samedi 28 juillet 2018

mai 1915 - mai 1916 L'affaire Casetta

Giovanni Antonio Casetta, né le 24 septembre 1893 à Canale (Italie), boucher (comprenez assistant son père dans l’élevage des bœufs) et coureur cycliste, 1m69, Cheveux châtain foncé, yeux verts, nez rectiligne, visage rond, soldat de 2è classe au 1er Régiment de marche étranger (Légion garibaldienne) 



Selon le rapport du CG de la XVè division :

Le 7 mai 1915, le commissaire de police Bonnefoy du canton sud de la ville d’Avignon était averti par plusieurs officiers du premier régiment étranger, que leur camarade, le lieutenant Angelo-Mario Arizio n’avait plus été aperçu depuis trois ou quatre jours, que la porte de sa chambre d’où s’exhalait une très mauvaise odeur était fermée à clé. Le commissaire Bonnefoy se rendit aussitôt à l’hôtel du Louvre (où résidait l’officier) pour faire ouvrir la chambre. N’ayant pu trouver la clé de la chambre du Lieutenant Arizio, il se servit de la clef de la chambre n°16 qui ouvrit la chambre n°8 occupée par l’officier. M. Bonnefoy pénétra avec le sous-lieutenant Rama dans la pièce dont l’unique fenêtre s’ouvrant sur un couloir était fermée dans l’intérieur avec l’espagnolette. [Le volet de cette fenêtre est bloqué par un cordon et couteau dont personne ne parviendra à expliquer la provenance]. Sur le lit placé à gauche en entrant, le commissaire de police aperçut une masse informe, recouverte par des couvertures. Le sous-lieutenant Rama enleva une couverture et les assistants purent voir le corps d’un homme non habillé [uniquement vêtu d’une chemise et d’un gilet confirmera le légiste], attaché dans un drap de lit ; ses genoux étaient repliés sur le ventre, la tête était noirâtre, le crâne portait de multiples contusions. La position du cadavre était la suivante : sur le dos, la tête inclinée à droite, les bras repliés, le droit sur la cuisse droite et le gauche sur la partie antérieure de la poitrine, les jambes étaient fléchies sur les cuisses et les cuisses sur le bassin. Il était maintenu dans cette position par une pèlerine en tissu large et un drap de lit liés tous deux à leurs extrémités par des lacets de soulier. Le corps était complètement recouvert outre il disparaissait sous les oreillers. Une cordelette, assez volumineuse, d’une longueur d’un mètre cinquante centimètres environ, formant nœud coulant enfermait le cou de la victime. Le lit était souillé de sang ; la tapisserie, principalement à la tête du lit avait été aspergée de gouttelettes de sang (…) D’après les conclusions du médecin expert, la mort (…) avait été déterminée par des coups violents portés sur le crâne avec un marteau ou une barre de fer. Le lieutenant Arizio, malgré les apparences n’avait pas été étranglé. Il est possible que la cordelette fut passée au cou de la victime après la mort. Il n’y eut pas de lutte ; l’officier dut être frappé pendant son sommeil ou tout du moins dans son lit.(…) La mort devait remonter à quatre ou cinq jours (…) L’examen du crime fit découvrir au médecin légiste sur les parties latérales du crâne les quatre plaies suivantes :

- Une plaie mesurant cinq à six centimètres à l’union du pariétal et du temporal droit.

- Une plaie de même dimension , à l’union du pariétal et de l’occipital droit

- Une plaie semblable à l’union du frontal et du pariétal gauche

- Une plaie également de même dimension dans la région de l’occipital et du pariétal gauche.

Les os du crâne étaient brisés et présentaient des fractures multiples rayonnant en divers sens. La substance cérébrale s’échappait librement de ces plaies.

Quelques jours après, on découvrait placés sur la commode de la chambre du lieutenant Arizio deux morceaux de fer de 0,40m qui avaient pris l’aspect de la rouille. L’information a établi par les aveux du meurtrier que c’était là l’instrument du crime [point litigieux, puisque seule la barre la plus lourde, ramassée dans la cheminée désaffectée a servi à frapper, et qu’on ignorera à combien de reprises]. Le 7 mai 1915, le juge d’instruction d’Avignon lançait un mandat d’arrêt contre l’ordonnance du lieutenant Arizio, le nommé Casetta Giovanni, soldat du 4è régiment de marche du premier étranger, qui avait disparu depuis quelques jours et dont on avait perdu la trace. On ne tardait pas à apprendre que Casetta avait fait sa demande de libération le 4 mai 1915 vers 10 heures et qu’il avait reçu une feuille de transport gratuit pour le Hâvre. Casetta était arrêté à Saint-Denis sur l’indication fournie à la police par le nommé Salembéni, ex-sergent de la Légion garibaldienne qui le rencontra au marché de Saint-Denis. Casetta donna lors de son premier interrogatoire un faux état-civil ; il prétendait se nommer Punzo ; puis il se décida à avouer son véritable état-civil et à reconnaître le crime qui lui était reproché. Une perquisition ordonnée de sa chambre à Saint-Denis [assura?] la découverte d’un certain nombre d’objets dérobés au lieutenant Arizio. (…)

L’instruction a reconstitué l’emploi du temps du lieutenant Arizio, le jour où il fut assassiné, le lundi 3 mai 1915. Il se trouvait ce jour-là à Sorgues, en compagnie d’un de ses amis intimes, le capitaine Bruera de la légion garibaldienne, d’une dame [laquelle?] lorsque le sous-lieutenant Rama, le capitaine Defner, le sous-lieutenant Massa vinrent le rejoindre. Ils dînèrent ensemble et au cours du repas, le lieutenant Arizio parut très gai. Ils revinrent dans la soirée à Avignon et se rendirent vers 8 heures et demi à la gare pour saluer une dernière fois le lieutenant Lecomte, qui rejoignait son corps à Brest.(…) Vers les dix heures et demi du soir, le lieutenant Arizio regagnait la chambre n°8 de l’Hôtel du Louvre qu’il occupait depuis son arrivée à Avignon. C’est là qu’il devait périr quelques instants après sous les coups de son ordonnance, le soldat Casetta.(…)

