vendredi 8 février 2013

Chuck Renslow : entreprise "familiale"

Domingo, portrait de Chuck Renslow en cuir


Chuck aura bientôt un grand nombre d'esclaves parcourant cette ville... Comme il semble que je n'aurais jamais la chance d'en être, j'aimerais me débarrasser la tête de cette foutue obsession, ce qui paraît impossible car Renslow ne cesse de nourrir mon imagination délirante avec de nouveaux détails. (Journal de Steward)

Justin Spring : 
Renslow possédait maintenant un bon nombre d'"esclaves", ravi de travailler pour lui à plein temps en échange de sessions régulières de domination psychique, des arrangements sexuels relevant de la vie en communauté, et de petites sommes d'argent de poche. Dans les décades à venir, Renslow continuera à développer son "écurie d'étalons" avec de nouveaux jeunes gens régulièrement recrutés, désireux de se soumettre à un homme d'affaire puissant, bien introduit, et sexuellement dominant.

Dans ce harem se succèdent par exemple

John Seaton





 Seaton et Johnny Menendez



Bob Kolinsky




Dave Allen




 

James Dunn





Steve Reno



Larry Roznos

Kurt Inman


Bob Smith

Tom Cowan


Le fantastique Mike Bradburn


ici avec Ron Rector

Cabin in the woods


Ron Rector
 



Mike Bradburn solo










Roger Jalle

 Don Edwards

Lee Crites
 

 et, en plus des modèles que dont la carrière continuera avec d'autres photographes Ed Fury; Monte Hanson, John Tristram, Cherokee) ou Robert Rex




Robert Rex et Marty Shimkus

Marty Shimkus





quantité d'inconnus dont les identités et matricules sont retournés à l'anonymat







Pendant que Renslow lançait publications sur publications, le désir de Samuel Steward à son égard ne faisaient que croître et embellir.

Devant l'insistance de Steward à lui réclamer des sessions S8M, Renslow finit par accepter (en dépit d'atermoiements divers "de lui régler son compte, une bonne fois pour toutes. La rencontre quoique ratée pour les deux, convainquit Steward que son fantasme d'être vendu, forcé et dominé sexuellement par Renslow relevait de l'impossible: "A vrai dire, j'ai été un peu déçu", écrivit Steward ensuite, "et d'un autre côté l'expérience a été riche et enrichissante. je crois en avoir appris une chose: mon aspiration au masochisme (en ce qui concerne la douleur physique) n'est pas si forte que l'est le désir d'être traité en esclave J'adore ce garçon, Renslow, en dépit de toutes les humiliations qu'il me fait subir, ou plutôt ) cause d'elles... il ne m'en demandait même pas assez compte tenu de l'étendue de mon imagination, , mais d'un autre côté il travaillait dans des conditions difficiles... le fait qu'il retenait ses coups doit témoigner en quelque sorte de son amitié pour moi."
Néanmoins, sans autre possibilité d'assouvir son obsession masochiste, Steward écrivait désormais tous les jours autour de Renslow, que ce soit sous forme de fictions ou dans son journal. "Un chorus boy de West Side Stroy m'avait parlé de son désir de soumission, alors j'ai appelé Chuck... et à ma plus grande horreur je me suis entendu dire que je lui enverrais ce Roger Benson, s'il consentait à me donner une rouste lundi prochain..." 






La collection d'instruments de persuasion de Jim Kane au LA&M museum
 


Texte des notices : Les objets de cette étagère sont tous des « pervertibles »… La boule-bâillon est en plastique, percée d’un lacet. La cravache est un instrument d’équitation. Le fouet fait main par l’entrelacs de lanières de cuir (tous articles produits entre 1950 et 1970). Jim (la vieille garde s’il en fut) a été actif dans le SM dès le début des années 50 à Boulder, Colorado, et San-Francisco. Avant les bars-cuir de drague, le moyen le plus sûr de trouver des partenaires pour des sessions SM constituait à faire fonctionner le réseau national (et international) de participants connus et de confiance. Comme il arrive que les Francs-Maçons pour s’identifier pose la question « êtes-vous un voyageur ? » les hommes en cuir demandaient « tu es un travailleur toi aussi ? ». Aux premiers temps on utilisait pas le terme de « jeu » Mais de « travail », d’où « travailler quelqu’un », « travailler avec les gars, ce soir » ou « travailler les vices de quelqu’un » De même les fouets et battoirs n’étaient pas des jouets, mais de l’équipement ou des « instruments », et en tout cas ils étaient le résultat de l’invention de la créativité, ça ne s’achetait pas en magasin. Jim n’était pas seulement « bien introduit » ou « connu » dans la scène des années 60, mais plutôt l’homme à qui l’on cherchait à se connecter, et de qui tout nouveau venu sur son territoire voulait se faire connaître.


