le peloton et son corps enterré de manière anonyme, sans le moindre signe distinctif sur sa tombe…
Pourtant, depuis la mobilisation, Albin Danoy avait été de tous les coups du 253è régiment d’infanterie de Perpignan qui n’avait pas été ménagé sur le front des Vosges. Le 19 février, le jour justement où Albin abandonne son poste, le martyrologue du 253è est particulièrement long. Lui, a craqué, il est parti et s’est fait arrêter par les gendarmes sur la route de Saint-Dié. Croyait-il lui-même que son alibi tiendrait longtemps devant l’enquête des gendarmes "il leur dit aller chez le dentiste". Le conseil de guerre de la 41è division le condamna a être passé par les armes, sans possibilité de recours, ni d'appel. Il fut fusillé
Elément curieux, il était par son père et sa mère, doublement cousin de Joffre. Il s'est dit que la véritable raison de son exécution aurait été son refus de cirer les bottes de son supérieur.
François Thomas, né le 27 mai 1885 à Coadout (22), soldat au 11è groupe spécial, condamné par le 1er conseil de guerre de l'Amalat d'Oujda, fusillé le
13 mars 1915 à Oujda (Maroc)
Louis Jean Marie Auguste Longuetaud, né le 12 septembre 1889 à Nantes, coiffeur à Paris. Après son service militaire au 137ème RI, il prend part aux combats avec son régiment : bataille des frontières, Marne et Somme. Passé à la 20ème compagnie du 249ème RI et envoyé au Chemin des Dames, il est puni pour avoir découché alors qu’il était reconnu malade. Il s’enfuit du poste de police et abat l’adjudant-chef à l’origine de son incarcération. Déféré le 14 mars 1915 devant le conseil de guerre spécial de la 35ème DI, il est condamné à mort pour "voies de fait avec préméditation envers un supérieur à l’occasion du service" , fusillé le jour même dans l’Aisne à Bourg-et-Comin. Comme il avait vécu à La Roche-sur-Yon, son nom figure sur le monument aux morts de la ville.
Charles Ange Botté, né le 9 juin 1895 à Marseille où il exerce la profession de menuisier. Condamné pour vol à l'âge de 16 ans, il est détenu au bagne pour enfants d'Aniane à partir du 9 novembre 1911, pour une durée qui devrait s'étendre jsuqu'à sa majorité. Mais le 10 janvier 1914, il s'engage dans le 7è BCP basé à Draguignan. Il déserte une première fois le 5 avril 1914, puis revient à l'activité au 7è BCA, 1ère Cie. Début février 1915, avec le chasseur Henri Auguste Camier, (né le 18 novembre 1893 à Paris 10è) il se soustrait aux violents combats livrés par sa Cie dans le massif du Vieil-Armand (Haut-Rhin).
Le 3 mars, un lieutenant remarque les allées et venues de deux jeunes gens en civil. Il charge un de ses brigadiers, agent en sureté, de vérifier son intuition. Celui-ci trouve la retraite des 2 jeunes gens dans le café-boulangerie "Le Gollet " à Cornimont, dans les Vosges. Rapidement, le brigadier devine qu’il se trouve en présence de déserteurs qu’il fait arrêter. Dans cet établissement, le soldat Botté se transformait occasionnellement en serveur dans la salle à manger muni d’un pantalon prêté par la patronne du café et d’un tablier. Interrogés, les 2 soldats reconnurent appartenir à la 1ère compagnie du 7e bataillon de chasseurs et être déserteurs depuis plus d’une quinzaine de jours. Le 7 mars, ces 2 soldats étaient condamnés à 20 ans de détention par le Conseil de guerre de la 66e DI pour "désertion en présence de l'ennemi". Juste après le jugement, le général Serret suspendait leurs peines pour la durée de la guerre. Dirigés sur Bischwiller (Haut-Rhin) où stationne leur nouvelle unité, Charles Botté et Henri Camier parviennent à prendre la fuite le soir-même, 11 mars, mais sont arrêtés à 23h30 au Col d'Oderen par les douaniers. Amenés au poste de gendarmerie de Kruth ils déclarent être partis chercher du linge à Ventron à environ 28 kms pour pouvoir se changer. Les 2 soldats sont transférés au 13e Bataillon de chasseurs alpins et présentés le 15 mars à 8h30 devant le CG du 13è BCP.
Quand le commissaire-rapporteur demanda à un des inculpés pourquoi il n’avait pas demandé d’autorisation d’absence, la réponse fut : parce qu’on me l’aurait refusé.
Condamnés, Botté et Camier sont fusillés le jour-même à 16h10 au camp Barrié (col de Silberloc). Les circonstances sont rapportées dans le rapport dressé par le chef de bataillon Verlet-Hanus :
" Le lieu choisi pour l'exécution est situé à 200m du ruisseau du Sihl, sur la route de Herrenfluh à la cote 908. Les deux condamnés furent extraits de la prison où ils étaient sous la surveillance de la garde de police. Amenés librement par la garde de police sur le lieu de l'exécution, ils gravirent seuls le quelques mètre de terrain au-dessus de la route et se placèrent chacun contre deux arbres qui leur furent indiqués. Les yeux des condamnés ayant été bandés, le commissaire du gouvernement donna lecture à haute voix d'un extrait du jugement de condamnation. Puis, le peloton d'exécution, composé régulièrement d'un officier, de caporaux et de chasseurs du 13è bataillon exécuta un feu. Il était 16h10. Les deux condamnés Botté et Camier tombèrent. Le chef du service médical du 13è bataillon constata le décès de chacun des condamnés. L'exécution eut lieu en présence d'une importante fraction des troupes disponibles du 7è bataillon de chasseurs."Botté, 20 ans, est inscrit sur le monument aux morts de Port-de-Bouc (où résidait sa mère au moment de sa mort). Saisie par la mère du soldat Botté dans la perspective d’un recours en révision la Cour d'appel de Grenoble a rejeté cette requête le 8 septembre 1921.
Louis Marie Bellamy,
né le 10 février 1894 à Guipry (Ile-et-Vilaine), cultivateur,
célibataire, soldat du 47è R.I. Déféré le 15 mars 1915 devant le conseil
de guerre ordinaire de la 20e
D.I. il est condamné à mort pour "Abandon de poste en présence de
l'ennemi par mutilation volontaire" fusillé le 16 mars 1915 à
Sainte-Catherine près d'Arras.
Jean Auguste Moret,
né le 3 octobre 1915 à Malleret-Boussac, caporal au 4è R.I. fusillé à
Neuvilly-en-Argonne, (55) au Lieu-dit " La Croix de Pierre " Forêt de
l'Argonne le 16 mars 1915 pour abandon de poste
Les caporaux de Souain
En mars 1915, à Souain, les soldats de la 21eme compagnie du 336e régiment d’infanterie, refusent de sortir des tranchées pour attaquer les Allemands installés au nord du village. Ces soldats sont épuisés par deux mois de combats et deux attaques infructueuses mais très meurtrières. Les général Reveilhac exige des sanctions. Le capitaine Equilbey dresse une liste de 6 caporaux et 18 hommes de troupe, ewpresséméent choisis au hasard parmi les plus jeunes !
Un conseil de guerre spécial acquitte deux caporaux et les hommes de troupe. Les caporaux Maupas, Girard, Lechat, Lefoulon sont condamnés à mort et exécutés le 17 mars 1915. Le recours en grâce arrive deux heures après l'exécution devant le régiment.
Théophile Albert Maupas
né à Montgardon Le 3 Juin 1874. Marié à Herpin Blanche le 30 Juillet 1907 à Heusse. En 1914 il était instituteur au Chefresne (50). 2 enfants.
Au motif d'avoir refusé de "bondir hors de la tranchée" il déclare devant le conseil : "Quiconque montait devait être fauché littéralement par les nôtres, soit par le feu des mitrailleurs allemands."
A sa femme Blanche le 19 janvier 1915 :
J’ai assisté hier à une bien triste cérémonie : un soldat du 271e a été fusillé pour abandon de poste et pour avoir fait des signaux aux Boches, paraît-il. C’est lugubre cette cérémonie : 1.000 hommes, baïonnette au canon, ce roulement de tambours, ces 12 coups de feux, ah là là, puis ce défilé devant le fusillé, que c’est effrayant !
9 mars 1915
Le régiment avait attaqué le moulin de SOUAN, s’en était emparé et s’y était établi. Les obus pleuvaient à quelques mètres. Les mitrailleuses ennemies en actions rendaient toute avance impossible. Le colonel prévient qu’il va faire tirer sur nos propres tranchées si l’on n’en sort pas. Devant cette menace, le commandant et les chefs, essayent d’entraîner leurs hommes en sortant eux-mêmes des tranchées. Mais ils ne sont pas suivis.
Le 14 mars 1915
nous voici en prison, 18 bonhommes et 6 caporaux Gosselin, Girard, Lechat, Lefoulon, Lorin et moi. N’est-ce pas qu’on ne peut pas me tuer puisque je n’ai rien fait de mal.
dernière lettre :
Ni dans la vie civile, ni dans la vie militaire, je n’ai dérogé à mon devoir ; je n’ai plus ni la force ni de vouloir, ni d’espérer quoi que se soit. Je ne vais pas continuer, ma pauvre Blanche, je te ferais de la peine, trop de peine, et je pleurerais encore. Allons courage mon petit soldat, je me serre bien dur contre toi, ne me quitte pas, et veille bien sur moi. Embrasse bien fort ma jeannette. Que je t’aime, mon Dieu, et que je pleure.
Louis Albert Lefoulon
né à Condé-sur-Vire (50) le 17 Août 1884. En 1914 il était
employé aux chemins de fer de l'ouest à Caen. Concubinage 1 enfant.
Louis Victor Girard
né à Blainville sur mer (50) le 2 Octobre 1886. Marié à
Denay Marguerite le 27 Septembre 1909 à Saint-Mihiel, Meuse. En 1914
résidait à paris 17° 1 enfant.
Lucien Auguste Lechat
En mars 1934, une Cour spéciale paritaire réhabilite les caporaux (après deux rejets en cour de cassation).
détail du monument érigé à Suippes en mémoire des 4 Caporaux
Dans le même secteur de Souain, le lendemain 18 mars 1915 Maurice Joubert. Il avait pris part au premier combat à la baïonnette puis,
profondément choqué, il a dit qu'il n'y retournerait plus. A partir de
ce moment ses camarades l'ont surnommé "Le loufoque".
Joseph Marie Rio, né à Bothulen, Brech, le 28 mai 1886 ; marié à Carnac, employé de chemin de fer à Lorient, incorporé au 72è R.I. (Picardie),condamné pour abandon de poste par un CG ordinaire à la majorité de 3 contre 2, fusillé le 19 mai 1915 à Somme-Yèvres (Marne)
Auguste Léon Louis Gonsard, né le 20 juin 1889 à Préaux (Orne), soldat du 104e régiment d'infanterie. Blessé, Gonsard s'était replié.
Sa version des faits :
La réponse du 104è à l'enquête du commissaire rapporteur, et les témoignages dont le CG ne tiendra aucun compte :
source Prisme 14-18
Condamné à mort pour abandon de poste par automutilation sur avis de l'assassin Buy qui l'examine à l'hôpital de Châlons et déclare sa blessure provoquée par une balle tirée à bout portant, Gonsard est donc fusillé le 19 mars 1915 à Bussy-le-Château (Marne).
Un rapport ultérieur montre qu'il avait été blessé - comme il l'avait affirmé - par une balle allemande.
Réhabilité en 1925.
Georges d'Hoore, né le 14 janvier 1892 à Tourcoing (59), soldat au 360è R.I. 20è Cie condamné par le CG de la70è D.I. 12 février 1915 pour abandon de poste, pourvoi rejeté le 18 mars, et donc exécuté le lendemain à Camblain-L'Abbé(62)
Emile Uhl, né à Colmar le 8 juin 1885, chasseur au 1er BMILA, fusillé le 19 mars 1915 à Bavincourt (62). Pas de trace de jugement.
Oscar Jules Deloge, né le 1er février 1884 à Solesmes (54), soldat au 1er R.I. Pour une fois, l'implacable flair du Dr Buy avait identifié un individu coupable des faits d'automutilation qui lui étaient reprochés.
Ses aveux et son repentir n’empêcheront pas le CG du QG de la 4è armée de l'envoyer au poteau. Deloge est fusillé le 20 mars 1915 à Sarry (51) en même temps que
Clotaire Louis Joseph Robidet, né le 14 décembre 1888 à Gavrelle (Pas-de-Calais), marié, un enfant, mineur et cultivateur, soldat au 127è R.I., déféré le 18/03/1915 au Conseil de guerre ordinaire du QG de la 4e Armée et condamné à mort pour "abandon de poste en présence de l'ennemi", tout comme
Antoine Placide Joseph Delplanque, né à Magnicourt-en-Comte (62) le 24 janvier 1884, marié père de deux enfants, cantonnier à Magnicourt, soldat au 160è R.I.
Déféré devant le conseil de guerre du QG de la 4e Armée le 18 mars 1915 et condamné à mort pour "abandon de poste en présence de l'ennemi". Fusillé le 20 mars 1915 à Sarry dans la Marne.
Louis Joseph Oudoux, né le 8 avril 1885 à Rumaucourt, résidant à Arras, marié, deux enfants, soldat au 233è R.I. Selon sa fiche individuelle de condamnation 1,69m, yeux bleus, cheveux blonds, nez fort, teint coloré, visage ovale...
Si le motif de la condamnation à mort est "abandon de poste en présence de l'ennemi, les faits sont un peu plus complexes :
Dans la nuit du 17 au 18 février 1915, vers 22 h 30, alors qu’il
se trouve à Reims, en première ligne, route de Châlons, à proximité de
la ferme de la Jouissance (eh oui!), Louis Oudoux , se disant indisposé, demande à
quitter la tranchée pour gagner un abri de réserve, plus sûr, à une
trentaine de mètres en arrière. "J’ai l’autorisation de mon chef de section",
affirme t-il au caporal, qui lui demande où il va. En fait de repos,
Oudoux se rend à la Verrerie du Pont Huon où il compte retrouver une
femme qu’il a rencontrée plusieurs mois plus tôt alors qu’il faisait la
cuisine des officiers de sa compagnie chez Mme Nicolas, route de
Cormontreuil. Il s’agit d’une ménagère, Marie-Louise Rabeuf, 39 ans, à qui il a demandé si elle
voulait bien lui faire son linge et qui en dépit de ses dénégations ultérieures est
vite devenue sa maîtresse. Alors qu’une bougie à la main il se dirige dans la Verrerie, Oudoux croise un soldat de connaissance, Bergner, astreint de nuit pour garder le campement de la Compagnie. Un peu gêné, Oudoux lui explique qu’il a quitté la tranchée pour retrouver sa maîtresse et lui propose une somme de 10F "pour ne rien dire". Finalement, il prétend qu’il s’en retourne jusqu’à la tranchée. Durant le même temps, route de Châlons, l’absence d’Oudoux a été dûment constatée. Ce soir là, en effet, le capitaine Cordonnier avait prescrit une alerte pour s’assurer de la présence de chacun à son poste dans la tranchée.
Les affaires d’Oudoux ne s’arrangent pas quand le lendemain matin on retrouve à la Verrerie, sur un tas de sable, la cantine fracturée du lieutenant Vitard qui avait été déposée dans la voiture de la Compagnie. Faute d’argent, le voleur avait fait main basse sur du linge, une pile électrique à trois cylindres, une boîte de thon à 0,60F, un paquet de caporal papier bleu et trois ou quatre paquets de cigarillos Ninas. Curieusement, dans la nuit le soldat Bergner avait bien entr’aperçu dans l’obscurité un homme et une femme transportant une malle, des individus qu’il n’avait pourtant pas pu identifier avec précision.