***

Arizio tel qu'il apparaissait sur les cartes postales offertes à ses maîtresses



Casetta aurait fourni les explications suivantes sur la façon dont il aurait frappé le lieutenant Arizio : « Dans la nuit du 3 au 4 mai 1915, je suis entré dans la chambre de mon officier à l’hôtel du Louvre [tout semble prouver qu’il s’y trouvait déjà quand Arizio rentra légèrement gris, ou Casetta avait-il passé un moment avec quelqu’un d’autre dans l’hôtel?]. C’était onze heures du soir, en rentrant je souhaitais le bonsoir au lieutenant Arizio qui était sur son lit et lisait son journal. Il me fit des reproches dur mon service et me dit que peut-être il me renverrait. Je lui réclamai alors une somme de 100 francs prếtée en deux fois (le 25 mars et au commencement de mai), - il me répondit que d’argent il n’en avait point. Je lui fis remarquer que pour s’amuser il en avait toujours, mais que pour moi il n’en avait pas. Furieux de cette parole, le lieutenant se souleva et se saisit de don revolver d’ordonnance dont il allait me menacer. C’est alors que je lui assénai sur le crâne un coup d’une barre de fer que j’avais trouvée dans la cheminée. L’officier s’écroula sur le lit, je pris alors mes affaires et je partis. » Il a reconnu avoir volé l’imperméable du capitaine Bruera, pour se gager de l’argent que cet officier, dont il avait été l’ordonnance, lui aurait dû. En ce qui concerne les objets appartenant au lieutenant Arizio, il a prétendu qu’ils s’étaient trouvé mélangés avec ses affaires personnelles, ce qui expliquerait, d’après lui, leur présence dans ses bagages. Interrogé par nous au sujet du ligotage du cadavre du lieutenant Arizio, Casetta n’a voulu fournir aucune explication, affirmant qu’il y était étranger. [C’est moi qui souligne : après avoir avoué pareille exaction, pourquoi Casetta n’aurait-il pas voulu expliquer ce qui se serait passé : ne l’aurait-il seulement pas pu, n’ayant pas assisté à cette partie de l’incident ? Quelqu’un aurait-il tenté de transporter le cadavre pour s’en débarrasser, le laissant finalement dans cette position bizarre, avec un nœud coulant autour du cou ?].
Casetta (8 février 1916) :
D : - Le 3 mai 1915 à quelle heure êtes-vous rentré le soir à l’hôtel du Louvre ? [encore aurait-il fallu interroger Casetta sur son emploi du temps de la soirée, avant son entrée dans la chambre]
R : - Je suis rentré à l ‘Hôtel du Louvre vers dix heures et demi du soir ; mon officier était déjà rentré.
D : - A quelle heure avez-vous quitté le chambre près avoir frappé votre officier ?
R : - Je suis parti vers onze heures et quart ou onze heures et demi et je me suis rendu à la gare où j’ai passé la nuit sur un banc. (…)
D : - Qu’avez-vous fait de la clé de la chambre ?
R : - Je n’en sais rien ; en partant je n’ai pas fermé la porte à clé.
D : - N’avez-vous pas placé un couteau à le fenêtre et un codron de lacet pour empêcger que celle-ci soit ouverte ?
R : -Non.
D : - N’avez-vous pas enveloppé le corps de votre officier en vue de l’emporter.
R : - Non.
D/ : - Expliquez-vous sur vos relations avec le lieutenant Arizio ?
R : - Au début il me traitait bien, puis après il changea sans doute parce que je lui avais prêté de l’argent. Je ne me prêtais pas trop non plus aux expansions qu’il avait avec moi, notamment en public où il lui était arrivé de m’embrasser. Plusieurs fois aussi il me dit dans sa chambre de venir partager son lit. Mais il n’a jamais rien tent é contre ma personne et ne s’est livré devant moi à aucun acte ou geste obscène.
D : - Depuis quel moment votre officier vous aurait-il fait ces propositions ?
R : - Depuis quelques temps seulement.
D : - N’avez-vous pas proféré des menaces, un jour dans le train contre le capitaine Defner ?, alors que vous rentriez de Sorgues à Avignon ?
R : - Non, mais je me souviens que le capitaine Defner me doit toujours cinq francs.


A la date du 1er juin 1916 [plus d’un an après les faits ! et sur l’insistance répétée des autorités militaires] le juge d’instruction d’Avignon se dessaisissait de cette affaire au profit de la justice militaire, Casetta étant encore lié au service militaire en France lorsqu’il assassina le lundi 3 mai 1915 le lieutenant Arizio.
Le reste du rapport, à charge, invoque les témoignages de Bertello et Peloso, qui semblaient nourrir pour des raisons inconnues (ou non explorées) une certaine rancune, méfiance ou jalousie envers Casetta. Si le traitement de l’affaire par les militaires a épargné à Casetta la guillotine pour une mort considérée comme moins infamante, les incohérences des circonstances du crime n’ont pas été élucidées.




Antécédents

La famille de Casetta (et lui-même en communauté) possède une maison à Canale et 87 ares de terrain attenant. Jusqu’au moment de son départ pour la France, Casetta fit métier de coureur cycliste prenant par à diverses courses, obtenant plusieurs prix jusqu’à l’âge de 17 ans. Il aida son père dans son commerce de bœufs et aussi travailla aux champs, travailla toujours régulièrement. Dans les derniers mois qu’il fut en Italie, Casetta se mit à vivre en fainéant, il devint vicieux et se mit à dépenser et à se faire manger de l’argent par des femmes légères… D’un négociant de Valpone,, un nommé Montruccio Giuseppe, son concitoyen d’origine, il se fit donner en lusieurs fois la somme de 500 lires environ, qu’il dépensa à Turin en aventures féminines et autres vices dégradants ; le 4 mars 1915 le tribunal d’Alba le condamnait [par défaut puisqu’il s’était engagé à Nice pour la durée de la guerre, depuis le 2 octobre 1914] pour appropriation de bien qui lui avaient été confiés par une firme de Turin [il semblerait qu’il se soir agi de deux vélos qu’il crut qu’on lui avait offerts.] Casetta ne fréquenta pas de mauvaise compagnie et mena une vie plutôt solitaire et à part… Casetta est de caractère fermé, il n’est pas violent et n’a pas encouru de condamnation pour blessure. Il est coureur de femmes mais on n’a pas constaté qu’il fût pédéraste. (le sous-préfet)

Il va sans dire que les antécédents judiciaires d'Arizio ont été passés sous silence, notamment la faillite frauduleuse de sa maison de commerce à Turin qui aurait dû le laisser sans un sou, alors que petit employé de commerce à Paris, il trouve encore le moyen de dépenser des sommes importantes durant la campagne d'Argonne, puis à Bar-sur-Aube.

