Pour faire suite au naïf premier article d'il y a longtemps (quelques doublons) et aux mentions de Pavel Tchelitchew dans les entrées sur Platt Lynes, Bérard et Crevel, une nouvelle galerie presque sans commentaires :
Boris Kochno
portrait de Georges Platt Lynes (to Monroe with love)
2 études de nus
Waterman
Artistes de cirques et tatouages
Tableaux inspirés par Charles Le Vincent
Baigneurs (lithographie 1933)
Jacques Stettiner
Celui qui est tombé
Funérailles de l'acrobate
les garçons-bouchers de Paris 1929
Igor Markevich et sa mère
Portrait-nature morte
Mangallanes avec un bob de marin
2 marins 1924
marin français
Bullfight
Robert Petit
Phenomena (The Phenomen) 1936-38
Reg Sayers (photographe) Tchelitchew devant son tableau à la Tooth's Gallery de Londres le 15 juin 1938
étude finale pour Phenomena (MoMA)
étude finale pour Phenomena (MoMA)
Impossible, quoi qu'on pense du résultat final, de ne pas consacrer quelques lignes au tableau majeur de Tchelitchew :
Vogue 1939 :
Il y a trois ans M. Tchelitchew désira exprimer dans un tableau géant tout ce qu'il avait appris de la vie et du monde. Phenomena en est le résultat. Selon Tchelitchew, l'oeuvre est réalisée en "triple perspective", une invention qui lui est propre. Elle est peinte dans une échelle chromatique qui va du rouge sang en bas jusqu'au violet au sommet. Ses figures sont disposées selon une structure en diamant à laquelle se superpose une main et un pied géant jaillissant de la figure centrale aux jambes velues.
En examinant la toile en partant du haut à gauche, on trouve la Cité des Ordures avec une figure ensevelie dans la nuit sous les larmes, avec à ses pieds deux femmes sur une pile de dessins supposées être Gertrude Stein et Alice B. Toklas.
A côté se trouve la Cité d'Aujourd'hui, une pyramide reposant sur une mer de pomme de terres à tête humaines (les gens).
Puis vient la Cité de Demain sous une tête de mort dans le ciel. A côté se trouve une allégorie de la Civilisation industrielle : un monstre de pièces d'or qui regarde une mariée placée devant un autel d'automobiles au rebut.
Les pieds fascinent l'artiste. En bas à gauche se trouve un autoportrait de Tchelitchew lui-même aux pieds énormes et plus loin des soeurs-siamoises exhibent leurs pieds dans la face de l'observateur.
Au dessus l’épaule de l'artiste flotte une figure pâle qui pourrait être identifiée avec Edith Sitwell. La grosse personne couchée sur la table au-dessus d'un étrange groupe familial à la plage pourrait être Elsa Maxwell.
Une femme riche retire la nourriture à des enfants affamés.
La femme à trois paires de seins arbore la tête de la femme d'un galeriste new-yorkais fameux. Dans la tente derrière le soldat à cheval portant un masque à gaz se trouve une femme à barbe portant le visage du peintre français Christian Bérard...
Il y a trois ans M. Tchelitchew désira exprimer dans un tableau géant tout ce qu'il avait appris de la vie et du monde. Phenomena en est le résultat. Selon Tchelitchew, l'oeuvre est réalisée en "triple perspective", une invention qui lui est propre. Elle est peinte dans une échelle chromatique qui va du rouge sang en bas jusqu'au violet au sommet. Ses figures sont disposées selon une structure en diamant à laquelle se superpose une main et un pied géant jaillissant de la figure centrale aux jambes velues.
En examinant la toile en partant du haut à gauche, on trouve la Cité des Ordures avec une figure ensevelie dans la nuit sous les larmes, avec à ses pieds deux femmes sur une pile de dessins supposées être Gertrude Stein et Alice B. Toklas.
A côté se trouve la Cité d'Aujourd'hui, une pyramide reposant sur une mer de pomme de terres à tête humaines (les gens).
Puis vient la Cité de Demain sous une tête de mort dans le ciel. A côté se trouve une allégorie de la Civilisation industrielle : un monstre de pièces d'or qui regarde une mariée placée devant un autel d'automobiles au rebut.
Les pieds fascinent l'artiste. En bas à gauche se trouve un autoportrait de Tchelitchew lui-même aux pieds énormes et plus loin des soeurs-siamoises exhibent leurs pieds dans la face de l'observateur.
Au dessus l’épaule de l'artiste flotte une figure pâle qui pourrait être identifiée avec Edith Sitwell. La grosse personne couchée sur la table au-dessus d'un étrange groupe familial à la plage pourrait être Elsa Maxwell.
Une femme riche retire la nourriture à des enfants affamés.
La femme à trois paires de seins arbore la tête de la femme d'un galeriste new-yorkais fameux. Dans la tente derrière le soldat à cheval portant un masque à gaz se trouve une femme à barbe portant le visage du peintre français Christian Bérard...
(étude pour Phenomena)
D'après l'analyse du conservateur de la galerie Tretiakov :
Dans une lettre à Lincoln Kirstein, Tchelitchew écrit qu'ils vivent au milieu "d'horreurs et de folies épouvantables qu'il est impossible de ne pas voir -et que tout le monde tente de couvrir de jolis tapis, de papier peint et de rideaux de chintz."
Phenomena (fragment d'un triptyque inachevé) est une représentation de l'enfer.
La composition semble énigmatique, mais c'est inhérent à la structure pyramidale dont chaque "étage" apporte son sens et sa couleur. Des blocs de glace -au sommet de la pyramide- dominent la vision infernale, encadrés par des gratte-ciels américains bordés par la mer.
Chaque couche de couleur se remplit de personnages, d'images fantastiques et d'une foule d'histoires anecdotiques.
La pyramide de glace est assise sur une base désertique formée de têtes humaines. Le numéro suivant est composé de tentes et de personnages tirant sans but des blocs de pierre.
Ici et là sont disposés des cadavres, des scènes d'enterrement, des terrains de tennis, qu'un photographe trouve distrayant d'immortaliser.
Au centre de la zone bleue se trouve la tête dans un bocal qu'entourent les enfants
et le thème de l’accouchement, et de la femme allaitante à la multiple poitrine.
La représentation obsessionnelle des monstres de cirque affectées de pathologie scientifiquement reconnaissables, tracerait un fil vers l'expression d'une forme de mysticisme qui serait né de la contemplation par Tchelitchew de la porte de bronze sculptée de l'église de San Zeno Maggiore à Vérone.
Les réactions suscitées par la peinture furent d'autant plus fortes que tout l'entourage de l'avant-garde artistique se reconnut sans le tableau ; accompagnant l'auteur lui-même se trouve outre ceux déjà cités, Leonor Fini, Henry Ford, Nicholas Mangallanes.
Phenomena finit par revenir, selon le vœux de l'auteur en Russie, un an après sa mort en 1958, la toile roulée et cachée dans les bagages de la troupe de ballet en tournée de Balanchine. C'est ainsi qu'elle fut transférée dans les réserves de la galerie Tretiakov où elle dormit pendant quarante ans avant d'être à nouveau présentée au public.
Edith Sitwell devant Phenomena à la Tooth Gallery de Londres
Dessins du Kinsey Institute