L’enquête et une perquisition menée le lendemain au domicile de la maîtresse d’Oudoux allait permettre de confondre le voleur. Oudoux s’était bien rendu chez Marie Louise Rabeuf au cours de la nuit précédente. Il avait même mangé une boîte de thon et fumé un Ninas. Il avait aussi offert une pile électrique à Alice, onze ans, la fille de son amie. De plus, on retrouva aussi des habits, une boîte de pastille Valda, un tube de permanganate de potasseium et un rasoir volé quelques semaines plus tôt dans le havresac d’ un soldat du régiment.
Accusé du délit de vols au préjudice de deux militaires et d’abandon de poste en présence de l’ennemi, Louis Oudoux passe en conseil de guerre le 19 mars. Au terme de plusieurs enquêtes,les faits de vol sont authentifiés. L’abandon de poste est aussi établi, qui vient s’ajouter à un fâcheux précédent. Le 10 janvier 1915 Oudoux avait déjà manqué un exercice d’alerte alors qu’il avait passé la nuit dans un abri et s’était rendu à Champfleury faisant fi de l’annonce imminente du départ de son campement.
A son crédit, Oudoux dispose de quelques témoignages . L’un reconnaît qu' "il a fait part d’une réelle bravoure" , un autre "qu‘il faisait assez convenablement son service" et qu’il donnait satisfaction jusqu’au moment des vols. Un troisième témoigne qu’en Belgique, durant la retraite, Oudoux a apporté un peu d’alcool de menthe à un sergent malade.
Pour sa défense, Oudoux explique qu’il ne sait pas pourquoi il a commis ces vols. "Depuis quelques temps j’ai la tête absolument perdue." Sa maîtresse (sans doute complice du vol de la cantine) ne défend guère son amant : "Il avait assez mauvaise tête quand on ne savait pas le prendre." De plus, à la question d’un enquêteur: Oudoux avait-il de l’argent, elle répondit: "Je ne l’avais jamais vu recevoir de mandat mais il dépensait pas mal"
Plusieurs pages sont manquantes dans les actes de son procès...
Le 20 mars au matin, devant son régiment, Oudoux est passé par les armes.
Son nom est néanmoins gravé sur le monument aux morts de Rumaucourt.
Eugène François Russier, né le 10 février 1884 à Paris 18è, soldat au 319è, condamné par le CG de la 53è D.I., fusillé à Bray-sur-Somme, (80) le 23 mars 1915.
Le carré des fusillés d'Husseren-Wesserling
Tombe des fusillés de Wesserling
Joannès Poizat de Saint-Genus-Laval (Rhône) soldat 359e R.I. Fernand Elie Humbert de Lyon, et l’adjudant Laurent Antoine Casanova de Paris sont fusillés conjointement le 23 mars 1915 au lieu-dit Heidenfeld, en lisière d’un bois proche de Husseren-Wesserling, puis enterrés dans la commune du Haut-Rhin.
D’après un témoin, le mardi 23 mars 1915, temps printanier, nombreux avions. On amène trois soldats qui seront fusillés au Heydenfeld-Wesserling (en lisière de forêt, près de deux érables, sur la route actuelle, à environ 120 m après l’intersection avec le sentier du Heydenfeld "Pfedel"). L’aumônier les accompagne, ils sont calmes et résignés, leur dernier cri est "VIVE LA FRANCE". Au cimetière, il reste effectivement deux croix : le corps de l'adjudant Casanova a été remis par la suite à la famille.
Outre Pierre Mestre, les 7 autres suppliciés inhumés à Husseren-Wesserling sont les soldats Lamidé, Martineau, Morelli, Petit et Prieur.
Ahmed Ben Mohammed Beshanoune, né en 1890 à Guerboussa, (Algérie) tirailleur au Régiment de marche du 2ème tirailleurs algériens, condamné par le 1er conseil de guerre de l'Amalat d'Oujda et exécuté le 24 mars 1915 à Oudja
Joachim Marius Dussans, caporal du 88è R.I., né le 15 mai 1883 ) Manciet (Gers) , condamné par décision du Conseil de guerre de la 34e D.I. - "Marius Dussans n'a commis aucune faute grave. Ni traître, ni déserteur, mais simplement malade, usé psychologiquement, un soir, il n'a pas rejoint ses camarades de tranchée. Jugé de manière expéditive, fusillé sur-le-champ, sans possibilité de recours" (source : La Dépêche) fusillé à Perthes lès Hurlus (Somme-Suippe) le 27 mars 1915 pour abandon de poste. NMPLF. Depuis le 11 novembre 2015 le caporal Dussans a son nom gravé sur le monument aux morts de Manciet, un siècle après son exécution par l'armée française.
Henri Ernest Udron, né dans la commune de Le Neufour (Meuse) le 19 mars 1889, soldat de 2 classe (marsouin) au 2è Régiment d’Infanterie Coloniale. Déféré devant le conseil de guerre de la 40e D.I. et condamné à mort pour "abandon de poste en présence de l'ennemi",il fut passé par les armes le 27 mars 1915 à Vienne la Ville. Inhumé sur cette même commune, plus précisément au bord de la route de la Croix Gentin, à 200 métres du carrefour de la route de Vienne la Ville à Sainte Ménéhoulde. Son acte de décès indique qu’il aurait été fusillé à dix sept heures.
Louis Daniel Tourniaire, né à Forcalquier (Alpes de Haute-Provence) le 13 mars 1882, cultivateur à Marseille. Réserviste de la classe 1902, il prend par avec le 22è R.I. ç la bataille de la Marne, à l'offensive de Champagne. Dans la nuit dy 23 au 24 février 1915, Louis Tourniaire quitte sa Cie peu avant qu'elle ne participa à une attaque sur le fortin de Beauséjour (Minaucourt, Marne). Bien que rentré à son corps dès le lendemain, il est déféré le 26 mars devant le CG de la 2è DIC et condamné à mort par 3 trois voix contre deux pour "abandon de poste en présence de l'ennemi. Il est fusillé au mont Yvron, à Dommartin-sous-Hans (Marne), le 28 mars 1915 à 7 heures du matin.
Louis Marie Colin, né le 2 avril 1884 à Paris 5è, soldat au 72è R.I., CG de la 3è G.I., mort ) Somme-Yèvre le 28 mars 1915
Antonio Migliacco, né le 25 octobre 1891 à Philippeville (Algérie), zouave au 4è R.M.Z, CG du groupement de Nieuport, exécuté le 28 mars 1915 à Coxyde-Bains (Belgique)
Marie René Bolle (Bollé?), né le 16 septembre 1893 à Saint-Dié-Des-Vosges (88), soldat au 109è R.I., condamné par le CG de la 13è D.I., lorsqu'on trouve son nom dans les listes est donné comme fusillé en 1915, sans aucune précision.
Or un curieux du forum 14-18 dit avoir trouvé dans le JMO du 109è R.I. :
bolle marie rene et leboulet tous deux de la 3ème cie fusillés le 29.03.1915 à Hersain (62) probable nouvelle erreur de transcription puisqu'on trouve
bolle marie rene et leboulet tous deux de la 3ème cie fusillés le 29.03.1915 à Hersain (62) probable nouvelle erreur de transcription puisqu'on trouve
Nicolas Leboutet, né le 28/02/1894 à Limoges (87), soldat au 109è R.I., condamné par le CG de la 13è D.I., fusillé le 29 mars 1915 à Hersin (62)
Texte de l'hommage rendu à Leboutet par lp87, place Jourdan en 2015 :
Le 29 Mars 1915 au petit matin, Nicolas Leboutet, matricule n° 577 du 109è Régiment d’Infanterie de Langres, était assassiné à Hersin dans le Pas-de Calais, par les balles françaises d’un pelotond’exécution aux ordres d’une hiérarchie militaire stupide, brutale et incompétente.
Porté disparu de sa compagnie, dans les tranchées de Notre-Dame de Lorette, il est traduit devant le conseil de guerre de sa division.
Je vous lis les quelques lignes du témoignage de René Goublay, soldat de 2è classe à la 3è Compagnie :
- Dites moi ce qui s’est passé le 10 mars au matin !
- Leboutet est monté aux tranchées avec les cuisiniers de la 1ère section. Il portait un sac de farine.
- A quel moment a-t-il quitté la corvée ?
- A environ 300 mètres de la 1ère ligne où se trouvait la compagnie.
- Vous-a-t il prévenu qu’il restait en arrière ?
- Il marchait devant moi, mais comme il venait de perdre ses chaussures, je lui ai dit de passer en arrière et de me suivre comme il pourrait.
Malgré les témoignages et en raison de l’obstination sadique de ses supérieurs, Nicolas Leboutet est condamné à mort le 27 mars 1915 pour "abandon de poste en présence de l’ennemi"et fusillé le 29 au matin. Il avait 21 ans.
Raoul Gaston Pierson,
né le 7 décembre 1886 à Paris 16è, pâtissier à Vitry-sur-Seine (94
)versé au 71è R.I. Déserteur durant son service militaire, en 1908, il
participe aux premiers combats, de Charleroi à l'Artois. Condamné à mort
par le CG de la 19è D.I. Fusillé à Duisans (62) le 30 mars 1915.
Albert Louis Jules Valet, né le 23 décembre 1893 à Degré dans la Sarthe, célibataire, garçon épicier à Montreuil (93), soldat au 115è R.I. déféré le 30 mars 1915 devant le conseil de guerre ordinaire de la 8e D.I. et condamné à mort pour abandon de poste en présence de l'ennemi (mutilation volontaire). Fusillé à Courmelois (Val-de-Vesle) le 31 mars 1915. NMPF
Mohammed Ben Lakhdar Addef, né en 1888 à Souk Ahras (Algérie), tirailleur au 1er RMTZ Condamné le 30 mars 1915 pour abandon de poste en présence de l'ennemi par le tribunal de la 37e D.I., exécuté à Offémont (60) le 31 mars 1915
Albert Louis Jules Valet, né le 23 décembre 1893 à Degré dans la Sarthe, célibataire, garçon épicier à Montreuil (93), soldat au 115è R.I. déféré le 30 mars 1915 devant le conseil de guerre ordinaire de la 8e D.I. et condamné à mort pour abandon de poste en présence de l'ennemi (mutilation volontaire). Fusillé à Courmelois (Val-de-Vesle) le 31 mars 1915. NMPF
Mohammed Ben Lakhdar Addef, né en 1888 à Souk Ahras (Algérie), tirailleur au 1er RMTZ Condamné le 30 mars 1915 pour abandon de poste en présence de l'ennemi par le tribunal de la 37e D.I., exécuté à Offémont (60) le 31 mars 1915
Avril
Louis Martin Luigi, né
le 27 mars 1890 à Bastia, soldat au 173è R.I., condamné par le CG de la
12è D.I., fusillé le 2 avril 1915 à Rupt-En-Woêvre (55)
L'affaire de Saint-Amand sur Fion
Samedi 3 avril 1915 St Amand - Ce matin quatre soldats fusillés devant le 170è et 174è réunis : 12 balles seulement.
On voit qu'en effet, en mars 1915, les officiers, pris d'une sorte de panique ou d'un coup de folie meurtrière, répriment sans discernement tout manquement réel ou imaginaire à la discipline. Les quatre condamnés exécutés à Saint-Amand, proviennent de quatre régiments différents. Ils sont tous condamnés par le CG du QG de la IVè armée le 1er avril 1915 au motif d' "abandon de poste en présence de l'ennemi" (à des dates différentes, 24 février, 2, 7 et 13 mars)
Le soldat Lucien Mervelay, né le 31 juillet 1886 à Pair-et-Grandrupt (Vosges) célibataire et fileur à Saint-Dié (88).
Rappelé sous les drapeaux au 170è R.I., avec qui il combat dans l'Oise et l'Aisne, il passe à la 4è Cie du 174è R.I. le 10 février 1915. Le 12 mars il participe à l'offensive de la 48è D.I. au Mesnil-Lès-Hurlus (Marne).
Lelendemain soir, alors que sa Cie lutte pour maintenir sa position, il est blessé par balle à l'index de la main droite et évacué sur l'hôpital de Châlons en Champagne où il tombe entre les griffes du médecin-chef Buy.
Déclaration de Lucien Mervelay lors de l'instruction :
"Le 13 mars 1915, vers 6h30 du soir, j'étais dans un boyau en avant du Mesnil-Lès-Hurlus quand le sergent Boulais, de ma section, m'a demandé d'aller chercher des fusées au poste de commandement. A peine avais-je fait une centaine de mètres... que je me suis senti blessé à la main droite, le fût de mon fusil en a été brisé et le magasin contenant les cartouches s'est trouvé vide. J'ai transporté mon fusil ainsi brisé jusqu'au poste de secours. Aussitôt blessé, j'ai crié "Sergent Boulais, je viens d'être blessé !"
Mais quelques jours plus tard il donne devant le Conseil une autre version des faits :
"Contrairement à ce que j'ai dit à l'instruction, je dois dire que je me suis blessé moi même volontairement. Pour me blesser, j'ai pris mon fusil par terre en long, je me suis mis à côté et j'ai fait partir le coup, après avoir préalablement mis ma main blessée devant le canon. Mais comme ilfaisait nuit, je ne peux préciser la distance. Je voulais cacher ma faute en niant, mais je mesuis décidé à avouer l'acte que j'ai commis volontairement. Quand j'ai fait cela, j'étais comme fou. Je ne savais plus ce que je faisais. Je me repens de ma faute et demande à retourner auprès de mes camarades pour me racheter."
Les états de service médiocres du soldat Mervelay (son lieutenant le décrit comme un mauvais soldat et il cumule une vingtaine de punitions pour ivresse et indiscipline) ainsi que le certificat accablant du Dr Buy, inclinent les juges à le condamner à mort pour "abandon de poste en présence de l'ennemi" à la majorité de 3 voix contre deux.
Charles Auguste Joseph Cailleretz, né le 11 mai 1890 à Berles (62) soldat au 8è R.I. Hospitalisé du 10 mars 1915 au 1er avril 1915, ce qui laisse supposer qu'on l'a soigné d'une blessure afin de l'exécuter guéri.
Louis Joseph Grard, né le 26 mars à Provin 1893 soldat au 127è R.I.
Marcel Théobald Pollet, né le 6 juin 1891 à Lille, soldat au 72è R.I. Blessé à la main droite. Il fut inhumé à St-Amand-sur-Fion, puis à Courdemanges en 1920 avant d'être transféré comme les autres à la nécropole de Vitry le François
Chacun de ces soldats a dans la rubrique "Indice", la mention "spécial"
Le conseil de Guerre avait vu les choses en grand, réunissant en zone arrière 6000 hommes (170è, 174è, 95è brigade) contre les 500 à 1000 habituellement convoqués au spectacle le 3 avril 1915.
Témoignage du soldat Devaux, 6è Cie du 170è R.I. (tel que publié en octobre 1955 dans L'Hirondelle) :
Pâques 1915, secteur des Eparges : ce samedi de Pâques, le réveil avait été sonné avant l'aube. Les caporaux avaient eu du mal à nous faire sortir de notre magnifique litière de foin dans lequel nous nous étions enfoncés avec délices...
Péniblement la Cie s'est rassemblée. Les caporaux lancent dans la nuit leur rapport : "Manque personne". Et le bataillon bientôt quitte la route pour prendre son emplacement sur le terrain. Les Cies en ligne sur deux rangs, les troupes -le 170è et le 174è- sont disposées sur les trois côtés d'un carré, et dans le jour qui commence à se lever, nous distinguons le quatrième côté ; il est formé par une espèce de remblai ; à peine ébauché sur la gauche de la Cie, il s'élève rapidement formant, une butte -une butte de tir.