Extrait de la déposition du sous-lieutenant Pierre Rama, premier témoin à découvrir le corps : « J’avais les meilleures relations avec le Lt Arizio… A un certain moment, il a eu des sommes très importantes et sur le front il avait encore 4000 francs environ. Depuis son retour à Avignon, il était plutôt à cours et il ne devait posséder que sa solde. Il y a quelques semaines, je lui avais prêté 10 francs qu’il m’a rendu quelques jours plus tard.(…) Mon camarade affectionnait son ordonnance, qui couchait dans sa chambre, à terre, sur des couvertures, et j’ai constaté qu’il lui abandonnait l’édredon, le traversin et l’oreiller. Leur intimité était si grande qu’il est arrivé à l’ordonnance de coucher dans la chambre de mon camarade [rappelons-le, un espace confiné et bas de plafond d’environ 3m x 4 ]alors que celui-ci était en bonne fortune. Je me rappelle d’avoir fait une observation à ce sujet et mon camarade me répondit que cela n’avait pas d’importance. Il ne comptait pas se séparer de son ordonnance qu’il désirait placer dans une maison de cycle Peugeot. C’est un ancien coureur bicycliste de l’Italie. Il est grand, bien découplé, très robuste, figure complètement rasée. Je crois qu’il ne parle que l’Italien. Quand je lui ai adressé la parole en Français, il se faisait très difficilement comprendre. Je crois devoir vous signaler que le lundi 3 mai vers 8h et demi du soir à la Brasserie de l’Horloge Arizio avait fait de vifs reproches au capitaine Defner en présence du capitaine Bruera et de moi-même au sujet d’une femme avec laquelle le capttaine Defner s’affichait et qui l’exploitait. Arizio dit encore au capitaine Defner que le caoutchouc qui lui avait été volé avait été pris par cette femme avec qui son ordonnance Casetta avait eu des relations intimes ; cette femme avait raconté à Casetta, d’après ce que dit Arizio, que Defner l’avait amenée à Marseille et qu’elle l’avait quitté sous prétexte d’aller voir une parente et s’était rendue ensuite après d’un amant. Il est probable que le capitaine Defner a rapporté à sa maîtresse les reproches qui lui avaient été adressés et peut-être celle-ci en a-t-elle informé Casetta avec qui elle avait rendez(vous le même jour d’après ce que me dit Arizio. »
Déposition du capitaine Albert Bruera ( 8 mai ) : « Je ne crois pas qu’[Arizio] fût fortuné et je sais même que dans ces derniers temps, il était quelque peu gêné à plusieurs reprises, il empruntait de petites sommes à des camarades. Quelques jours après notre arrivé alors qu’il faisait fonction de Commandant de Cie, son sergent-major a fui en emportant les fonds de la Compagnie. Il a été probablement obligé de couvrir le déficit et c’est peut-être le motif de sa gêne.(…) Je ne lui connaissais pas de bijoux de valeur mais j’ai remarqué qu’il portait une bague en or représentant deux serpents entrelacés qu’il avait achetée à Montélimar pour le prix de 45 francs. (…) Mon ami affectionnait son ordonnance avec qui il était très familier. Il était plein de prévenance à son égard et ne se séaprait de lui que fort rarement. Son ordonnance couchait dans sa chambre, à terre et sur une couverture. C’était un garçon grand, bien bâti, peu communicatif, ne connaissant que quelques mots de français et parlant seulement le piémontais. Il se disait coureur cycliste et j’ignore s’il avait une autre profession. (…) Au moment de la dissolution de la Légion, interrogé par mon ami sur ce qu’il comptait faire, il a nettement répondu en ma présence qu’il resterait au service militaire tant que mon ami y resterait lui-même… Il est affligé d’un léger bégaiement… L’ordonnance possédait un costume civil ; veston, culotte et bas cyclistes, le tout couleur marron, chapeau mou gris verdâtre et souliers jaunes tout neufs. Casetta ne paraissait pas tenir à l’argent et je ne crois pas qu’il l’ait tué pour voler. A plusieurs reprises, je l’ai vu refuser des gratifications. »