La collection de Samuel Steward
 

Dans son désespoir il finit par parvenir à négocier une rencontre S/M finale avec Renslow "mais ça n'a été qu'un mauvais petit dessert concocté en vitesse, sans absolument rien du rituel nécessaire... En plein milieu de la scène, Chuck a joui spontanément et s'est jeté sur moi en soufflant comme un bœuf, ou plutôt il a prétendu qu'il avait joui car il ne me semble pas en avoir vu la preuve. La vérité, c'est qu'il regardait sa montre et s'est aperçu qu'il était l'heure d'aller chercher Dom, et qu'il a simulé un orgasme"...
Quelques jours plus tard, au cours d'une discussion avec Etienne, celui-ci lui aurait expliqué que "Renslow ne le regardait pas comme un partenaire sexuel potentiel mais plutôt comme une figure paternelle dont il avait le plus grand besoin. "Et donc, écrivit Steward "avec la résignation que j'ai souvent été capable de retrouver en moi dans les temps de grande dépression, j'ai décidé d'accepter ce rôle, et les choses se sont allégées immédiatement... Ce fichu complexe h pousse tout le monde à croire qu'on est encore jeune. Je n'ai pas le sentiment d'avoir 50 ans, mais j'en ai l'apparence, et les autres le voient". (Justin Spring)


La distance entre le couple Orejudos-Renslow et Steward ne pouvait qu'augmenter à mesure que les affaires du duo devenaient florissantes et dans des domaines où Steward ne voulait pas mettre les pieds. Le Gold Coast, premier bar spécifiquement cuir avait ouvert fin 1958 et le succès avait été immédiat. Comme dans leurs autres entreprises, la gestion relevait de Renslow, Etienne assurant la décoration. Malheureusement, il ne reste rien des fresques originales peintes par Etienne pour Le Gold Coast; le bar ayant dû changer d'adresse quand le bail ne fut pas reconduit. Dom et Chuck furent obligés d'effacer les dessins ou de repeindre dessus. C'est à la suite de cette mésaventure qu'il décidèrent qu'Etienne peindrait désormais des décors sur des panneaux de bois, afin de pouvoir les sauvegarder et les transporter. C'est grâce à ces précautions qu'on peut voir aujourd'hui la plupart des muraux du Gold Coast et du Chicago Eagle bar, dans l'Auditorium Etienne du musée LA&M, fondé par Renslow pour abriter cette collection.

 

 

 


 

 


 

 

La fresque de l'Eagle


C'est là aussi que se trouve le panneau original qui figurait dans le vestiaire du sauna Man's Country, célèbre lieu de rencontre de Chicago, ouvert en 1972 et qui existait encore en 2012. Les reproductions ne montrent jamais en entier la continuité de ce petit chef d’œuvre d'humour.


 
 



Renslow et Etienne profiteront de la libéralisation des mœurs et des combats pour les droits (où ils prirent une part politique) pour adapter leur œuvre aux nouvelles circonstances. Rawhide prend la suite des TM, Mars, ou Adonis, avec des modèles virilisés pas leurs accessoires, ou dans des poses plus provocantes.


Les nouvelles vedettes sont Johnny Amati


 

 

 







Gary Price, ses belles oreilles

 


 

 

 et son petit frère

Johnny Savage

 



 

 

 


 Skip Mahonney
 

 Larry Giller et John Williams




et toujours d'autres inconnus



 

L'ère du posing strap finissant, il est remplacé par la casquette de cuir et les bottes.


Les photos deviennent plus directes



L'art d'Etienne se tourne de plus en plus vers des activités fétichistes
Jupiter et Ganymède (huile sur toile)

 



 

 étude pour la planche 1 de Macho militare

tiré à part de la dernière planche de Marine Training
 

 
 Rough games


Décrivant  l'assemblage toujours changeant de jeunes gens de son entourage comme sa "famille", Renslow finira par désigner le conglomérat de ses divers bars, clubs sportifs, restaurant et maison d'édition sous l'appellation légèrement ironique des Entreprises Familiales Renslow. (Justin Spring)

Quant à Steward, préférant coller à la réalité plutôt qu'à un rituel et des mises en scène auxquelles il n'adhérait plus, il déménagera à Oakland, faisant -un peu malgré lui-de sa nouvelle boutique le centre de rassemblement officiel des Hells Angels, qui  lui donnèrent le sobriquet de Doc. En privé, il reconnut que le rejet dont il s'était senti la victime à Chicago de la part du couple Kris et Etienne, avait contribué à son désir de recommencer une nouvelle vie ailleurs. Lors d'une visite à Chicago, lorsqu'il annonça à Renslow qu'il avait décidé de se mettre à écrire des romans érotiques, il s'entendit répondre: "Mais, tu es trop vieux pour ça". C'est de cette impulsion qu'est née la série des ouvrages de Phil Andros.




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