Déjà les uns ont vu ce que les autres devinent à peine -quatre poteaux. Il semble que l'air soit soudain devenu plus froid à la vue de ces poteaux et de leur tragique signification. La Cie est au repos ; mais le trouble saisit chacun -déjà la mort rôde. Chacun voudrait fuir l'épouvantable scène à laquelle nous avons été conviés.
Les pelotons prennent silencieusement leurs emplacements ; ils sont là, l'arme au pied ; un adjudant les commande avec quatre sergents.
Mais déjà le capitaine a commandé : "Garde à vous ! Présentez armes !" Et là-bas, sur la droite, dans l'intervalle libre entre deux compagnies, s'avance un camion. Dans l'atmosphère sinistre tout à coup éclatent les notes joyeuses, du général qui passe.
L'air est devenu glacial.
Le camion s'est arrêté devant la 6è Cie, et, un à un, quatre hommes -quatre soldats français- descendent, immédiatement encadrés par deux gendarmes ; l'aumônier est avec eux.
Rigides, dans un "présentez armes" plus impressionnant qu'à une revue, nous les voyons tranquillement, sans défaillance, s'avancer vers leur dernier matin.
Le silence s'est fait, profond, épouvantable, et grandiose.
Ils sont là, chacun agenouillé devant son poteau et, quelles que soient leurs fautes, nous leur rendons les honneurs. A cette minute, ce sont des hommes.
Tandis qu'on leur bande les yeux, les pelotons, sur un signe, se sont rapprochés.
L'adjudant a levé bien haut son sabre ; les fusils visent sur la cible à dix pas.
Nous sommes figés, glacés, transis ; nos cœurs bondissent furieusement ; la respiration manque.
Un cri, un hurlement : "feu". Le sabre s'est abaissé, la salve est partie ; le silence, trois bruits assourdis par l'herbe, puis le dernier homme s'écroule face contre terre.
Les sergents, détournant la tête, ponctuent le dernier adieu d'un coup sec de leur revolver.
C'est fini !
L'air est plus chaud, le fusil moins pesant et la musique entonne une marche entraînante.
Témoignage de Maurice Bedel, médecin aide-major au 2è bataillon du 170è R.I. (Journal de guerre 1914-1918) :
5 avril 1915, Saint-AmandNous avons assisté ce matin à l'exécution de quatre militaires condamnés à mort.La cérémonie s'est déroulée à 1500 mètres du village dans une prairie encaissée, formant un carré dont trois côtés étaient occupés par les troupes de la brigade, et le quatrième et le quatrième, au pied d'un talus, par les quatre poteaus d'exécution.L'exécution doit avoir lieu à sept heures. A 6 heures nous sommes déjà sur le terrain. Six mille hommes sont présents avec drapeau, clairons, tambours, voir même chevaux de mitrailleuses. Le ciel est bas. Il tombe une petite pluie fine et froide, qui nous fait grelotter. Devant chaque poteau, à dix mètre,, viennent se ranger, sur deux rangs chacun, les quatre pelotons d'exécutions constitués par les plus anciens sergents, caporaux et soldats de la brigade. L'ensemble est commandé par un vieil adjudant. Il me semble qu'il y a une douzaine d'hommes par peloton.L'attente dure une heure et demie. Les condamnés amenés en automobiles sont en panne à quelques kilomètres. Enfin, ils arrivent.Quel soulagement pour nous qui souffrons pour eux !.. Le camion, recouvert d'une bâche, sur laquelle sont peintes au milieu d'ovales blancs des croix de Lorraine noires, se hisse péniblement sur l'herbe grasse jusqu'au niveau de la ligne des poteaux. L'arrière est ouvert et laisse voir en compagnie de huit gendarmes quatre pauvres types en capote, le képi sur la tête. Ils n'ont pas des têtes de révoltés. Oh non ! ce sont quatre mutilés volontaires. L'un d'eux, le plus jeune, porte un pansement à la main gauche. Il sautent l'un après l'autre, mêlés aux gendarmes du haut de l'automobile. Ils sont solides sur leurs jambes., dociles comme des moutons, silencieux. L'aumônier arrive jusqu'à eux, il ne peut articuler une parole. Ils dirigent, chacun entre deux gendarmes jusqu'au dernier des quatre poteaux. A ce moment les tambours et les clairons battent et sonnent. Le commandement du "Présentez armes !" retentit dans les bataillons et une haie de baïonnettes se hérisse soudain devant le lieu de supplice.Les quatre hommes toujours dociles et disciplinés jusqu'au bout cherchent la place qui leur revient. L'un d'eux demande à un gendarme, en désignant un des poteaux : "C'est ma place, celle-là?"On les adosse au piquet lentement. On les agenouille. Le plus jeune ne pose qu'un genou à terre. Avant de recevoir le bandeau sur les yeux, il peut apercevoir un groupe de soldats qui la pelle et la pioche à la main, attend dans un coin pour l'ensevelissement.Un soldat se détache de chaque peloton, noue posément un large bandeau blanc sur les yeux de chaque homme. Il se retire en même temps que les gendarmes sur la pointe des pieds... Tout cela dure très longtemps, est fait avec une horrible lenteur, un calme inouï.Pendant que les gendarmes se retirent, les deux rangs de pelotons se rapprochent jusqu'à quatre ou cinq mètres des condamnés."Feu !"Une énorme détonation. Quatre corps qui s'effondrent. Un cri. Un seul. Et puis quatre coups de revolver dit "coup de grâce".Au pied de chaque poteau un corps replié, les genoux ployés, la face contre terre. Et c'est devant cette pauvre loque bleue éclaboussée de sang que défile la brigade entière, l'arme sur l'épaule, baïonnette au canon.J'oublie de noter que pendant la cérémonie de l'agenouillement et du bandeau, un gros homme à trois galons a lu les sentences des condamnations, que personne n'écoutait.Quand les 6000 hommes ont défilés, je pense au motif de leur exécution : mutilation volontaire. J'évoque l'enfer des Hurlus... Est-ce bien de sang froid qu'ils se sont mutilés? Ils "étaient fous". Mais quelle leçon pour les spectateurs terrifiés de ce matin ? C'est l'excuse de cette lente et si nistre cérémonie à laquelle on a eu tort de faire assister notre drapeau.
Comme ils sont pâles ces colonels, ces officiers, ces soldats qui regagnent Saint-Amand sous la pluie fine. Et comme ils sont silencieux!.."
3 avril 1915, Sivry sur Ante (Marne) : les 3 du 14è R.I.
JMO du 14e RI (26N586/3) en date du 3 Avril 1915:
Le régiment se repose et reforme à Sivry sur Ante.
A 17 heures a lieu une parade militaire pour l'exécution de 3 soldats du régiment condamnés à mort par le conseil de guerre pour "abandon de poste en présence de l'ennemi".
Théodore Bonnemaison, né le 3 octobre 1889 à Agen (47). Combattant sans souci jusqu'en mars 1915. Alors que sa compagnie attaque un ouvrage allemand devant Perthes-les-Hurlus, il disparaît. Arrêté 10 jours plus tard il est déféré devant le conseil de guerre de la 34e D.I. le 1er mars 1915 et condamné à mort pour "abandon de poste en présence de l'ennemi". NMPF mais inscrit au monument aux morts d'Agen.
Bertrand Théophile Manent, né le 13 octobre 1889 à Esbareich (Hautes-Pyrénées). Reconnu Mort pour la France (figure sur plusieurs monuments)
Charles François Roy, né le 30 décembre 1889 à Agen
Condamné solidairement pour "abandon de poste en présence de l'ennemi, à la peine de mort" par le CG de la 34è D.I. ce même 1er avril 1915, le soldat Henri Borde, né le 11 novembre 1888, voit sa peine commuée en vingt années d'emprisonnement le 2 mai 1915. Le 27 mai 1915, il passe au 59è régiment d'infanterie et "est tué à l'ennemi le 21 septembre 1915".
Théodore Mastwyk, né le 20 octobre 1875 à Harmelen (Pays-Bas), soldat au 2è R.M. du 2è étranger, exécuté le 04 avril 1915 à Le Blanc-Sablon(02), sans trace de jugement.
Lucien Jean Levieu, né le 16 octobre 1892 à Saint avril 1915 devant le conseil de guerre ordinaire de la 39e D.I. est condamné à mort pour "refus d'obéissance pour marcher contre l'ennemi -et outrages par paroles et gestes de menaces envers des supérieurs", fusillé le 5 avril 1915 à Avocourt (Meuse), au lieu-dit "rendez-vous de chasse" à 6 km au nord d'Aubréville, forêt de Hesse.
Avec lui, du même régiment François Marie Penvern, né le 14 mai 1892 à Relecq-Kerhuon (29), célibataire, engagé volontaire (marine) chauffeur en 1912.
Rapport sur l'affaire des soldats Penvern, Levieux et Ruellan du 3è RI:
Dans l'après-midi du 22 mars, à Brabant, quatre soldats du 3è d'infanterie -anciens disciplinaires,- ivres, faisaient du tapage au poste de police. Les musiciens préposés à leur garde (en raison de la relève...) n'en pouvaient venir à bout. Le capitaine d'artillerie Ravaille envoya pour les maîtriser 1 brigadier et 4 canonniers. Il vint lui-même voir ce qui se passait. Alors se déroula la lamentable scène d'indiscipline (...) Les quatre hommes -Levieux, Penvern, Ruelland et Ragot-eurent envers le capitaine et le brigadier une attitude de la dernière insolence. Levieux, se campant devant le capitaine Ravaille lui jeta à la figure : "vous avez servi dans la coloniale vous ?.. Eh, allez vous coucher!" accompagnant cette injure d'un geste méprisant du bras. Penvern, lui, débraillé, comme fou de colère, se précipitait les poings menaçants sur le brigadier Roux. Il se calma d'ailleurs instantanément devant le revolver que ce gradé braqua sur lui. Quant à Ruelland il refusa de se défaire d'un bidon de vin que le brigadier dut lui enlever.
Quelques instants après les quatre hommes se roulaient à terre dans un coin du poste se livrant à diverses excentricités. Le brigadier et ses hommes entendirent alors sans pouvoir préciser qui les prononçait, des phrases comme : "Ils y passeront tous.. nous nous vengerons aux tranchées". Enfin Penvern, montrant une photographie d'un parent à lui, brigadier d'artillerie dit en montrant le brigadier Roux : "Ce n'est pas une vache comme toi. S'il était aussi méchant, je lui ferais la peau!"
Les lieutenant (...) décidèrent qu'ils monteraient aux tranchées le jour-même... sous la conduite du sergent Borel et du caporal Morelli. Devant leurs officiers les inculpés furent assez calmes et déclarèrent qu'ils partiraient.(...) Mais quand ils furent seuls avec le sergent et le caporal, le scandale reprit de plus belle. Le départ de Brabant fut l'occasion du plus triste spectacle d'indiscipline collective. Jetant leurs sacs à terre, se roulant sur le sol, marchant quand ils voulaient et s'arrêtant de même, les quatre anciens disciplinaires n'en faisaient qu'à leur guise. (...) En sortant du village, l'un d'eux, Ragot, rencontrant couché en bord du chemin un autre et disciplinaire ivre lui-aussi, se jeta sur lui, se roula à ses côtés et saisissant son fusil fit partir le coup. Les gradés ne croient pas d'ailleurs qu'il l'ait fait avec intention.
Le trajet se continua ainsi dans la diretion de Parois. De temps à autre ils se couchaient et les gradés devaient user de persuasion pour les décider à reprendre la marche. Ils ne cachaient pas d'ailleurs leur intention de ne pas aller plus loin que Parois. Effectivement arrivés au poste de police de Parois ils s'arrêtèrent et déclarèrent catégoriquement qu'ils n'iraient pas plus loin. Les deux gradés i nsistèrent en vain et décidèrent à les faire coucher à Parois.
Le lendemain matin ils ne firent pas trop de difficultés pour repartir et se contentèrent -comme compensation- d'un café que leur offrit le sergent Borel pour les décider.
Le lendemain des faits, Ragot fut blessé dans les tranchées et sa cause fut disjointe de celle de ses camarades."
Le rapporteur suggéra d'abandonner contre Ruellan l'accusation d'outrage, ce qui lui sauva la vie.
Jean Favier, né le 1er octobre 1888 à Verrières-en Forez, chasseur au 12è BCA Condamné pour "abandon de poste en présence de l’ennemi par suite de mutilation volontaire".
Son nom figure sur le monument aux morts de Verrières-en-Forez.
Adolphe Jean Joseph Pouzols, né le 7 décembre 1884 à Jonzieux, chasseur au 51è BCA depuis le 8 août 1914. Condamné à la peine de mort le 3 avril 1915 par le Conseil de Guerre permanent de la 47è Division d'Infanterie pour "abandon de poste en présence de l’ennemi " Son nom figure sur le monument aux morts de cette commune. (NMPF)Exécuté le 5 avril 1915 au champs de tir de la garnison de Gérardmer.
Louis Habay, né le 7 février 1878 à Paris 20è, soldat au 291è R.I., condamné par le CG de la 52è DI, exécuté à Trinqueux le 6 avril 1915.
Joseph Séraphin Boudaillez, né le 24 juillet 1881à Auby dans le Nord, soldat au 100è R.I. (en garnison à Tulle au moment de la mobilisation), suspecté de mutilation volontaire, déféré devant le conseil de guerre ordinaire de la 24e D.I. et condamné à mort pour "abandon de poste en présence de l'ennemi", fusille le 6 avril 1915 à Villers-en-Haye (54)
Auguste Auroy, né le 5 juillet 1884 à Nocq dans l'Allier, brancardier au 98è R.I.
Fusillé à Beuvraignes dans la Somme le 6 avril 1915.
Indication au JMO du 98è RI : "A 15h35 le soldat Auroy a été fusillé". Mention "mort pour la France" sur sa transcription de décès.
Adolphe Jean Marie Lhuilliez , né le 21 août 1892à Croix-de-Vie, inscrit au quartier maritime de Saint-Gilles, incorporé au 1er bataillon d’infanterie légère d’Afrique en 1912, chasseur de 2è classe, est condamné à la peine de mort le 2 février 1915 par le 1er conseil de guerre d’Oujda, au Maroc. Jugé coupable de voies defait et d’outrages envers des supérieurs, il n’obtient pas la grâce présidentielle, il est fusillé à Oujda le 6 avril 1915. Son nom figure pourtant sur le monument aux morts de Saint-Gilles, pas sur la plaque commémorative de l’église.
Eugène Morelli du 7e BCP, originaire de Nice (12 mars 1884) condamné le 6 avril 1915 pour abandon de poste en présence de l’ennemi par le CG de la 66è Division d’infanterie est exécuté le 7 avril, toujours à Wesserling.
Karl Vogelgesang (dit Gotthold), soldat du 36è R.I. allemand Magdebour, régiment responsable de "28 massacres de civils et de 83 incendies entre le 16 et le 18 août 1914" en Belgique. Blessé et fait prisonnier lors de la bataille de l'Ourcq, en septembre 1914 il est Hospitalisé à Évreux, où il subit une fouille. Un carnet, qui relate toutes les exactions et pillages auxquels s'est adonné son régiment, est retrouvé sur lui. L'affaire est jugée par le Conseil de guerre de Rennes, qui est compétent pour l'ensemble des actes commis sur un territoire allié. Il est condamné à mort le 26 février 1915 par le Conseil de Guerre de la 10e Région militaire pour "pillage en bande avec armes et homicide sur des militaires blessés hors d'état de se défendre"; son recours en grâce ayant été rejeté rejeté le 05 avril 1915 il est exécuté à Rennes le 9 avril.