Rapport du juge d’instruction d’Avignon, le 11 mai :
Les capitaines Bruera et Marfella et le sous-lieutenant Rama m’ont signalé les faits suivants :
1°-Le samedi 1er mai, le le capitaine Marfella qui était allé dîner à Sorgues avec le Lt Arizio est rentré à Avignon par le train de 9 heures du soir et dans le même compartiment que l’ordonnance Casetta. Celui-ci était très surexcité et proféra des menaces contre le capitaine Derfner [Defner, Dorfner, Defener, autant de variantes orthographiques selon les scribes] avec qui il voulait avoir une explication. Il indiqua qu'il avait des relations avec une nommée Jeanne, maîtresse de Derfner et que c’est au sujet de cette personne qu’il avait des embêtements.
2°-Le dimanche 2 main vers 11h du matin sur la place de l'Horloge, le capitaine Derfner et l’ordonnance Casetta eurent une très vive discussion .
Déposition du Capitaine Mirhal Marfella (le 10 mai) : « [Le 1er mai] je suis rentré à Avignon par le train de neuf heures du soir qui ce jour-là avait un retard de plus d’une heure et j’ai fait le voyage avec l’ordonnance Casetta. Pendant le trajet, Casetta a tenu des propos menaçants à l’égard du capitaine Derfner.. Il me dit en piémontais que si le capitaine l’embêtait ça finirait très mal. Comme il était pris de boisson, je ne l’ai pas questionné et je lui ai recommandé d’aller se coucher. Il me dit encore qu’il avait eu des relations intimes avec une nommée Jeanne, maîtresse du capitaine Derfner et que c’était à cause de cette femme qu’il avait des embêtements. Je lui ai demandé pour quel motif il venait à Avignon et il m’a répondu que c’était pour avoir une explication avec le capitaine Derfner. (…) Le lendemain, dimanche 2 mai, j’ai aperçu le capitaine Defner et Casetta qui avaient une vive discussion sur la place de l’Horloge, vers 11 heures du matin. Je me suis approché pour demander au capitaine Derfner sa souscription à une œuvre pour les blessés. Celui-ci, à mon grand étonnement m’a répondu sèchement : Attends-moi ! Je me suis aussitôt écarté et j’ai attendu la fin de la conversation. L’attitude du capitaine et de l’ordonnance m’avait tellement impressionné que j’ai pensé à faire connaître au capitaine les propos tenus par l’ordonnance la veille pendant le trajet de Sorgues à Avignon. Quand je me suis approché du capitaine, d’autres officiers l’avaient rejoint et je ne pus donner suite à mon idée. Jai cependant fait allusion à la discussion et j’ai demandé au capitaine « ça ne va pas ? il y a quelque chose de nouveau ? » Il me répondit négativement. (…) Je ne soupçonne nullement le Capitaine Defner… il était dans les meilleurs termes avec Arizio. Tous les trois nous nous sommes engagés ensemble à Paris et nous ne nous sommes pas quittés depuis la mobilisation. J’étais très lié avec Arizio... et je ne lui connais pas d’ennemi. Il ne devait pas avoir grand argent et je ne crois pas qu’il reçût de subsides de sa famille ou d’autres personnes. Il était très familier avec son ordonnance qu’il traitait comme un ami et non comme un subordonné, et j’ai entendu dire que l’ordonnance couchait dans sa chambre. Je connais fort peu l’ordonnance que je n’ai vu que deux ou trois fois. Il m’a paru très respectueux pour son lieutenant mais je ne saurais vous dire s’il avait de l’affection pour lui.(…) Je sais qu’Arizio avait des relations avec une nommée Blanche et que son ordonnance avait eu également des relations avec cette femme. »



Déclaration de Pierre Rama (15 juillet 1915) : « Fréquemment, Arizio m’a dit qu’il était très satisfait de son ordonnance, lequel se montrait d’une obéissance parfaite et faisait très bien son service. Il me répétait parfois que Casetta irait pour lui jusqu’au bout du monde. Arizio payait sa nourriture depuis que Casetta n’allait plus à la caserne.

D : - Pouvez-vous nous dire si le lieutenant Arizio que vous connaissiez bien avait des mœurs contre nature ?

R : - Pour moi, rien ne m’a fait soupçonner la chose. [ce qui n’est pas une dénégation des plus fermes, on en conviendra.]

3°- Le lundi 3 mai, vers onze heures du soir à la brasserie de l’Horloge Arizio aurait vivement reproché à Derfner de s’afficher avec sa maîtresse Jeanne qui lui avait volé son caoutchouc, qui l’avait trompé lors d’un voyage à Marseille et qui n’en voulait qu’à son argent. Arizio aurait ajouté qu’il était renseigné par Casetta qui avait des relations avec Jeanne avec qui il avait rendez-vous ce jour-là.
Bruera (8 mai) : « Il est exact qu’en ma présence, Arizio ait reproché au capitaine Defner de s’afficher avec sa maîtresse, une nommée Jeanne, qui l’exploitait et n’en voulait qu’à son argent. Il dit encore que sa maîtresse lui avait volé son imperméable et qu’qu cours d’un voyage à Marseille elle l’avait lâché pour aller retrouver un amant. Il ajouta qu’il tenait ces renseignements de son ordonnance qui avait des relations intimes avec la maîtresse de Defner.
4°- Le samedi 1er mai, Arizio a reçu à Sorgues un télégramme non signé l’appelant de suite à Avignon. Il crut à une plaisanterie d’un camarade et ne tint pas compte dudit télégramme.
Texte du télégramme déposé à 18 h par un certain Poloso (1er étranger) :
Lieutenant Arizo Caffé de la gare Sorgues Venir dessuite à Avignon
NB : il existe bien un Peloso (l’orthographe serait alors aussi fautive que celle du destinataire), qui nie être l’auteur. Personne au Rgt ne reconnaît l’écriture de l’ordre original.
5°- Le dimanche 2 mai, Casetta fit raser les moustaches naissantes qu’il portait habituellement. Interrogé à ce sujet par Arizio il ne donna aucun motif de sa décision.
Déclaration d’Umberto Zanchetta, Lt au 1er étranger (15 mai) : « Je connaissais fort peu l’ordonnance Casetta que je n’ai vu qu’une ou deux fois. Je l’ai aperçu dans la matinée du dimanche 2 mai, sur la place de l’Horloge et j’ai remarqué qu’il portait un costume civil très élégant. »
6°- Le même jour Casetta indiqua qu’une nommée Blanche qui pendant un mois avait été la maîtresse d’Arizio lui avait écrit pour lui demander 10 francs et lui donner une rendez-vous. Arizio se mit à rire et dit à Casetta d’envoyer la somme demandée.
Déclaration de Blanche Richieu le 11 mai 1915 : « C’est dans la deuxième huitaine de mars dernier que j’ai fait la connaissance du lieutenant Arizio (…) Cet officier m’a donné une fois 20 francs. C’est la seule fois où j’ai reçu de l’argent de sa part. Il me paraissait n’avoir pas trop d’argent. J’ai entendu bien souvent, le lieutenant Arizio dire qu’il tenait beaucoup à son ordonnance Casetta. Casetta m’avait paru affectionner (…) le lieutenant Arizio.(…) J’ai écrit une lettre au lieutenant Arizio pour lui demander 10 francs. Je ne me souviens plus de la date -vers le 20 avril. Arizio ne m’a pas répondu. Quelque jours plus tard après le 20 avril, je fis la rencontre de Casetta dans la rue des Marchands. Casetta me dit qu’il pensait que son officier allait être versé dans un régiment français. Puis il ajouta : « Pour moi qui suis italien et simple soldat, je ne pourrais pas le suivre. Si je suis obligé de le quitter, je me rendrais à Paris, ville que je connais déjà. Je travaillerai de mon métier ».
Voilà donc un nouveau mobile ; mais comment le taciturne et peu loquace Casetta ne parlant que le Piémontais, aurait-il eu une conversation aussi détaillée avec une femme qui prétendait mal le connaître et n’était même plus officiellement la maîtresse d’Arizio le 20 avril.
Blanche : « Je n’ai jamais eu de relations intimes ni de discussion avec Casetta. »
7°- Le mercredi 5 mai le capitaine Bruera… constata la disparition de son imperméable (noir- Belle Jardinière) et sa logeuse lui dit que Casetta était venu la veille dans l’après-midi. Le capitaine Bruera n’avait pas d’ordonnance et Casetta lui rendait de temps en temps de petits services. Il devait venir dans la matinée du mardi 4 mai mais il ne s’était pas présenté.(…)

Casetta (le 5 janvier 1916) : « Je reconnais m’être emparé de l’imperméable du capitaine Bruera. C’est le lendemain du crime que je me suis rendu chez lui pour lui demander un peu d’argent, car j’avais été son ordonnance. N’ayant trouvé personne je me suis emparé du vêtement imperméable … J’ai pris ce manteau pour me payer du travail que j’avais fait chez le capitaine Bruera».

Dans une lettre datée du 24 août 1915, à l’hôpital de Vichy, le capitaine Bruera demande (pour la deuxième ou la troisième fois) qu’on lui rende son imperméable, saisi par la justice : « si j’ai relevé cette circonstance dans ma déposition, je n’ai porté aucune plainte à cet égard. Mon traitement étant presque fini, je vais rejoindre mon dépôt dans quelques jours, et je vous serais très reconnaissant si je pouvais avoir mon vêtement avant de repartir au front. »

8°- Le capitaine Derfner aurait subitement donné sa démission que rien ne laissait prévoir. Ses camarades pensaient qu’il resterait au service jusqu’à la fin de la guerre et qu’il allait recevoir une nouvelle affectation. Il est parti pour Paris le jeudi – mai par le rapide de 8h33 du soir malgré les pressantes insistances du capitaine Marfella qui voulait le décider à l’accompagner à Sorgues où il devait dîner avec Arizio et plusieurs camarades. Derfner aurait lassé ignorer à sa maîtresse Jeanne qu’il était démissionnaire et lui aurait indiqué qu’il était affecté au Bureau de la Place des Invalides. (…)
PV du Commissaire de Police d’Avignon (15 mai 1915) : « Le 5 mai, cet officier s’est présenté au Commandant du dépôt pour dire qu’il désirait rentrer dans ses foyers. Il ne donna pas de motif sur sa décision ». L’adresse qu’il laisse au trésorier (57 rue des Moines) ne correspond pas à celle de son beau-frère qui habite en banlieue. Il s’installe à l’hôtel rue de Budapest du 7 mai au 21 juin 1915, date à laquelle il rejoint un régiment de zouaves aux Dardanelles.

Bruera : « Defner a donné subitement sa démission qui m’a causé quelque surprise car il devait recevoir prochainement une nouvelle affectation. Je lui ai demandé le motif de sa démission et il m’a répondu qu’il en avait assez et qu’il voulait rentrer dans la vie civile. Il a donné sa démission à 2 reprises mais je ne puis préciser à quelle date. Au cours d’une conversation Defner m’a dit que son cousin qui était entrepreneur d’électricité à Paris avait quitté la capitale pour se fixer dans les environs de Paris. Je considère Defner comme un fort brave homme et je suis convaincu qu’il est absolument étranger à la mort d’Arizio. (…) J’ai reçu hier dans l’après-midi un télégramme du capitaine Defner qui me prie de lui faire suivre sa correspondance à l’adresse suivante : « Oxford-Hôtel, 12 rue Budapest, Paris » . Dans ce même télégramme que je vous représente, il m’annonce que Casetta a été arrêté à Saint-Denis et a avoué son crime. »
Curieusement la sûreté parisienne ne préviendra officiellement la juridiction d’Avignon de l’arrestation de Casetta, apprise par un article du Petit Parisien que quatre jours après ce télégramme, ce qui laisse à croire que le capitaine Defner était fort bien renseigné.

Dans toute l’affaire, les policiers, comme plus tard les militaires se sont contenté d’enregistrer mollement les déclarations des officiers et de les croire sur parole sans vraiment creuser les points litigieux de leurs déclarations. De même, les demi-mondaines (qui étaient donc à moitié considérées comme des femmes du monde et s’étaient déjà retrouvé d’autres amants respectables) n’ont pas été poussées dans leur retranchements, alors même qu’elles mentaient sans vergogne. Avait-on peur d’une vérité plus outrancière que celle toute faite de la comédie ? Le coupable, le lampiste est forcément comme dans les vaudevilles le valet de chambre, et Arlequin, serviteur de deux maîtres, s’est trouvé pris dans une histoire dont il est lui-même impuissant à éclairer les éléments les plus troubles.




Une lettre du Lieutenant Arizio à sa maîtresse Marie (connue peut-être à Nimes, puis partie pour Paris où elle continuera à entretenir une correspondance amoureuse de femme blessée par le silence du lieutenant depuis le début mai), prouve qu’il ne faisait pas le joli cœur qu’avec Blanche, Jeanne, ou Mme Lecomte. L’intérêt de la citer est que l’on constate en filigrane et malgré des mystères insolubles, que la situation d’Arizio n’était peut-être pas aussi idyllique avec ses camarades de la légion garibaldienne, et qu’il n’avait effectivement plus un sou. En était-il réduit à se faire entretenir même par ses maîtresses ?