Ben Mohammed Ahmed, né en 1893 à Casbah ben Ahmed (Maroc), spahis au 3è rgt de marche des saphis marocains et Ben Djouda Ali Ben Lakhder, né en 1886 à Medjez El Bab (Tunisie), tirailleur au 4è RTI sont exécutés le 14 avril à Meknès (Maroc)
Victor Edouard Etienne Brisard, né le 1er août 1889 à Montsûrs (53), soldat au 124 ème R.I., condamné par le CG de la 8è D.I.
Dans la nuit du 10 au 11 mars, la 6e compagnie du 124e régiment d'infanterie monte en première ligne, au niveau de Perte-lès-Hurlus, dans la Marne. Sans Victor Brisard, qui souffre de coliques. Le soldat, alors âgé de 26 ans, rejoint ensuite son cantonnement, mais il est poursuivi pour abandon de poste. Il est jugé le 16 avril 1915 par le conseil de guerre, à Baconnes. Et fusillé le lendemain à 5 h du matin.
De son dossier militaire, on apprend que Victor Brisard était carrier (ouvrier de carrières) et célibataire, sans descendance et orphelin. Et qu'il a été condamné à deux reprises dans le civil : à 14 jours de prisons pour coups et blessures par le tribunal de Château-Gontier et à deux mois de prison pour vol par le tribunal de Domfront. Les minutes du procès où soldats du rang comme de la hiérarchie sont interrogés décrivent Brisard est estimé comme étant "très mauvais soldat, indiscipliné et malpropre. . Le rapport médico-légal précise qu'il a été tué par douze balles "dont neuf ont atteint la région du coeur". Pour Frédéric Mathieu, le type d'infraction pour lequel il a été condamné "était, dans la très grande majorité des cas, sanctionné de quelques jours d'arrêt... on peut penser que les responsables militaires ont voulu faire un exemple. Les faits sont implacables et c'est bien une simple colique, qu'elle soit réelle ou simulée, qui a envoyé le soldat Brisard au peloton d'exécution".
René Léon Julien Dubois, né le 21 mai 1893 à Les Moutiers-Hubert (Calvados), soldat au 161è R.I., condamné à mort le 16 avril1915 par le conseil de guerre de la 40e D.I. pour "abandon de poste en présence de l'ennemi" et fusillé le 17 (âge 21 ans) àVienne-la-Ville (Marne)
Félix François Léon Bertouille, né le 12 mai 1889 à Alençon dans l'Orne, célibataire, cordonnier au Mans, marsouin du 6è R.I.C.
Véritable récidiviste de la désertion (deux fois durant son service militaire) il est pourtant amnistié par la loi du 5 août 1914 et rejoint le 6e R.I.C. le 13. Il participe à toutes les batailles jusqu'au 9 février 1915 où il est condamné une première fois pour abandon de poste, puis récidive le 26 du même mois. Déféré devant le conseil de guerre ordinaire de la 9e D.I. le 16 avril 1915 il est condamné à mort pour "abandon de poste en présence de l'ennemi. Il est fusillé le 17 avril à Lachalade dans la Meuse à l'age de 25 ans.
JMO du 6è RIC: "Le soldat Félix Bertouille est condamné à la peine de mort pour abandon de poste en présence de l’ennemi, et passé par les armes".
Jean-Pierre Bousquet, né le 21 janvier 1890, célibataire, clerc de notaire à Pau soldat du 88è R.I. arrivé au corps le 04août 1914. Il disparaît des lignes où se trouvait sa compagnie alors qu'elle allait attaquer devant Perthes-lès-Hurlus. Jugé et condamné le 25 mars 1915 pour "abandon de poste en présence de l'ennemi" par le CG de la 34è D.I., demande de grâce rejetée le 20 avril 1915, fusillé le 18 avril 1915 à Chardogne dans la Meuse.
Claude Frédéric Laprée, né le 8 janvier 1888 à Lyon, célibataire vivant en concubinage avec une femme mariée en juin 1915, employé à Lyon, soldat au 75è R.I.
Frédéric Charignon (mort en 1941) rédige Souvenirs de guerre d’un poilu de Châteaudouble après la guerre, d’après ses carnets, à la demande de ses enfants. On ignore pourquoi ils s’interrompent à la date du 27 avril 1915, peu après le traumatisme de l’exécution. Dès septembre 1914, il signale qu’on lit aux troupes des ordres sévères sur la discipline et les mutilations volontaires. Les soldats n’hésitent pas à suivre le lieutenant Million-Rousseau parce qu’il donne l’exemple et qu’il a dit avant la sortie : "S’il en est parmi vous qui ont peur, ils n’ont qu’à rester." Avec le lieutenant Dumas, "tout se passe en famille". Mais le lieutenant Cantero qui le remplace, venant de la cavalerie, "est loin de valoir l’ancien". Il s’en prend au soldat Laprée.
"Vaillant soldat présent pour toutes patrouilles ; étant exempté de corvée par le capitaine (en permission) il refusa de prendre une garde. 8 jours plus tard le lieutenant lui ayant intimé le même ordre trois fois lui met un motif" - déféré le 18 avril 1915 devant un conseil de guerre spécial du 75e R.I. il est condamné à mort pour "refus d'obéissance devant l'ennemi". La section, "où Laprée était estimé", rédige une protestation en sa faveur. L’escouade de Charignon et de Laprée refuse de participer au peloton d’exécution . Au poteau, Laprée "critique les officiers, mais on l’arrête". Le régiment doit défiler devant le corps. Charignon et ses camarades reviennent "bien ruinés de cette triste cérémonie. Le soir, à la nuit tombante, quand le lieutenant vient faire l’appel, il fut obligé de faire demi-tour : de tous les cantonnements, on criait : Voilà l’assassin, enlevez-le". Lieu d'exécution : Bayonvilliers dans la Somme.
Raoul Gustave Paulin Motte, né à Marseille le 13 septembre 1875, marié, père d'une fillette de 11 ans, banquier à Carcassonne. Engagé volontaire dès 1894, sergent dès l'année suivante, il remplit parfaitement son rôle de chef de section au cours de ses nombreuses périodes militaires quoique ses chef soulignent son "manque d'esprit militaire", quoi que cela puisse signifier. Le 18 avril 1912, par exemple, il est sanctionné pour avoir quitté sans autorisation sa compagnie à l'issue d'une manœuvre et rejoint son cantonnement en automobile en doublant la colonne.
Rappelé à la mobilisation en tant que lieutenant de réserve, il arrive en renfort au 224è R.I. le 30 janvier 1915 et envoyé combattre sur le front de Somme (Maricourt). Dépressif, et s'estimant lésé, il disparaît de sa compagnie le 1rt février 1915 dans le secteur du bois de Parguy (Somme). Après un long périple durant lequel il réussit à gagner Lyon, Carcassonne, puis Hendaye, il renonce à passer en Espagne et revient à Marseille où il se rend !
Déféré le 17 avril devant le CG de la 53è D.I. il est condamné à mort (4 voix contre une) pour "abandon de poste en présence de l'ennemi" et fusillé à Bray-sur-Somme le 18 avril 1915 à 15 heures.
Les syndicalistes de Flirey
le 63è au repos dans le village de Maney en avril 1915
Le général Delétoile ordonne que les 250 soldats passent en cour martiale pour délit de lâcheté afin d'être exécutés. Après l'intervention de plusieurs officiers cinq hommes furent désignés pour comparaitre. un sera acquité, deux seront tirés au sort dont le soldat Fontanaud natif de Montbron en Charente et le caporal Antoine Morange. Les soldats Baudy et Presbost, maçons tous les deux dans le civil, furent désignés à cause de leur appartenance syndicale à la CGT. Le général Joffre en visite dans le secteur aurait refusé sa clémence aux condamnés en exigeant une sévérité à l'égard de la compagnie. Les quatre hommes sont fusillés à la lisière du bois de Manoville (54).
François Fontanaud
Ce
soldat est d'origine charentaise, son corps est inhumé à Montbron où
il est né en 1883. Le lieutenant Meisnieux demande à un soldat de
choisir un chifftr, celui-ci dit 17. Fontanaud est en 17è position dans
son carnet. L'autre tiré au sort, le soldat Coulon est sauvé in
extremis, car considéré comme simple d'esprit et irresponsable.
Antoine Morange etait né à Champagnac le 20 septembre 1882. Il était employé des tramways à Lyon.
Déclaration lors du conseil: " J'ai fait comme tous mes camarades qui se trouvaient à mes côtés. Je ne vois pas pourquoi je serais plus punissable que les autres, je n'ai pas vu mon capitaine sortir, ni mon chef de section. Nous sommes nombreux de ceux qui ne sont pas sortis. J'ai toujours fait mon devoir, fait toutes les campagnes. Jamais on a eu à se plaindre de moi."
Son nom ne figure sur aucun monument aux morts.
Henri-Jean Prébost né le à Saint-Martin
Félix François Louis Baudy, né le 18 septembre 1881 à Royère-de-Vassivière, était un militant du syndicat des maçons et aides de Lyon de la CGT. C'est un maçon de la Creuse travaillant sur les chantiers de Lyon.
Le corps du soldat Félix Baudy fut transféré au cimetière de son village natal à Royère-de-Vassivière dans la Creuse, une plaque fut déposé sur sa tombe par ses compagnons maçons qui porte cette incription : "Maudite soit la guerre -Maudits soient ses bourreaux- Baudy n'est pas un lâche- Mais un martyr". les quatre hommes furent réhabilités en 1934.
On fait mettre les 4 condamnés à mort à genoux et on leur bande les yeux. Félix Baudy arrache le mouchoir et crie : "Camarades, tirez droit au cœur ! Vous verrez comment on meurt quand on est français".
Ce , une photo clandestine de l'exécution est prise par Jean Combier, artilleur mais aussi photographe professionnel. Ce cliché distribué individuellement à des soldats n'est retrouvé qu'en 1976 par le fils de l'auteur.
Les 4 fusillés de Flirey ont été réhabilités en 1934.
Pierre Marie Louis Le Bihan, né le 8 juin 1874 au Dreff à Riantec, marin pêcheur demeurant à Kerner , Riantec. Acte de Mariage du 15 novembre 1903
Recruté à Lorient, marsouin au 33è RIC.
Traduit le 20 avril 1915 devant le conseil de guerre spécial du 33e R.I.C. et condamné à mort avec dégradation militaire pour "homicide volontaire"
Fusillé à 41 ans le 21 avril 1915 à Dommartin-sous-Hans (Courtémont) dans la Marne. Acte de décès transcrit sans aucune mention.
Julien Arthur Cornuwaël, né le 7 décembre 1887 à Lille (59) .Soldat au 107ème R.I. ,condamné par le conseil de guerre de la 23ème D.I.
Services : "Vélocipédiste. Sait nager. Déserteur en 1909... Condamné à deux mois de prison le 22 janvier 1915". Selon les notes d'audience : "reconnaît n'avoir pas obéi aux ordres réitérés de ses supérieurs, parce que, dit-il, il était un peu ivre, et complètement sourd, à la suite du coup de feu, parti par mégarde, près de son oreille. Dit qu'il ne se rappelle pas avoir dit à son chef de section : "Je refuse d'aller aux tranchées car je sais bien qu'on ne pourra que m'envoyer au bagne". Exécuté le 24 avril 1915 à Griscourt (54) 16 heures.
Antoine Voisin, né le 1er juin 1891 à Limoges (87), soldat au 63è RI.
Fils de feu Pierre Adolphe à Limoges et de Marcelle Legay épouse Foucaud. Engagé pour 3 ans (le 22 février 1910) au 50è RI par sa mère remariée. Versé au 2è Bataillon d'Afrique (d'octobre 1912 à janvier 1914 en Algérie et au Maroc). Certificat de bonne conduite refusé. Officiellement disparu le 5 avril 1915 à Regniéville (54) pendant une période très agitée pour le 63è, il est en fait exécuté le 24 avril 1915 à Griscourt. Il avait été condamné par le conseil de guerre de la 23e DI le 28 mars 1915 en Champagne au moment même où cette division faisait mouvement pour conduire la 1ère offensive de Woëvre.
Gaston Charles Cochet du 131ème RI.Né le 22 novembre 1888, à Annonay (07). Ébéniste à Sablons (38) Certificat de bonne conduite en 1911. Rappelé. Condamné à 6 mois de prison, le 2 décembre 1914 par le CG de la 10ème Armée, pour " lacération d'effets militaires ".
Condamné à mort, le 24 avril 1915, pour refus d'obéissance en présence de l'ennemi, par le CG de la 9ème DI. (Malgré 3 avis médicaux atténuant sa responsabilité).
Fusillé le 25 avril 1915, à Le Claon (Meuse), avec les soldats Alphonse Jules Thierry, né 12 septembre 1892 à Saint-Germain-Les- Arpajons (91) soldat au 82è R.I. (condamné par le CG de la 9è D.I.) et Clément Gustave Proust, né le 24 janvier 1888 à Villedieu-en-Beauce (41), soldat au 113è R.I.
De façon étonnante, le registre matricule de Cochet indique avec pudeur: " Décédé le 25 avril 1915, au Claon ... suite de ses blessures."
Victor Prieur, né à Paris et militaire au 13e bataillon de chasseur à pied, a été fusillé le 25 avril 1915 à Wesserling.
Louis Eugène Bertrand, né le 6 juin 1894 à Belfort, dragon au 11è R.D. Condamné pour "refus d'obéissance en présence de l'ennemi". Fusillé le 30 avril 1915 à Juvigny (Marne). Pas de dossier de jugement.
Mai
Hamei Ben Mohammed Ben Chergi, né le 1885 à Maadid (Algérie), et Abdallah Ben Takar Radjai, né en 1893 à Nechtab (Algérie), tirailleurs au 3è R.T.A., condamnés par le CG de la 48è D.I. sont fusillés au fort du Rozelier à Verdun le 1er mai 1915.Germeuil Georges Louchard, né le 17 décembre 1890 à Oucques (41), soldat au 113è R.I., 8è Cie, condamné à mort par le CG de la 9e D.I. pour "abandons de poste répétés". Fusillé le 4 mai 1915 sur la route du Claon à Florent, à l'ouest du pont de la Biesme.
Charles Auguste
Legreu, né le 7 septembre 1892 à Paris 10è, ouvrier
métallurgiste, célibataire, chasseur au 1er BMILA
Rapport : « Le
12 février 1915, vers 7 heures à El Guettaf, au rassemblement en
armes de la section, le chasseur Legreu recevait du sergent Fafiotte
(Jean Lazare) l’ordre de rectifier sa tenue en tous points
déplorable : il ne bougea pas. A la deuxième injonction :
« Vous me faites chier, s’écria-t-il, enculé, fainéant ! »
[selon le chasseur Mortreuil, « J’en ai assez bande
d’enculés »] , puis saisissant son fusil par le bout du
canon, il le brandit au-dessus de sa tête et allait en frapper le
sous-officier qui n’évita le coup qu’en se jetant vivement en
arrière : « Buveur de sang, disait-il, viens là, je vais
t’arranger ! » Simulateur habile… l’inculpé ne
répond à son interrogatoire que par des paoles incohérentes,
gestes désordonnés, signes apparents de déséquilibre mental chez
un sujet sanguin au caractère impulsif et brutal… Chemineau sans
scrupule, il vécut d’expédients avant son incorporation et eut
maintes fois maille à partir avec la justice. Au régiment, où il
ne vint que de force, il s’appliqua à mal faire, toujours sous un
faux air idiot. Les chefs qui l’observèrent patiemment et avec
bienveillance ne veulent plus être dupes. Il a fait preuve devant le
médecin et devant nous d’une rare insolence. »
« Le sergent a
voulu me frapper… C’était la veille, il n’y avait pas de
témoins… je ne sais pas pourquoi ».