Ma chère petite Marie, tu dois te demander ce que je deviens et comme cela se fait que je ne t’ai pas encore écrit, surtout après la preuve que tu viens de me donner de ta confiance et de ton dévouement. Le capitaine B. doit t’avoir envoyée une dépêche t’annonçant mon départ à Nîmes. Il s’agissait toujours de la même chose : j’ai dû donner des explications à l’intendance, et ils ont encore trouvé le moyen de me faire payer je ne sais quoi, en me réduisant à l’ablatif le plus absolu (…) Je me suis retiré à Sorgues, un petit patelin à 10 km d’Avignon. Le capitaine B. vient me voir tous les jours et c’est la seule personne que je vois. Je n’en peux plus de toutes ces histoires et de ces faux amis qui après mille promesses m’ont laissé dans le pétrin ! (…) Je voudrais te dire intégralement ce que mon cœur me dicte pour toi et toute l’admiration que ton acte m’a suscité… Tâche de les deviner, et pense qu’en répondant à l’appel que je me suis permis de t’adresser, si tu avais conquis moi-même mon cœur et mon âme par ton amour lui-même, tu me possèdes maintenant entièrement parce que tu as pris aussi mon âme et mon corps et toutes les plus douces manifestations de vie intellectuelle et morale. (…) Je n’oublierai jamais le service que tu viens de me rendre, me connaissant si peu et ayant confiance seulement en mon amour, poussée par une délirante générosité de sentiment et de cœur…

Deux lettres de cette Marie parviennent à Avignon après la mort d'Arizio, l'une du 4 mai, l'autre du 5. On croit déceler dans la première un fait jamais évoqué par ailleurs, -ou n'était-ce qu'un prétexte d'Arizio pour justifier sa situation pécuniaire ? - qui pourrait expliquer la disparition de la bague aux serpents :
« Plus je réfléchis, moins je comprends ton silence, tu me fais beaucoup, beaucoup de chagrin.
A-t-on rattrapé ton voleur. Je viens d'apprendre par ma bonne qu'avant-hier on a arrêté à Paris, Passage Choiseul, un garbaldien qui s'était sauvé il y a quelques temps ; je vais m'informer de son nop et je te le dirai ; si c'était lui !.. » Marie envoie un nouveau télégramme le 6 directement au régiment. Cette missive n'aurait-elle pas dû alerter quelque ami d'Arizio, la chambre n'étant toujours pas ouverte ? Le 16 mai, une certaine Augustine Caillot, à Paris également s'inquiète aussi de l'absence de nouvelles.


On apprend par la PV du 15 mai que Jeanne – qui nie avoir jamais eu de relations avec Casetta - que le capitaine Dorfner avait loué une chambre dans une maison meublée : « Ce dernier avait l’habitude de laisser la clé dans la serrure de la porte de cette chambre, et c’est ainsi que Casetta allait quelquefois remplir le rôle d’ordonnance du capitaine.

Bruera Albert (le 11 mai) : « Arizio m’a indiqué, je ne puis préciser la date, mais probablement le lundi 3 mai, qu’il avait fait demander par son ordonnance Casetta sa note de l’Hôtel du Louvre et que cette note lui avait été remise. Il m’a indiqué le montant qui était, je crois, de 90 francs environ. (…) Je savais, comme mes camarades que c’était Casetta qui détenait la clef de la chambre de l’hôtel du Louvre. Je suis donc convaincu que quand Arizio est rentré à l’hôtel le 3 mai à 10 h 3/4, Casetta était dans la chambre. »

Déclaration d’Audon Lydie (11 mai) : « Le nommé Casetta, soldat au 1er étranger, remplissait les fonctions de commissionnaire du Capitaine Bruera. A ce titre, il est venu plusieurs fois chez M. Bruera. »

Blanche Richieu (11 avril 1915) : Casetta remplissait bien ses fonctions d’ordonnance et il lui arrivait dêtre employ par le capitaine Defner et un autre officier français qui habitait également l’hôtel du Louvre. A Sorgues, Casetta faisait parfois la cuisine et préparait des mets de son pays pour son officier et ceux qui étaient avec lui.

12°- La dame Blanche aurait fait cadeau à Arizio d’une médaille portant l’inscription « B… à son cher Angelo et une date. 
Blanche : « Je n’ai jamais vu d’autre bijou à Arizio qu’une bague en forme de serpent qu’il portait à l’annulaire, une montre en acier bruni à laquelle était appendue une médaille argentée. J’ai donné à Arizio une médaille argent oirtant l’inscription : «  B. à son Angelo, 15 mars 1915 »
Déposition de Catherine Gamonet dite « Jeanne » : « Je n’ai jamais eu de relations intimes avec Casetta. Je connaissais pour l’avoir vu plusieurs fois en compagnie du capitaine Defner le lieutenant Arizio dont l’ordonnance venait quelquefois brosser les effets du capitaine. (…) Il est faux que j’ai fait disparaître l’imperméable du capitaine Defner. »

Après avoir séjourné à Paris, le capitaine Marfella rejoint la légion étrangère. Rama reste à Avignon
Bertello quitte Avignon le 11 mai pour le dépôt de Lyon.
Bruera, après un séjour à l’hôpital de Vichy, et au dépôt de Lyon rejoint le A.O., secteur de Salonique.
PV commissariat de police le 16 mai : « Les objets transportés à la morgue de l’hôpital Sainte-Marthe en même temps que le cadavre du Lieutenant Arizio ont été désinfectés. La pèlerine, une longue corde et un morceau de lacet laissé dans la chambre de l’hôtel ont été saisis (…) Sur le parquet de la chambre se trouvaient une paire de souliers -à l’un des souliers manquait un lacet. L’autre soulier était muni d’un semblable au morceau ayant servi à attacher un bout du drap qui enveloppait le cadavre du lieutenant Arizio. Il n’a pas pu être découvert la provenance de la corde qui entourait le cou du lieutenant Arizio.