Le lecture du
rapport médical nous enseigne que le médecin expert, prenant peur
devant un geste de menace a cru opportun de faire ligoter de soldat
Legreu et de le placer sous sédatif durant plusieurs jours avant de
procéder à son interrogatoire. Il en ressort que Legreu n’a
jamais connu son père, que sa mère n’a pas pu s’occuper de son
éducation, bien qu’il sache lire et écrire. « Au point de
vue physique il semble exceptionnellement vigoureux ; trapu,bien
musclé avec les épaules proéminentes et le cou, très large,
enfoncé. »,
Les divers
témoignages des autres chasseurs ne sont pas conformes à
l’interprétation à charge du rapporteur. Selon Le Champion,
Legreu aurait omis de faire-demi tour pour l’inspection des
cartouches, Fafiotte lui aurait alors fait remarquer que ses
bretelles de suspension étaient tortillées… Ce Le Champion n’a
rien entendu des paroles prétendument prononcées. Comme Mortreuil,
il a vu le geste mais ne paraît pas croire qu’il ait voulu
frapper, mais Legreu reconnaît avoir voulu frapper même s’il
maintient n’avoir rien dit. Le relevé de punition semble démontrer
que Legreu était coutumier des insolences vis-à-vis des gradés, et
« qu’il ne cesse de tenir des propos malsonnants, ce qui
provoque l’hilarité de ses camarades » (novembre 1914) Le 11
janiver 1915, refusant de laver ses effets il répond au Lieutenant
appelé pour le contraindre, « vous me prenez pour un con »,
3 jours plus tard il refuse de prendre la garde assurant qu’on ne
lui a pas donné de vin, et que ses camarades ont menacé de le
battre.
Condamné le 27
avril 1915 par le 1er CG de l’Amalat d’Oujda, Legreu
est fusillé à Oujda le 4 mai 1915.
Charles Georges Seyler, né le 3 mars 1892 à Saint-Dié-des-Vosges, chasseur au 1er B.C.P. 3è Cie, condamné par le CG de la 43è D.I., exécuté à Noeuds-les-Mines le 4 mai 1915.
Sedd-Ul-Bahr (Turquie) 4 mai 1915
arrivée des troupes françaises dans le détroit des Dardanelles
La bataille de Sedd-Ul-Bahr se déroule du au pendant l'expédition des Dardanelles et au cours de laquelle les forces franco-britannique débarquent dans la péninsule de Gallipoli. Commencée triomphalement avec le Corps expéditionnaire d'orient constitué principalement du 175è R.I. et du 1er RMA (régiment de marche d'Afrique constitué de zouaves et de légionnaires, qui portera ensuite pendant la guerre civile russe sur leur drapeau la mention honorifique Sedd-Ul-Bahr 1915) la campagne contre l'Empire Ottoman s'achèvera par une défaite sanglante en juin.
Comme ailleurs, cette campagne se solde par un certain nombre de condamnations à mort prononcées par un CG spécial du quartier général du C.E.O. : Les seuls soldats exécutés répertoriés appartiennent tous au 4è RMIC. On se bornera à remarquer qu'ils étaient tous originaires d'Afrique Noire, donc probablement supposés suspects par la hiérarchie.
Bara Bada, né à Boliga (Sénégal)
Taroré Baziri, né à Ségou (Sénégal)
Véo Katio, né à Gorgan (ancienne Abyssinie?)
Dioup Maqui, né à Sin Salou (Sénégal)
Loulibaly Sory, né à Hati (Soudan)
Tampsada Tidaogo (son nom est celui de son lieu de naissance au Sénégal)
Dans le seul document conservé (notes d'audience du 3 mai 1915) qui fait état de leur défense, on croit comprendre que ces soldats se sont retrouvés sans chef ni munitions, incapables de rejoindre leur unité, ou arrêtés, leur fusil saisi par les gendarmes avant de pouvoir regagner le bateau :
tombes françaises à Sed-Ul-Bahr en 1915
Frédéric Jean Sert du 35ème RIC
Né le 14 septembre 1875, à Oz (38). Cultivateur à Oz.
Réserviste rappelé. " N'a pas rejoint ". Déclaré " Bon absent, dispensé, art. 21: frère au service ". " Insoumis le 8 septembre 1914. Arrêté le même jour ". " A été acquitté par le CG de la 14ème Région comme non coupable d'insoumission le 9 octobre 1914 ".
Condamné à 5 ans de prison le 14 janvier 1915, pour "abandon de poste sur un territoire en état de guerre". Transféré au 35ème RIC le 16 janvier 1915. Il refuse le 1er avril 1915 d'obéir aux ordres de ses supérieurs, dans les tranchées de Richecourt.
Condamné à mort le 4 mai, par le CG de la 64ème DI, pour refus d'obéissance en présence de l’ennemi.
Passé par les armes le 6 mai 1915, à Jouy sous les Côtes (55).
Edouard Schneider, né le 2 juillet 1892 en Suisse, soldat du 2è Rgt de Marche Etranger, mort le 6 mai 1915 à Mon-Saint-Eloi (62)
Jean-Baptiste Georges Bourcier, né à Poitiers (Vienne) le 1er septembre 1871, marié en 1908, forgeron à Marseille. Rappelé sous les drapeaux à la mobilisation, le caporal de réserve Bourcier rejoint à Nice le 7è bataillon territorial de chasseurs. Promu sergent au sein de la 2è Cie le 6 avril 1915, il combat dans le secteur de Bréitfirst (Haut-Rhin). Le 5 mai 1915, il commande un poste avancé en haute vallée de la Fecht (au nord est de Schnepfenriedwasen). Vers 21h, croyant à une attaque adverse alors qu'il s'agit en fait de l'arrivée d'une équipe de corvée, il fait ouvrir le feu par ses hommes, quitte son poste terrorisé et disparaît. Le lendemain matin à 6h il se présente seul à Bretfirst en état de choc au colonel Guillebon en présence du lt Jullien, et explique que son poste a été enlevé dans la nuit par les Allemands et qu'il s'est enfui pour éviter d'être fait prisonnier. Le colonel Guillebon le fait traduire le soir-même devant un CG spécial du 7è BCP, qu'il préside lui-même, et qui le condamne à mort.
Jean-Baptiste Bourcier ne cessera de clamer sa bonne foi, comme dans la lettre qu'il écrit à sa soeur la veille de sa mort :
"Le lieutenant arrive. Il commence à faire nuit. J'assure le service en faisant remplacer les sentinelles. Alors le lieutenant se décide à faire retourner les hommes pour chercher de la paille et des planches. Les hommes partent et le lieutenant reste environ une demi heure ou trois quart d'heure (...) Enfin les hommes arrivent à tour de rôle, qui tombant, qui trébuchant souvent. Je les fais rentrer de suite dans l'abri qui n'est pas terminé. Ils se querellaient et allumaient même des allumettes de temps en temps. Alors, je me fâchai, les menaçant de les faire relever. Alors, ils ne dirent plus rien.
Lorsque, en me retournant pour chercher mon petit abri que je m'étais fait, je trébuche sur un homme couché au pied d'un sapin. Je me baisse et le réveille, ne sachant à qui j'avais à faire parce qu'on ne voyait rien. Alors j'entends du bruit du côté où étaient montés les hommes. Je réponds à l'homme que j'avais reconnu, celui qui dormait : "Prends vite ton fusil, ce sont les boches". A ce moment les boches arrivent. Je ne êux pas évaluer le nombre, car on n'y voit pas. Je dis aux hommes : "Vite, vite, votre fusil, ce sont les boches".Ils font comme ils peuvent et nous faisons le coup de feu. Lorsque les boches qui sont montés sur notre abri nous crien "Camarades, camarades". Moi au contraire je dis aux miens de tirer lorsque au contraire il y en a parmi les miens qui leur répondent aussitôt "Camarades, camarades" en levant les bras en l'air, surtout mon voisin et bien d'autres que je ne cite pas, car ce serait criminel de les accuser de lâcheté. Quand j'ai vu ça, qu'ils se rendaient comme ça, moi qui les excite à tirer, je n'ai pas hésité à me faire la belle, surtout quand je me suis senti prendre mon fusil par le canon, alors je me suis sauvé au lieu d'être fait prisonnier comme les autres. Maintenant, comment se fait-il que le poste ne fut pas emmené, je n'en sais rien, car le lendemain ils y étaient tous. Et bien l'on m'accuse d'avoir abandonné mon poste : je ne sais ce qui en résulte, mais en tout cas, quoi qu'il arrive, que je sois mort ou condamné, je ne crois pas que ce soit par lâcheté".
Jean-Baptiste Bourcier est fusillé à Breitfirst le vendredi 7 mai 1915 à 5h30. Refusant qu'on lui bande les yeux sur le poteau d'exécution, il dit au commandant : "Regardez-moi bien en face mon commandant ; ce n'est pas un lâche que vous faîtes fusiller, mais un innocent."
Une croix sans nom fut mise sur sa tombe. Deux jours plus tard, un coeur en cuivre était cloué en cachette sur cette croix anonyme avec l'inscription "sergent Bourcier, mort à l'ennemi". Son nom ne figure sur aucun monument aux morts, alors qu'il a été réhabilité.
JMO du3e BILA (Prévôté 45e DI) - 10 Mai 1915 : "Le gendarme à pied Schneider reçoit par la voix “de l’ordre” les félicitations du Gal commandant la division pour avoir le 10 mai fait preuve d’énergie en abattant d’un coup de carabine un Cal du 3e BMILA surpris en train de piller une maison à Elverdinghe et qui fuyait sans s’arrêter aux sommations du gendarme”. Il s'agit du caporal
Henri Edouard Alphonse Fidelin, 3è BILA, né le 28 novembre 1892 à Limpivile (76), donné comme "tué à l'ennemi" à Boezingue (Belgique) le 11 mai - MPF
Ange Dreneuc 11 mai 1915
Avant de partir à la guerre, Ange Dreneuc était ouvrier dans une cimenterie de Guerville près de Mantes-la-Ville, où son nom est encore inscrit, aujourd'hui, sur un monument aux Morts. Ange Dreneuc est officiellement tombé le 11 mai 1915 en pleine bataille de l'Artois, près de Roclaincours. D'abord porté disparu, puis officiellement déclaré mort le 9 avril 1921. Mais Solange Hervé Banki sait que la vérité n'est pas si lisse : ce que la famille pressentait, sa maman en a eu confirmation il y a une quarantaine d'années, avec une tante qui lui affirme avoir appris que Ange avait été fusillé.
Pour Solange Hervé Branki, Ange Dreneuc a donc été sommairement abattu au milieu du carnage, parce qu'il a confié ses états d'âme quelques semaines plus tôt. Dans le petite tas de lettres échangées presque chaque jour avec son épouse, l'une, datée de la fin avril 1915, lui apprend le décès de sa petite fille, victime d'une méningite : c'est le probable élément déclencheur de son insoumission.
Camille Blot, né le 4 juillet 1887, cordonnier, soldat au 72e R.I. abandon de poste en présence de l'ennemi aux Éparges. Fusillé au champ de tir de la Blancharderie à Verdun (55) le 12 mai 1915.
François Marie Bihouise, né le 10 juillet 1878 à Coët er sach, Camors, profession : scieur de long soldat du 88e RI, fusillé le 13 mai 1915 à Maizy,
Réserviste : à 21 ans service militaire au 117ème RI du 16 octobre 1899 au 20 mars 1902, libéré avec certificat de bonne conduite. Deux périodes de rappel au 62ème RI en août/septembre 1905 et en juillet 1908.
1914 : affecté à la défense de Lorient puis Paris en Septembre. Secteur Nord : Roissy, Gonesse et Chalons sur Marne.
Octobre à Novembre 1914 dans l'Aisne : Paissy, Vendresse, Verneuil
Décembre : Plateau de Paissy.
1915 : de janvier à avril : plateau de Paissy et Bois de Foulon. Une compagnie du 88ème RI est faite prisonnière, le 25 janvier à la ferme Hautebise.
JMO 88e RIT mai 1915 - P 5 : "Le soldat Bihouise de la CHRA employé comme perruquier à Blangy les Fismes où était cantonné le service de ravitaillement du rgt tire un coup de feu avec son fusil sur le S/Lt Grillet qui n’est atteint que légèrement à l’épaule gauche. Incarcéré immédiatement à la prison militaire de la 36e DI (rien au JMO) à Maizy, jugé et fusillé dans la nuit du 12 au 13"
Écroué le 12 mai 1915 à la prison militaire de Maisy sous l'inculpation de tentative d'assassinat sur gendarme. Pour refus d'obéissance à son lieutenant qu'il blesse d'une balle à l'épaule il est déféré devant le conseil de guerre spécial de la 36e D.I. et condamné à mort.
Mention mort pour la France
Fernand Charles Pelleton, né à Paris, vendeur de journaux domicilié à Hénonville, soldat au 54è R.I. fusillé le 14 mai 1915 à 4 heures du matin l’âge de 22 ans à Rupt-en-Woëvre (Meuse).
Mort par la France.
Marin Hubert Maillet, né le 13 janvier 1880 à Averdon (41), soldat au 113è R.I., condamné par le CG de la 9è D.I., exécuté le 15 mai 1915 à Le Claon (55)
Blaise Billard, né le28 novembre 1893 à Saint-Etienne exécuté le 15 mai 1915 à 21 ans à Gérardmer (88) en compagnie de
Eugène Lucien Emery, né le 12 juin 1891 à Lyon 5è, célibataire, employé de bureau, tous deux chasseur au 14è B.C.A.
André Albert Lecroq né le 7 février 1880 à Saint Léonard près de Fécamp, ancien verrier à Blangy (enfant assisté, comme on désigne à l'époque les pupilles de l'enseignement forcé, en l’occurrence les enfants qu'on envoie tenir les moules des verriers). Albert Lecroq, 1,62m, marié, un enfant, est décrit comme de constitution faible lorqu'il est mobilisé au 39è R.I. Il subit avec ses camarades un bombardement de plus de 36 heures dans l’Aisne, au secteur dit La Ferme du Choléra (Mont-Doyen). Le 10 mai 1915, à la suite d’une forte explosion qui le commotionne sérieusement, il craque et part vers l’arrière sans ordre. Intercepté par le commandant De Lignières, il lui déclare faussement que les allemands ont investi la tranchée (des témoins invoqueront le fait qu'il paraissait n'avoir plus toute sa tête) Il est arrêté pour abandon de poste en présence de l’ennemi. Quoique son lieutenant le décrive comme "bon soldat" lors du procès, Il est condamné à mort le 18 mai par une courte majorité de trois voix contre deux et fusillé le jour même, 16h30 à Vrigny dans la Marne,accompagné des pleurs des gendarmes et des officiers, selon le témoignage de l’aumônier. (N'est-ce pas touchant ?) Un soldat blangeois désigné pour faire partie du piquet d'exécution aurait dû être remplacé, victime d'une crise de nerfs.
Réhabilitation refusée.
Lecroq est devenu une image iconique de l'injustice militaire malgré les pleurnicheries des assassins, car c'est probablement à lui que se réfère Dorgelès, mobilisé également au 39è R.I. et donc témoin de l'exécution de Lecroq et de Dussaux (sinon de celle de Carpentier).
Roland Dorgeles en 1915
Extrait : Mourir pour la Patrie (Les Croix de bois (1919), chap. IX)
Non, c’est affreux, la musique ne devrait pas jouer ça…
L’homme s’est effondré en tas, retenu au poteau, par ses poings liés. Le mouchoir, en bandeau, lui fait comme une couronne. Livide, l’aumônier dit une prière, les yeux fermés pour ne plus voir.