Inventaire des objets trouvés dans la chambre 8 (extraits) :

Suspendus à un crochet de fer derrière la porte d’entrée à droite : trois courroies avec boucles, une calotte en toile bleue, deux cravates bleues d’ordonnance, une ceinture rouge, un pantalon bleu en toile, une veste courte en drap noir.

Sur la cheminée : un étui à lorgnon… sur une petite table devant la cheminée : une cravache, un lorgnon dont un verre est brisé en partie.

Sur la cantine : un pantalon en drap bleu, un caleçon en coton gris.

Deux couvertures en laine grossière grise.

Dans le troisième tiroir de la commode : un petit réchaud à essence.

Sur le parquet : une paire de souliers, une paire de guêtres, une paire d’éperons, un bas de femme -coton mauve.

Dans la vareuse : poche extérieure, une médaille représentant un ange en relief, l’autre face cette inscription « B. à son cher Angelo, 15 mars 1915 », une balle de fusil allemand.

Dans une veste courte en drap noir : dans une poche -une lettre adressée à Casetta, une note de frais Hôtel du Louvre – une photo sur carte postale capitaine Rgt étranger.




Objets retrouvés dans la chambre de Casetta à Saint-Denis, considérés comme le produit du vol :

Une petite montre en métal oxydé, une pendeloque en moire, une médaille représentant un guerrier, un trèfle portant la date 1914, une trousse de voyage, un étui à cigarettes, une boîte laquée, un porte-cigarette en cuir, une brosse à habits, un revolver d’ordonnance modèle 92, un étui revolver. Un manteau imperméable soustrait au capitaine Bruera.

Interrogatoire de Casetta (28 juin 1915) :

D : - Pourquoi avez-vous emporté le revolver de votre lieutenant ?

R : - C’était à titre de souvenir de mon séjour dans la légion des Garibaldiens.



Photographie retrouvée dans la chambre du Lt Arizio : le dossier ne précise pas qui tien la bride du cheval




Du PV de déclaration de Froment Armand, aubergiste à Sorgues, il ressort : que le lieutenant Arizio a séjourné à trois reprises à l’Auberge de la Gare, du 30 mars au 6 avril ( « Lieutenant Aurizeau et Madame » -on apprendra qu’il s’agit de Blanche Richieu). Cassetta (sic) aux mêmes dates ainsi que du 16 au 20 avril 1915. Arizio a effectué seul un dernier séjour du 27 avril au 3 mai, date à laquelle il a quitté Sorgues pour accompagner à la gare d’Avignon, un camarade, Lecomte, qui partait pour Brest. Il semblerait qu’il ait tenté de raccompagner à son domicile Mme Lecomte avec qui il avait rendez-vous, mais qu’un autre officier l’ait devancé. « Le lieutenant prenait ses repas à l’Hôtel de la Gare quelquefois avec d’autres officiers, ses camarades. Parfois son ordonnance Casetta mangeait à la même table, mais le plus souvent, Casetta mangeait à la table des patrons. L’officier et l’ordonnance préparaient de temps à autre eux-mêmes, un plat à la mode italienne et qu’ils mangeaient ensuite ensemble. M. Arizio paraissait affectionner son ordonnance Casetta, qu’il traitait non d’un subordonné mais d’un camarade en qui il avait toute confiance. Par contre, Casetta était considéré à Sorgues, comme étant non seulement d’un caractère taciturne, mais il affectait de ne jamais parler. C’est ainsi que Casetta n’a jamais rien dit au sujet de sa libération prochaine. Tout au contraire, on pensait plutôt qu’il ne quitterait jamais son officier Arizio. On suppose que Casetta habitait Turin avant de s’engager dans la Légion étrangère (-faux -). Il exerçait, croît-on la profession de boucher et de coureur cycliste. Il aurait même gagné en Italie un prix de 2000 francs. On ignore l’époque (…) [Les spécialistes seront sans doute plus à même de trouver les bonnes informations, mais il semble qu’un Giovanni Casetta ait terminé en 20è place du tour d’Italie 1913, et qu’il ait participé au Tour de France 1914] . A Sorgues, l’officier ne couchait pas dans la même chambre que l’ordonnance.

Casetta (17 février 1916) après la lecture de la déclaration d’Armand Froment qui dit ne pas savoir d’où provenait l’argent de la note de l’hôtel de Sorgues : « J’affirme que j’ai réglé la note, que je l’ai payée avec mon propre argent.

D : -A quelle date avez-vous prêté à votre officier les autres cinquante francs.

R : - Au mois d’août.

D : - N’est-ce pas en vue de vous éviter des frais que votre officier vous faisait coucher dans sa chambre ?

R : -Je ne crois pas. Mon officier, à ce qu’il m’a dit, craignait d’avoir des étourdissements la nuit et c’est pour avoir quelqu’un qui pût lui porter secours qu’il me faisait sans doute rester. (…)

D : - N’avez-vous pas porté à votre officier quatre coups de barre à la tête ?

R : - Je ne puis rien dire car en vérité je ne me rappelle plus rien… et je vous déclare que je n’ai plus rien à dire.







Certificat médical du Dr Giacomo Gabbio, médecin municipal de Canale, le 15 août 1915 :

« Je certifie que Casetta Giovanni a toujours présenté depuis son enfance des phénomènes de faiblesse psychique avec des accès convulsifs d’otigine héréditaire, son père étant atteint de pricastenie chronique, d’alcoolisme et de syphillis. La mère, syphilitique elle aussi, et morte jeune était sujette à des troubles nerveux qui ont abrégé son existence. »

Maître Nathan, le défenseur de Casetta demandera, en vain, sur la base de ce certificat médical, une expertise déterminant l’étendue de la responsabilité de son client. La justice militaire en revanche s’intéressera à d’autres examens médicaux, bien typiques de l’époque, et des plus suspects.