Jamais, même aux pires heures, on n’a senti la Mort présente comme aujourd’hui. On la devine, on la flaire, comme un chien qui va hurler. C’est un soldat, ce tas bleu ? Il doit être encore chaud.
Oh ! Être obligé de voir ça, et garder, pour toujours dans sa mémoire, son cri de bête, ce cri atroce où l’on sentait la peur, l’horreur, la prière, tout ce que peut hurler un homme qui brusquement voit la mort là, devant lui. La Mort : un petit pieu de bois et huit hommes blêmes, l’arme au pied.
Ce long cri s’est enfoncé dans notre cœur à tous, comme un clou. Et soudain, dans ce râle affreux, qu’écoutait tout un régiment horrifiée, on a compris des mots, une supplication d’agonie : « Demandez pardon pour moi…Demandez pardon au colonel… »
Il s’est jeté par terre, pour mourir moins vite, et on l’a traîné au poteau par les bras, inerte, hurlant. Jusqu’au bout il a crié. On entendait : « Mes petits enfants…Mon colonel… » Son sanglot déchirait ce silence d’épouvante et les soldats tremblants n’avaient plus qu’une idée : » Oh ! vite…vite…que ça finisse. Qu’on tire, qu’on ne l’entende plus !... »
Le craquement tragique d’une salve. Un coup de feu, tout seul : le coup de grâce. C’était fini…
Il a fallu défiler devant son cadavre, après. La musique s’était mise à jouer Mourir pour la Patrie et les compagnies déboîtaient l’une après l’autre, le pas mou. Berthier serrait les dents, pour qu’on ne voie pas sa mâchoire trembler. Quand il a commandé : « En avant ! » Vieublé, qui pleurait, à grands coups de poitrine, comme un gosse, a quitté les rangs en jetant son fusil, puis il est tombé, pris d’une crise de nerfs.
En passant devant le poteau, on détournait la tête. Nous n’osions pas même nous regarder l’un l’autre, blafards, les yeux creux, comme si nous venions de faire un mauvais coup.
Voilà la porcherie où il a passé sa dernière nuit, si basse qu’il ne pouvait s’y tenir qu’à genoux. Il a dû entendre, sur la route, le pas cadencé des compagnies descendant à la prise d’armes. Aura-t-il compris ?
C’est dans la salle de bal du Café de la Poste qu’on l’a jugé hier soir. Il y avait encore les branches de sapin de notre dernier concert, les guirlandes tricolores en papier, et, sur l’estrade, la grande pancarte peinte par les musicos : « Ne pas s’en faire et laisser dire ».
Un petit caporal, nommé d’office, l’a défendu, gêné, piteux. Tout seul sur cette scène, les bras ballants, on aurait dit qu’il allait « en chanter une », et le commissaire du gouvernement a ri, derrière sa main gantée.
— Tu sais ce qu’il avait fait ?
— L’autre nuit, après l’attaque, on l’a désigné de patrouille. Comme il avait déjà marché la veille, il a refusé. Voilà…
— Tu le connaissais ?
— Oui, c’était un gars de Cotteville. Il avait deux gosses.
Deux gosses : grands comme son poteau…
Régis Rochelimagne, soldat du 238e RI, condamné par le conseil de guerre de la 63e division pour voie de fait et outrage à supérieur.
Classe 1899, déjà condamné à 5 ans de travaux forcés pour mutilation volontaire en novembre 1914, il est condamné cette fois à mort le 20 mai 1915 par le conseil de guerre de la 63e DI et fusillé le 21 à Vignolles, Courmelles, Aisne.
Le JMO de son régiment, le 238e RI, stipule le motif : "voies de fait sur un supérieur".
En revanche, le JMO de la division ne contient aux dates funestes que des "Rien à signaler".
La période était jugée parfaitement calme par ce même JMO, le régiment étant occupé à d'importants travaux de terrassement de tranchées.
Au même JMO:" le 18 mai le soldat Raymondin Agnan de la 24è se suicide d'un coup de fusil."
Albert Paul Cagny, né le 1er avril 1887 à Bray-Sur-Somme (80), ébéniste, soldat au 320e R.I. Conseil de guerre : 52ème D.I. Fusillé à Tinqueux (51) le 20 mai 1915 pour abandon de poste en présence de l'ennemi.
Jules Désiré Mercier, né le 27 octobre 1878 à Arras, soldat au 5è R.I.T., condamné par le CG de la région Nord, exécuté à Ringles lz 20 m
Prosper Valentin Marie Dauvergne, né à Avignon (Vaucluse) le 27 mars 1890.
Soldat de 2ème classe au 58ème R.I., il est condamné à mort le 19 mai 1915 pour "abandon de poste, voies de fait envers un supérieur, ivresse".
Prosper Dauvergne est fusillé à l'ouest de Souilly (Meuse), le 20 mai 1915. Inhumé dans la nécropole nationale de Rembercourt-aux-Pots (Meuse), tombe N° 204, son nom ne figure sur aucun monument aux mort
Georges Pennerat, né le 28/05/1886 à Paris 14è, soldat au 96è R.I., CG de la 31è D.I. exécuté le 24 mai 1915 à Somme-Tourbe (51)
Gazette de Souain (28 juin 1915 ): Nous venons d’apprendre qu'un autre soldat Georges Pennerat avait également été fusillé à Somme Tourbe pour motif de refus de monter en ligne le 24 du mois dernier.
Koné Dioumé, né en 1892 à Kélékélé (Haut-Sénégal et Niger), Tirailleur au 4è R.T.S., CG de la colonie du Sénégal, exécuté le 25 mai 1915 (lieu non renseigné)
Raoul Edouard Hurtault, né le 07 janvier 1874 à Varennes sur Loire, soldat 2ème classe au 268è R.I., aurait été tué à l’ennemi le 26 mai 1915 à Brielen (Belgique) et… mort pour la France. L'absence de jugement laisse perplexe sur ce qui lui est advenu...
Marius Casimir Marcel, 29 mai 1915
Cultivateur, né le 31 mars 1881 à Carcès, de Martin et Bech Alexandrine,
habitait au pont d'Argens n° 14 à Carcès.
habitait au pont d'Argens n° 14 à Carcès.
Le
15 mai, le 1er bataillon du 7e RIC tient les premières lignes devant
Ville-sur-Tourbe. La 4e compagnie de Marius MARCEL occupe l'ouvrage
"Pruneau".
La matinée et l'après-midi avaient été calmes, quand soudain, vers 18h, trois fourneaux de mines allemandes sautent, bouleversant le secteur et ensevelissant des hommes dans la tranchée. Au même instant, la vague allemande écrase les survivants sous une pluie de grenades. Quatre marsouins de la 4e compagnie du 7e RIC Marcel et Daspe,
Casimir Farjounel, né le 31 mars 1886 à Castenet, sabotier,
Henri Perron, né le 14 mai 1883 à Bordeaux
avaient réussi à se dégager émergeant de la glèbe, sans arme et errant à la recherche du reste de leur régiment.
La matinée et l'après-midi avaient été calmes, quand soudain, vers 18h, trois fourneaux de mines allemandes sautent, bouleversant le secteur et ensevelissant des hommes dans la tranchée. Au même instant, la vague allemande écrase les survivants sous une pluie de grenades. Quatre marsouins de la 4e compagnie du 7e RIC Marcel et Daspe,
Casimir Farjounel, né le 31 mars 1886 à Castenet, sabotier,
Henri Perron, né le 14 mai 1883 à Bordeaux
avaient réussi à se dégager émergeant de la glèbe, sans arme et errant à la recherche du reste de leur régiment.
Le
capitaine Kaufmann du 7e RIC, 1ère Compagnie, les croise, les
apostrophe et les fait emprisonner sur le champ à Maffrécourt (Marne) estimant qu'ils ont cédé trop facilement .
Traduits devant le conseil de guerre de la 3e division coloniale, le 28
mai, Marius Marcel et ses compagnons sont accusés et condamnés à mort pour "abandon de poste
en présence de l'ennemi" avec les soldats Farjouvel, Perron et Daspe. Exception faite pour Daspe, gracié à la dernière minute,
Ils sont fusillés, le lendemain, à 7h du matin, devant le régiment rassemblé.
Devant leurs cadavres, le colonel fit un discours martial : "En cas de défaillance, voilà ce qui vous attend. Que cela vous serve d'exemple. Rompez !".
Marius Marcel laissait au pays une femme et un enfant. Mme Marcel commença ses recherches pour essayer de comprendre ce qui était arrivé à son mari sans rien obtenir. Tant de chagrins, tant de déceptions ont abattu ses forces. Elle meurt, laissant à son beau-frère, la charge de son fils et de son honneur.
Ils sont fusillés, le lendemain, à 7h du matin, devant le régiment rassemblé.
Devant leurs cadavres, le colonel fit un discours martial : "En cas de défaillance, voilà ce qui vous attend. Que cela vous serve d'exemple. Rompez !".
Marius Marcel laissait au pays une femme et un enfant. Mme Marcel commença ses recherches pour essayer de comprendre ce qui était arrivé à son mari sans rien obtenir. Tant de chagrins, tant de déceptions ont abattu ses forces. Elle meurt, laissant à son beau-frère, la charge de son fils et de son honneur.
Réhabilité le 30 juin 1927.
Le 1er juillet 1927, la cour de cassation avait annulé le jugement du conseil de guerre, réhabilitant Fajournel et Perron.
Le 1er juillet 1927, la cour de cassation avait annulé le jugement du conseil de guerre, réhabilitant Fajournel et Perron.
mai 1915 St-Dié
Préparation de l'évacuation d'une tranchée
Juin
Tayeb Ben Mohamed Mechtoub, né en 1887 à Douar Ouled Ale Nacer (Algérie), soldat au 3 ème R.M.T.A.mort le 2 juin à Tracy-Le-Val (60). Pas de trace de jugement.
Aristide Gauthier, né le 14 décembre 1891 à Ségry (36), soldat au 125è R.I.
Fusillé le 2 juin 1915 à Aubigny, sans trace de pièces de procédure.
Non réhabilité en dépit des nombreuses demandes de la famille.
Sylvain Henri Etienne Serres, né le 15 juillet1884 à Saint-Michel-De-Chavaignes, soldat au 281 ème R.I. 18ème Cie, CG de la 58è D.I., exécuté le
3 juin1915 à Hersin-Coupigny(62)
Fernand Firmin Leroux, né le 25 septembre 1881 à Caen, sapeur au 1er Rgt du génie, soupçonné d'avoir tenté de passer à l'ennemi le 13 mai 1915 il est déféré devant le conseil de guerre de la 9e D.I. le 4 juin 1915 et condamné à mort pour "désertion à l'ennemi". Fusillé le 5 juin, au Claon (Meuse).
Dans les archives, des renseignements ont été masqués par un rectangle de papier, qui stipule : "Condamné à mort avec dégradation militaire le 4 juin 1915 par le Conseil de Guerre pour défection en présence de l'ennemi".
Le 7 juin 1915, à Meknès au Maroc, condamné par le CG des troupes d'occupation sont exécutés
Ben Belgacem Gharbaoui Allal, né en 1869 à Gahrb (Maroc)
Ben Belkacem Ben Allal Bou Selham (1896 Gahrb)
Ben El Hocin Haddou né en 1896. Quoique les dates de naissances laissent supposer le contraire, l'absence d'appartenance à des unités militaires laisse supposer qu'il pourrait s'agir de victimes ciciles ou de prisonniers de droit commun?
Armand Isidore Jourdan né le 7 août 1888 à Saint Georges de Chesné, soldat au 124è R.I., décédé le 11/06/1915 à Baconnes. Sa fiche MPLF indique "tué à l'ennemi". Pourtant l'ordre d'exécution a la peine de mort et a la dégradation pour le 11 juin 1915 a 16 h a Baconnes au nom de Jourdan Armand Isidore existe bel et bien dans les archives.
Une lettre d'Albert Filoche en 1918, commente : " Il ressort que nombre de ses messieurs mériteraient plus vite douze balles dans les tripes que notre infortuné camarade Jourdan du 1er bataillon du 124e d'infanterie qui fut fusillé à Baconnes en 1915"
Le 11 juin 1915 sont fusillés à Hébuterne (62) sur condamnation d'un CG spécial
Daniel Fabre, né le 12 mai 1888 à Lyon 1er
Louis Jules Feroussier, né le 22 septembre 1880, à Saint-Fortunat (07) 73è R.I. MPF
Victor Oscar Augustin Feuillâtre, né le 14/03/1877 à Paris 20è,caporal au 14è R.I.T, CG de la 81è D.I., exécuté le 13 juin à Bergues (59)
Eugène Paul Werner, né le 20 juillet 1879 à Soissons (02), soldat au 302 ème R.I. 19ème Cie, CG de la 67è D.I., exécité le 14 luin à Troyon-Sur-Meuse
Joseph Gabrielli, né le 8 février 1894 à Pietraserena (Corse). Berger de son état, illettré, ne parlant que sa langue natale, il n’avait jamais son village natal près de Corte, quand il fut mobilisé au 140e régiment d’infanterie. Bien qu’il soit illettré et arriéré mental, on l’affecte à la 6è compagnie où on a plus besoin de son corps que de son esprit. Le 8 juin 1915, au cours d’une attaque, il est légèrement blessé. Son chef l’envoie se faire penser au poste de secours.
En revenant, il s’égare et ne retrouve plus sa compagnie.On le retrouve cinq jours plus tard, terré au fond d’une cave à Colincamps (Pas de Calais).
Interrogé il déclare (avec peine, car il parle très mal le français) aux gendarmes:
"Mon régiment est rentré dans la tranchée la nuit du 6 au 7. J’ai pris part à plusieurs combats. Dans la nuit du 12, ma compagnie est partie à l’attaque, j’ai suivi mes camarades, mais à la fin des combats, je ne les ai pas retrouvés. Je suis revenu à la tranchée, mais, comme il n’y avait plus personne de mon régiment, je suis parti sans savoir où j’allais. Je suis arrivé à Colincamps vers quinze heures, j’ai cherché ma compagnie sans la retrouver, c’est alors, que j’ai eu l’idée de descendre dans la cave d’une maison abandonnée où je suis resté pendant deux jours. J’ai perdu mon fusil et mon sac dans la tranchée."
Le rapport rédigé par le commandant de la prévôté donne une autre version des faits :
" Le soldat Gabrielli a disparu de sa compagnie le 8 juin au matin et a été signalé par son caporal d’escouade comme manquant à l’appel. Dans la même journée, des soldats de la compagnie faisant le service de ravitaillement ont attesté avoir vu Gabrielli au poste de secours du bataillon."
D’après l’enquête faite auprès de ses chefs, et de ses camarades, il ressort que Gabrielli est considéré comme un débile profond, élevé à l’état sauvage et surtout employé à creuser des latrines ou des tranchées. Il est néanmoins traduit devant le conseil de guerre spécial du 140e R.I.
Voici la transcription d’une partie de l’interrogatoire de l’accusé faite par le commissaire du gouvernement.
- Quand avez-vous quitté votre compagnie et à quelle heure ?
- Je ne m’en souviens pas…
- Pourquoi l’avez-vous quittée ?
- J’ai reçu un obus près de moi et je ne me rappelle plus rien…
- Combien de jours êtes vous resté absent de votre compagnie ?
- Trois jours.
- Pourquoi n’avez-vous pas cherché à regagner votre compagnie le plus tôt possible ?
- J’ai cherché partout et je n’ai pas trouvé.
- Où avez-vous été trouvé ?
- Dans une cave.
- Est-ce dans une cave que vous cherchiez votre compagnie ?
- Pourquoi avez-vous dit aux gendarmes avoir quitté votre poste le 12 courant alors qu’en réalité vous êtes porté absent depuis le 8 juin ?
- Les gendarmes n’ont rien compris…
- Pourquoi avoir dit que vous étiez resté absent trois jours, alors que vous êtes porté manquant depuis le 8 au matin et que vous n’avez été retrouvé que le 13 juin à 18 heures, c’est-à-dire six jours après ?
- Je ne peux pas m’expliquer.
- Avez vous quelque chose à rajouter pour votre défense ?
- Je suis ici pour défendre la France !
C’est un interprète corse qui traduisait au fur et à mesure les questions et les réponses. Malgré les témoignages des soldats et de son commandant de compagnie confirmant l’irresponsabilité de l’accusé, le conseil de guerre le reconnaît coupable d’abandon de poste devant l’ennemi et le condamne à mort.
Le même jour, à Hébuterne (Pas de Calais), le 14 juin 1915, la sentence est lue à 20 heures et Gabrielli, 21 ans, est fusillé une heure plus tard. Dix ans après, un témoin, M Dupommier, qui avait assuré la défense de l’accusé, raconte l’exécution.
"Au cours de ces quatre années de guerre, j’ai vu de terribles choses. Je ne crois pas avoir assisté à un plus triste spectacle que cette exécution. Gabrielli, affolé, courrait devant les fusils en criant : "Maman, maman, je ne veux pas mourir…" Il se cramponnait convulsivement, tantôt à l’aumônier, tantôt à moi ; il a fallu planter un poteau sur la tranchée de deuxième ligne pour l’y ligoter. Cela a duré une demi-heure. Les hommes du peloton d’exécution étaient terriblement émus. Un seul être demeurait impassible : c’était le commandant Poussel (tué quelques mois plus tard en Champagne). Après le coup de grâce, cet officier m’a dit "Voila une mort qui épargnera bien des vies humaines". J’ai répondu "Vous avez mon commandant, une étrange conception de la justice et vous venez d’assumer une bien effroyable responsabilité devant Dieu".
Le 4 novembre 1933, la cour spéciale militaire annule le jugement du conseil de guerre et réhabilite Gabrielli.
Le 25 mai 1915, Georges Célestin Leminorel se cache dans un renforcement de la tranchée de départ, alors que la 1ère compagnie du 24e RI, à laquelle il appartient, se porte en avant sous le feu des adversaires. Quand le cycliste de la compagnie Kuhn le surprend, le soldat Leminorel prétend être blessé aux reins. Il ne s'est pas présenté au service médical pour prouver sa blessure. Au cours de l'interrogatoire qu'il subit, il reconnaît avoir menti. Au cours de l'audience, il est souvent mis en exergue le fait qu'il soit "un mauvais soldat". Le dossier de procédure relève surtout des punitions infligées en 1913; Le 15 juin, il est fusillé dans le Pas-de-Calais, à l'âge de 22 ans.
Pierre Marie Guellec, né le 21 février 1886 à Landrevarzec (Finistère), garçon de magasin à Briec, célibataire (1,73m, cheveux chatain clair, yeux marron clair, front et nez moyen, visage rond, menton petit, cicatrice dans l'aine).
Engagé volontaire en 1906, passé premier cannonier en 1907, rengagé pour un an, passé dans la réserve le 7 décembre 1910 avec certificat de bonne conduite, à nouveau rengagé, promu 1er canonnier conducteur en août 1913, versé au 1er Rgt d'Artillerie coloniale le 8 août 1914.
Chef d'accusation : "Prévention suffisamment établie d'avoir, le 6 juin 1915 à Bussy le Château (Marne) commis colontairement un homicide sur la personne du brigadier Landel avec la circonstance aggravante que ledit homicide a eu lieu avec préméditation.
Notes d'audience du 13 juin 1915 devant le CG permanent de la 2è division à Ferrières: Guellec déclare ne se souvenir de rien étant ivre au moment du crime. Témoins (...) Le 2è canonnier Le Dû : "c'est le second coup tiré qui a atteint Landel" Le témoin n'avait pas remarqué que Landel et Guellec étaient mal ensemble.
Un troisième témoin qui n'avait rien remarqué non plus ajoute qu'on "supposait à la batteire que Guellec était jaloux de l'avancement obtenu par Landel".
Le 6 juin 1915, le 1er Rgt d'Art Col étyant cantonné à Bussy le château. Le brigadier Landel de la première batterie se trouvait, vers 19 heures , depuis environ une dizaine de minutes dans la grange de son cantonnement avec les 3 canonniers Tinquier, Ledû et Pontenay. Landel se tenait debout, il lisait une lettre qui venait de lui être remise. Tout à coupe entra dans cette grange le cannonier Guellec qui s'adressant au brigadier Landel lui dit. "Est-ce que tu m'as appelé?" Landel répondit : "Pourquoi veux-tu que je t"appelle". Au même instant Guellec dégagea de sous son bourgeron son revolver d'ordonnance et tira 5 balles de revolver sur le brigadier Landel qui est mort quelques instants après. (...)
A l'instruction ses déclarations peuvent se résumer ainsi: "Le brigadier Landel m'en voulait, il m'a mouchardé aux officiers de mon groupe. J'étais ivre quand j'ai tiré sur Landel, je ne me rappelle de rien, le brigadier Landel ne m'a jamais puni, il avait dit de moi au mois de février que j'étais un fumiste, je ne me souviens pas que le brigadier ait commis vis-à-vis de moi d'autres faits qui puissent m'ennuyer." (...) Guellec sert actuellement comme rengagé, il a près de 7 ans et 8 mois de service. Il a encouru 57 jours de punition, 22 de salle de police, 28 de prison et 7 de cellule Il a été noté comme bon conducteur et bon soldat".
Condamné à mort avec dégradation militaire, le jugement est exécutoire comme le stipule la mention marginale :
Le même jour au même endroit est exécuté
Charles Nony, né le 18 janvier 1882 à Sainte-Sévère dans l'Indre, terrassier (1,63m, cheveux chatains, front couvert), 4è RI.C.. condamné pour voies de faits envers un supérieur pendant le service.
Un jugement antérieur du 13 mai (5 ans de travaux forcés) pour outrages, paroles, gestes et menaces envers un supérieur avait été suspendu par décision du général de division.
Extraits du rapport: "Le 5 juin 1915 à Vedenay (Marne), Le soldat Nony discutait vers 22h30 avec plusieurs de ses camarades. Le chef d'escouade, un caporal, invita Nony à faire silence et à se coucher. Nony répondit par des paroles injurieuses à l'adresse du caporal [selon Nony, il aurait simplement dit au caporal Gardin "Ne gueule pas ainsi, nous ne gueulons pas!"] et sortit de la grange. L'adjudant-chef Autin ayant entendu les paroles prononcées [selon lui "le caporal nous fait chier, s'il a fini de gueuler, allons nous promener"] ordonna à ce soldat de rentrer dans son cantonnement. Cette intervention eut la conséquence de déplaire à Nony et de le rendre furieux. Il répondit à l'adjudant "Non, je n'irai pas". L'adjudant-chef commanda deux hommes pour conduire Nony au poste de police. Nony, de plus en plus furieux dit à l'adjudant-chef Autin : "Attends un peu sale vache je vais te faire la peau". Joignant le geste à la parole, Nony alla chercher son fusil au fond de la grange et revint vers l'adjudant-chef, ramena le bouton quadrillé de son fusil à la position arrière, manoeuvra la culasse comme pour charger et mit en joue l'adjudant qui se précipita sur Nony. Après une lutte qui a duré d'une minute à une minute et demie il parvint à le désarmer aidé par 2 hommes. Ces deux hommes voulant conduire Nony au poste de police, il leur échappa pour se précipiter à nouveau sur l'adjudant-chef Autin qu'il saisit à la gorge, appuya son pouce de toutes ses forces sur le larynx et plaça ses doigts sur la bouche en lui disant: "je vais te faire la peau, je vais t'étrangler." Plusieurs hommes, intervinrent et réussirent à faire lâcher prise à Nony qui continua à vociférer, à frapper des pieds, de la tête. Complètement ligotté, Nony fut conduit sur une brouette au poste de police. Nony n'était pas en état d'ivresse, il avait bu un peu mais pas à l'excès.
Au cours de l'instruction, Nony a déclaré qu'il avait éprouvé une vive contrariété [qui] l'a fait entrer dans un état de fureur extrême, il ne se souvient de rien de ce qu'il a pu faire, il a agi sous l'empire de la folie, il regrette sa conduite.
Son capitaine s'exprime sur le compte de Nony de la façon suivante: "Nony est un individu extrêmement dangereux, le type de la brute chez laquelle n'existe plus aucun bon sentiment. Il est incapable de racheter son passé ainsi qu'il l'a demandé lors de sa dernière condamnation. Il est incapable de s'empêcher de boire. Il nourrit contre les gradés une véritable haine qui se traduit par une volonté très nette de tuer" [ndr: ce qui, au contraire aurait dû en faire le parfait soldat] "Cette volonté est parfaitement consciente. Nony sait très habilement éviter les circonstances aggravantes et profite de tous les incidents qui peuvent atténuer sa faute. La manière de servir de Nony depuis qu'il est à la compagnie a été assez bonne. Pendant les séjours aux tranchées, je n'ai eu aucun reproche à lui adresser. Pendant les séjours de repos à Hans au contraire, sa conduite a passablement laissé à désirer."
Engagé volontaire pour 4 ans le 17 février 1903 dans une bataillon d'infanterie légère d'Afrique... A la suite d'une condamnation [CG de la division d'occupation de Tunisie le 22 décembre 193 à la peine de 10 ans de réclusion, la dégradation militaire et à vingt ans d'interdiction de séjour, coupable de coups mortels (circonstances atténuantes admises)]... il a reçu l'autorisation de contracter un engagement volontaire pour la durée de la guerre... Il a des antécédents judiciaires."
Lors de l'interrogatoire du CG, il lui est également reproché d'avoir crié "Vous êtes des assassins, je sais que c'est douze balles qui m'attendent mais je m'en fous, vive l'anarchie." Battesti, l'un des témoins chargé de le maîtriser rapporte qu'il les aurait traités de lâches au moment où il tentaient de le faire. L'adjudant-chef Autin reconnaît qu'il savait pertinemment que le fusil n'était pas chargé (mais suppose curieusement que Nony pensait le contraire alors que toutes les armes de la section étaient vidées) et que Nony n'a pas eu le temps d'abattre le chien avant qu'il lui arrache l'arme. Il ajoute : "Pendant le temps que les hommes le maîtrisaient, il disait: "bande d'assassins, capitaine Hardy, vous restez dans votre trou pendant qu'on se fait tuer." Le "Vive l'anarchie" attesté" par le commandant Hardy dans son premier rapport n'apparaît pas dans les déclarations d'Autin.
François-Marie Giudicelli, né le 20 juin 1894 à Santa Reparata di Bologna où il exerçait le métier de pêcheur.
jeudi 4 octobre 2012, Journal de la Corse : Le squelette de ce soldat corse du 140e régiment français, a été retrouvé dans sa tombe les mains encore liées dans le dos et enterré à même la terre, sans cercueil, sans nom, sans plaque. Il a été exhumé vendredi du cimetière de Caix pour être inhumé dans son village natal.
François Guidicelli n'était pas un « soldat inconnu », comme le mentionnait un vieux registre du cimetière de Caix où son nom, jusque là dûment notifié, avait été ensuite effacé, intentionnellement sans doute.
Il a été de tous les combats à partir de septembre 1914, date de son arrivée au front jusqu'au 8 juin 1915. Ce jour-là, il est retrouvé sans connaissance sur le champ de bataille par un brancardier dont le témoignage figure dans son dossier militaire. Un papier daté du 12 juin 1915 et signé du sergent Gouron était ainsi rédigé :
" Je reconnais avoir relevé le soldat Guidicelli dans la nuit du 7 au 8 juin vers 1 heure du matin. Ce militaire est resté sans connaissance pendant plus d’une heure."
Le 9 juin au Poste de Secours on lui prodigue quelques soins avant de lui ordonner de rejoindre son régiment. Il s'effondre en chemin, vraisemblablement victime du syndrome de Shell-Shock, appelé aussi obusite. Cela explique la disparition temporaire de Guidicelli, qui se présente de lui-même à son Commandement le 17 juin, dès qu'il a repris quelque peu ses esprits. Il est déféré le surlendemain devant un Conseil de Guerre spécial, et fusillé à Caix dans la Somme le lendemain, 20 juin, jour anniversaire de ses 21 ans.
22 juin 1915
La décimation du 2è régiment de marche du 2è régiment étranger (Légionnaires russes)
Les événements :
Afin
de comprendre la situation, il faut se reporter à une lettre du colonel
Ignatieff, attaché militaire russe à Paris, qui, le 23 février 1915 se
fait écho des plaintes de ses compatriotes -enfin de certains d'entre
eux, car, en bon aristocrate, il répartit les volontaires en deux
catégories distinctes auxquelles les autorités françaises ne cesseront
de se référer :
J'ai l'honneur de porter à la connaissance des autorités françaises compétentes, ce qui suit:les nombreuses lettres et réclamations qui parviennent à l'ambassade de Russie de la part des volontaires Russes et de leurs parents démontrent d'une façon certaine que la situation des engagés volontaires russes, combattant dans les rangs des régiments étrangers, laisse à désirer et crée un sentiment de mécontentement de la part des chefs français d'un côté et des volontaires mêmes de l'autre, mécontentement qui, malheureusement, ne fait que grandir.
Ayant étudié cette question, j'ai pu déterminer d'une façon exacte les raisons de cet ordre de choses, mais avant de les analyser, il est absolument indispensable que je signale l'énorme différence qui existe entre les deux catégories bien distinctes de volontaires russes : la première comprend les Russes qui dès les premiers jours de la mobilisation sont accourus spontanément pour offrir leurs services à la France amie et alliée et combattre l'ennemi commun. Cette catégorie comprend outre un grand nombre de gens instruits et cultivés : étudiants, artistes, ingénieurs, avocats, hommes de lettres, etc... une certaine quantité d'anciens soldats, réservistes et territoriaux, que la guerre a surpris à l'étranger et qui, quoique non appelés sous les armes en Russie, en raison de l'absence ou de la difficulté de communications, ont néanmoins tenu à remplir leur devoir et sont venus se ranger sous les drapeaux de la France. Toute cette catégorie de ce qu'on peut appeler les volontaires "convaincus" est tout à fait digne d'intérêt, car, étant animés d'un idéal patriotique et pleine d'ardeur et de bonne volonté, elle ne demande qu'à se battre.
Quant à la seconde catégorie de volontaires Russes qui, malheureusement, est fort nombreuse, elle est composée en majeure partie de juifs polonais, émigrés de Russie, qui, jusqu'ici, vivaient sordidement à Paris avec leurs très nombreuses familles et gagnaient péniblement leur vie, exerçant différents métiers, tels que tailleurs, casquettiers, cordonniers, savetiers, etc... La, guerre ayant jeté tout ce monde-là littéralement sur le pavé, ils ont préféré s'engager pour ne pas mourir de faim et assurer le pain à leurs familles. À ceux-ci il faut ajouter un certain nombre de déserteurs, d'insoumis, de criminels évadés et de gens sans aveu qui ont quitté la Russie sans esprit de retour, espérant par le fait de leur engagement se soustraire à la surveillance de la police, et acquérir le droit à la naturalisation. (...)Leur situation peut se résumer en quelques mots. Les volontaires russes souffrent et se plaignent du fait d'être forcés de vivre et de combattre à côté d'étrangers de différentes nationalités, de leurs propres compatriotes de moralité très douteuse et de cadresde légionaires envoyés d'Afrique. Ces derniers en particulier, ont apporté dans les régiments étrangers nouvellement formés une mentalité et des moeurs tout à fait spéciales et de nature à choquer et à révolter les volontaires russes qui ne demandent qu'une seule chose, c'est d'être réunis dans des formations commandées par des gradés et des officiers russes ou français parlant le russe. (...)
JMO du bataillon F du 2è RM-RE
"20 juin 1915 – à Prouilly. Départ à 18h15 pour Merfy et Saint Thierry; Au moment du départ, 44 légionnaires refusent de s'équiper et de suivre le bataillon, déclarant ne plus vouloir servir à la Légion Etrangère et voulant passer dans des corps français. Au dernier moment, 17 légionnaires russes se ravisent et rejoignent leur compagnie. 27 légionnaires russes et arméniens persistant dans leur refus d'obéissance sont remis entre les mains de la force publique, prévenue dans l'après-midi (les légionnaires arméniens demandaient à être envoyés dans un camp de concentration, étant sujets ottomans).
21 juin 1915 –(...)
Dans sa séance du 21 juin, le Conseil de Guerre spécial réuni à Pévy par ordre n°4759 du général commandant le corps d'armée pour juger les 27 légionnaires du bataillon coupable de révolte et refus d'obéissance sur territoire en état de guerre condamne ceux-ci :
1. à la peine de cinq ans de travaux publics (7 légionnaires)
2. à la peine de dix ans de travaux publics (11 légionnaires)
3. à la peine de mort (9 légionnaires)
22 juin 1915 – Conformément aux prescriptions de l'article 151 du Code Civil, les neuf légionnaires ci-dessus désignés, condamnés à la peine de mort par le conseil de guerre spécial du régiment, ont été passés par les armes le 22 juin à 15 heures à Pévy.
Rien d'autre à signaler.
23, 24, 25 juin 1915 – Rien à signaler."
Extraits
des notes d'audience manuscrites du CG spécial réuni à Pévy qui dure du
21 avril, 15 heures au 22 avril à 2 heures (rédacteur inconnu) :
Rapport du Général Guérin, 9 juillet 1915 :- Mauvais esprit se manifeste chez certains engagés dès le commencement de février.
- Vers le 10 avril, cinq volontaires russes du bataillon Berecki (1ère catégorie) quittent sans permission les Blancs Sablons et vont à Maizy réclamer au général commandant la 36ème Division contre les mauvais traitements dont ils étaient l'objet de la, part de leurs sous-officiers.
Ordre du général commandant la 36ème Division de renvoyer dans leur compagnie, sans punition et sans non lieu, les cinq hommes objets de la plainte.
Fâcheux effet.
Mai – dans le courant de mai, les cinq mêmes hommes, punis de prison, refusent de faire le peloton de punition.
Plainte en conseil de guerre est établie contre eux mais par suite de changements de secteur (...) l'ordre d'écrou ne les a pas touchés à la date du 20 juin.
11 juin – Onze légionnaires du bataillon Rozet, en cantonnement à Oeuilly, refusent de se rendre aux tranchées (ils se décident à obéir mais après s'être rendus coupables de refus d'obéissance).
Conseil de guerre = 17 juin. 5 ans de travaux publics. Sans suspension de peine.
18 juin – Courlandon = 4 volontaires russes du bataillon Berecki s'enivrent, font du scandale (on doit les ligotter) et le 19 au matin refusent de partir. Ils rejoignent pourtant le bataillon peu après son départ.
20 juin – Dès l'arrivée à Prouilly le 19 les gradés de la compagnie Jacquesson rendent compte à leur capitaine que la section russe de la compagnie avait décidé de refuser de marcher le lendemain.
Au départ 20 juin à 18h30 :
1) 17 hommes de la section russe de la compagnie Jacquesson refusent de partir. Intervention du capitaine de gendarmerie qui réussit à les décider à marcher.
2) 12 hommes qui avaient couché au poste de police (4 préventionnaires des Blancs Sablons – 4 préventionnaires à la suite de Courlandon – 4 hommes punis de prison) refusent de partir. Intervention vaine de la gendarmerie qui la prend en charge.
3) 7 arméniens et 8 russes de la 3ème compagnie (lieutenant Sandret) refusent également de partir.
- Fâcheuse impression produite par les accusés en séance: tous ont crâné; cynisme.
Presque tous parlaient très couramment français et appartenaient à la 1ère catégorie (gens instruits et cultivés).
Défense: les Russes voudraient servir dans un régiment français et non au 2ème Etranger où ils sont maltraités et mal nourris.
Dans l’après midi, quatre légionnaires, ivres, ( Kononoff, Kask, Kircew, Elfant.) quittent leur cantonnement, bardés de bidon afin de les faire remplir de vin au débit de boisson.
Un sergent (Barras) veut les en empêcher mais l’excitation des hommes est telle que des renforts doivent intervenir.
Amenés dans le poste de police, ils brisent le poële, des vitres, un banc.... A l’extérieur, ils descellent une porte, détruisent une boite aux lettres....
Un homme de la section de renfort, ivre lui aussi, se joint aux émeutiers et “les dépasse en violence” (Adamcheftski)
Dans la rue, hommes, femmes, enfants, d’autres militaires assistent, ébahis à la scène...
Le calme renaît à l’arrivée du chef de bataillon. Il ordonne au sergent de bâillonner et ligoter les soûlards si l’esclandre reprend. A peine a-t-il disparu que les cris reprennent. Les 5 légionnaires menacent “de passer aux Boches” puis se remettent à casser tout ce qui se trouve à leur portée. Des cordes et des baillons sont apportés. Les coups de pieds et de poings volent de toute part. Un caporal est mordu si fortement que sa capote et sa chemise sont coupées. 4 hommes sont nécessaires pour maîtriser chacun des pochards !!
“Cette opération ne se fait pas sans de grandes difficultés et sans une vigoureuse résistance des légionnaires. Dans leurs soubresauts, plusieurs se frappent et se meurtrissent la tête. Certains ont de la terre, d’autres, dont Adamcheftski, du sang sur le visage, ou sont égratignés.”
A 20 heures 30, le calme définitivement revenu, les légionnaires sont lavés, nourris et renvoyés dans leurs chambrées.
”.... Une bagarre ordinaire comme il s’en produit souvent lorsque des hommes de garde emmènent au poste des hommes ivres. Cette bagarre n’a pris un caractère de gravité qu’à l’arrivée d’Elfant, engagé de nationalité russe qui, recevant beaucoup d’argent, exerçait une grande influence sur ses compatriotes en leur offrant à boire et les poussait à la rébellion.”
le 22 juin 1915
Le général commandant le 1er CA
au général commandant la Vème Armée à Jonchery sur Vesle
Condamnés à 10 ans de Travaux forcésIl m'a été rendu compte en outre que l'attitude de tous les coupables au cours de l'audience a été celle de révoltés. Dans ces conditions, j'estime qu'un exemple s'impose.
En conséquence, j'ai donné l'ordre que l'exécution des neufs condamnés à mort aurait lieu aujourd'hui dans l'après-midi près de Pévy, où se trouvent les coupables.
Kouonoff Vladimir (/ Wladimir), 1/06/1883, Izvolsk, Russie, étudiant,1m61
Kolodine Jean (/ Michel), 22/11/1894, Kastroma, Russie, tailleur,
Kotchikian Joseph, 19/03/1889, Constantinople, Turquie, employé de commerce, 1m60
Arcous Jacob, 22 mars 1893, Dwimsk, Russie, bijoutier, 1m60
Khédidjian Agof, 1886, Constantinople, Turquie, tailleur, 1m67
Yadjian (/ Yagdjian) Grégoire, 16/05/1891, Brousse, Turquie, tailleur, 1m72
Elmassian Armagnac (/ Aram), 8/01/1888, Rouskouk, Bulgarie, 1m80
Kenskenvitch (/ Kenskewitch) Sobislav (/ Sobielaw), 11/10/1894, Varsovie, P., modeleur, 1m65
Pembedjian Hmayak (/ Helma / Hemaïak), 24/06/1891, Van, Turquie, photographe, 1m75
Zaraderian (/Sarayderian) Agof, 1887, Constantinople, Turquie, maréchal, 1m70
Lifchitz (Liwchitz) Grégoire, 19/04/1887, Simferopol, Crimée, avocat, 1m72
Condamnés à 5 ans
Kasq (/ Kask) Joseph (/ Stanislas), 21/02/1881, Karmenka Beergoura, Russie, chauffeur,
Kirieff Paul, 16/01/1888, Bohatok, Russie, chauffeur,
Joffé Bention, 12/05/1891, Hauchky, , boulanger, 1m58
Levinshon Nochim, 14/07/1890, Mariempol, Russie, étudiant,
Gulbinkian Garabed (/ Gulbenkian), 15/11/1884, Talasse en Césarée, fondé de pouvoir, 1m70
Portner Nordko (/ Mordko), 15/03/1886, Moraka, Russie, tourneur, 1m72 Zabrono Bernard, 22/01/1887, Kouniv, Russie, vernisseur, 1m65
Les condamnés à mort sont
(Nota : 3 d'entre eux étaient juifs)
Jean Pallo, Палле, né le 10 octobre 1890, Tallin, Finlande russe (Estonie), étudiant, 1m70 ou 1m71
- relevé de punitions : 20 à partir du 3 janvier, s'esquive pour couper aux travaux. Il s'en explique le 9 avril : il veut être renvoyé de la Légion. Il porte le pantalon rouge au lieu du bleu, il cache ses brodequins pour ne pas être de corvée de punis.
État signalétique : domicilié à Helsingfors blond aux yeux bleus.
Max Dickmann, Дыкман, 9 septembre 1892 ou 90, Moscou, Russie, boxeur, 1m90
4 punitions les 25 et 27 mars pour avoir répondu « tu me fais chier » à son caporal lui demandant de rapporter le pain et s'esquive d'une corvée.
Jean (/Jan) Brudeck, Брудек, 18 avril 1886, Bogorias, Pologne russe, journalier,
relevé de punitions : 5 juin pour avoir "été rencontré 3 fois dans la même journée dans une compagnie voisine", puis le 20 juin pour avoir "perdu sa pelle pioche"
Georges Albert Elfand, Элефант, 8 mai 1891, Odessa, Russie, 1m90 : considéré, on l(a vu, comme le meneur de la rébellion.
-punitions : 6 à partir du 15 mars, surtout pour ses propos.
De son adjudant, alors qu'il fait des difficultés pour aller en corvée : "Ah ! je le connais l'adjudant, il était sergent major à la 4e, ce n'est pas le Pérou".
En sentinelle, à son chef de poste qui le réprimande : "Après tout je ne veux pas me laisser chier sur la tête par un caporal".
Lors d'une exercice des punis, il leur interpelle en leur "faisant des singeries". réprimandé par le sergent il rétorque : "vous ne m'avez encore donné l'ordre qu'une fois, j'ai encore le temps de partir. Il faut que je refuse 3 fois pour passer en conseil de guerre".
État signalétique (yeux gris, cheveux noirs).
Grégoire Artomachin (/Artomachim) Артамошин 27août1887, Méchaing, Russie, mécanicien,
- relevé de punition : 19 juin, jetant ses armes, ses effets, refusant de se mettre en tenue.
Nicolas Nicolaeff (/Nicolaieff), Николаев, 27 juillet 1889, Nijni Novgorod, Russie, étudiant,
- relevé de punition : 7 avril 1915, "insulte envers ses camarades".
Jean Petroff, Петров, 17 octobre 1880, Yvano Dombrosvk, Russie, tourneur,
punitions ; néant
Simon Chapiro, Шапиро, 12 juin 1888, Saint Petersbourg, Russie, rentier, 1m64
Tigran Timaksian, Тимокошан, 4 mai 1878, Mouch, Turquie, 1m59
Ils sont exécutés le 22 juin à 15 heures.
Avant la fusillade les volontaires russes ont crié : " Vive l' alliance, La France et la Russie ! A bas la Légion ! "
Nouvelle revue socialiste, 1925
Émile Grossenrieder, né le 1er avril 1894 à Nancy, bureau de recrutement de Toulon, soldat au 169è R.I. 7è Cie, CG des Etapes et services de la IVè armée (?)
exécuté à Châlons en Champagne le 23 juin 1915
Marcel Pierret, fusillé le 27 juin 1915 à Saint-Léger-aux-Bois (Oise)
Soldat au 265e Régiment d'Infanterie - Accusé de : 1/ refus d'obéissance en présence de l'ennemi 2/ abandon de poste en présence de l'ennemi - Condamné à la peine de Mort avec dégradation militaire.
Keita Fodé, né en 1884 à Sigril, tirailleur au 7è RMIC, CG de la 2è divions du Corps expéditionnaire d'Orient, tué dans la baie de Morteau le 28 juin 1915.
Petit rappel pour pallier l'absence d'informations disponibles :
Des révoltes contre l’enrôlement (s'apparentant au début aux techniques de rapt des traites nègrières) ont éclaté loin des grandes villes d’Afrique, dont la première chez les Bambaras du Mali, près de Bamako, qui a duré environ 6 mois, du printemps à novembre 1915, annonçant d’autres révoltes plus importantes. Certaines sont très durement réprimées en juin 1916 par la France, qui fait tirer à l'artillerie sur une dizaine de villages récalcitrants, tuant plusieurs milliers de civils.
Joseph Charvet né le 6 décembre 1887 à Neuville-sur-Saône, soldat au 36è R.I.C., et, appartenant au même régiment Pierre Ravel, né le 30 septembre 1887 à Saint- Etienne sont exécuté le 28 juin 1915 à Lunéville (Meurthe-et-Moselle) où le régiment ne parait pas stationné, sans trace de jugement. Ce même 28 juin le 36è RIC qui s'était illustré au sein de la 74è D.I., la quitte pour entrer dans la 16è D.I.C. et former en partie la 31è brigade.
Claude Marie Duclos, né le 22 février 1888 à Saint-Maurice le Châteauneuf, soldat au 68è R.I., réserviste, condamné par le CG de la 17è D.I. pour "abandon de poste devant l’ennemi" est exécuté le 28 juin 1915 à Savy-Berlette (Pas-de-Calais).
JMO du 68è R.I. :
Mathieu Léon Gasparoux, né le 1er octobre 1886 à Meymac, il fut jugé le 29 juin 1915 par le conseil de guerre de la 23èeDI et condamné à la peine de mort pour désertion en présence de l'ennemi.
Ce jugement fut exécuté à Villers-Bocage (Somme) le 30 juin 1915, à 8 heures du matin. Sur son acte de décès, il était soldat de 2è classe à la 21è compagnie du 300è Régiment d'Infanterie (régiment de réserve de Tulle).
Les minutes du jugement du Conseil de guerre qui l'a condamné étant introuvable, il est impossible de savoir de quoi il a été jugé coupable. Comme toutes les victimes de ces tribunaux militaires d'exception, il a été stigmatisé au-delà de son trépas et l'opprobre a rejailli sur les siens. D'autant plus que Mathieu Léon Gasparoux faisait partie des gens de peu, un domestique, un simple "val" comme on dit par ici…
Quelques Civils :
Otillie Voss exécutée le 16 mai 1915 à Bourges
Jaime Puigventos, espagnol, le 24 mai à Châlons en Champagne
Georges Foudrain, 43 ans (13 avril 1871, La Ferté sous Jouarre) jugé à l'arrière par le CG de la Vè région à Orléans pour des faits remontant à l'année précédente, "pillage en bande avec les allemands, recel d'espion"
Journal du Loiret du vendredi 21 avril 1915
fusillé au stand des Groues à Orléans le 15 juin 1915.
Heinrich Ehrich (alias Hauschke) le 21 juin 1915
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