Ce rapport, remis à la justice le 20 octobre 1915, émanant des médecins militaires Boinet et Boudon commence par un interrogatoire :

Casetta interrogé par nous commence par nous répondre qu’il n’a rien à dire. Pressé de questions sur les motifs qui l’ont poussé à assassiner son lieutenant, il répond que ce dernier lui devait une centaine de francs dont il lui avait demandé en vain à plusieurs reprises le remboursement. Ce qui l’irritait surtout, c’est que le lieutenant dépensât cet argent avec des femmes. Il en fréquentait deux ou trois et avait contracté à leur contact la blennoragie (sic). A la question que nous lui posons de savoir si le lieutenant lui avait fait des propositions contre nature, Casetta répond : « Le lieutenant m’embrassait, surtout dans sa chambre, mais il lui est arrivé une fois de m’embrasser en public, à Sorgues, dans un café. Il m’a proposé plusieurs fois de coucher avec lui, mais j’ai toujours refusé. » Précisant les détails, nous demandons à l’inculpé si, oui ou non le lieutenant s’est livré sur lui à des actes de pédérastie. Il nous répond : « Jamais il n’a fait de tentatives en raison de mes refus. »


Selon les précis de médecine légale en usage dans les administrations (police comprise) jusqu’à la fin des années 30, le « pénis de chien » était uen preuve incontestable de pédérastie active. Remarquons toutefois que Casetta ne présentait aucune trace de maladie vénérienne, or, ce genre de chose ne se guérit pas spontanément.

Le même examen n’a pu être pratiqué par le légiste sur la dépouille du lieutenant Arizio, en raison de son état de décomposition avancé.


Moins anecdotiques sont les remarques du défenseur Abel Nathan, qui réussit à faire annuler la procédure primitive, l’inculpé n’ayant bénéficié de l’assistance d’aucun traducteur ! Il invoque l’exemplarité de la conduite de Casetta qui n’a encouru aucune punition depuis son entrée au service. Il dénonce la légèreté et l’inconséquence de la justice militaire (et là, quoi qu’il en soit de la véracité du propos, c’est peut-être une bévue) démontrant d’une part qu’il s’agit d’un meurtre et non d’un assassinat (absence de préméditation) et que la peine de mort n’a pu être prononcée que sur la base de la concomitance du vol des effets personnels d’Arizio et de sa mort, concomitance qui n’a jamais été démontrée, le produit de ce prétendu « vol » n’étant constitué que d’objet sans aucune valeur, tous les rapports des rapporteurs auprès des conseils de guerre restant d’ailleurs sans conclusion. Il aurait fallu remarquer aussi que le seul objet de relative valeur que possédait Arizio, la bague aux serpents, n’a été retrouvé ni dans la chambre de Casetta à Saint-Denis, ni dans la chambre n°8 de l’hôtel du Louvre. Si elle avait été vendue, du vivant d’Arizio, un témoin n’en aurait-il pas remarqué la disparition ?
« Ces allégations sont confirmées par le fait que le lieutenant avait perdu au jeu des sommes assez importantes (fait établi à l’audience) et qu’à Avignon où il menait joyeuse vie… il était sans ressources personnelles… le lieutenant Arizio n’a jamais reçu aucun mandat alors que Jean Casetta en recevait régulièrement. Le lieutenant Arizio était en ancien officier de l’armée italienne qui avait démissionné. Il avait fait ensuite du commerce à Turin et y avait fait l’objet d’un jugement déclaratif de faillite -rétracté postérieurement- à la suite duquel il avait quitté son pays pour habiter Paris où il était un très modeste employé de commerce. »
Une lettre du consulat italien évoque l’état de gêne dans laquelle se trouvait la famille d’Arizio, sa mère et sa sœur hésitant à se porter partie civile en raison des dépens et sollicitant l’aide juridictionnelle.
Pierre Rama (30 juillet 1915) : Mon camarade, le lieutenant Arizio avait en Argonne d’assez fortes sommes d’argent mais depuis son retour à Avignon, il ne vivait que de sa solde et d’une somme d’argent qu’il avait reçue. (Je souligne, car l’interrogateur change immédiatement de sujet)
Interrogatoire de Blanche Richieu (11 juillet 1915) :
D : - Pouvez-vous nous fournir quelques renseignements sur la situation financière du lieutenant Arizio ?
R : - Je ne puis vous fournir à ce sujet de grandes précisions : cet officier m’a déclaré avoir perdu des sommes d’argent au jeu durant son séjour à Bar-sur-Aube après avoir quitté l’Argonne. Je sais cependant qu’il aurait reçu une somme, deux cent francs, je crois, vers le 10 avril 1915.


Le 28 mai, une commission rogatoire émanant de la sûreté de Marseille est émise à l’effet d’entendre (pour le compte du juge d’instruction de la 4è division) à l’effet d’entendre trois jeunes gens de la domesticité de l’hôtel du Louvre, qui ont quitté Avignon entre le 4 et le 10 mai. Si cette piste est (peut-être un peu trop rapidement) abandonnée, elle montre ce qui au sein du personnel de l’hôtel était de notoriété publique. 
Il s’agit de

Marius Fage, 17 ans, rue Nationale n°72

François Barnaud, 18 ans, même adresse

Paul Paoletti, 15ans et demi, quartier Bonino

Les deux premiers sont soupçonnés par le sous-commissaire (en raison sans doute de leur adresse commune de s’être entendus sur leur témoignage concernant le fait que la dernière nuit de garde du premier aurait eu lieu le 2 mai, et non dans la nuit du 3 au 4.
Paoletti Paul, 15 ans, électricien : « J’ai été employé à l’hôtel du Louvre à Avignon du 28 mars 1915 au 9 mai courant, comme caviste. Là, j’ai connu le lieutenant Arizio de vue seulement, mais je n’ai jamais lié conversation avec lui, me contenant de le saluer. (…) Je n’ai su que le lieutenant Arizio avait une ordonnance qu’après sa mort, car à ce moment il m’a été dit que c’était le soldat qui entretenait l’automobile du lieutenant Rama qui était en même temps l’ordonnance du lieutenant Arizio [Ce garçon servait décidément à tout!]J’ai vu le lieutenant Arizio pour la dernière fois environ quinze jours avant la découverte de son cadavre. Ce soir-là j’étais de garde et le lieutenant m’a commandé une bouteille de champagne que je lui ai apportée dans sa chambre où il se tenait en compagnie de deux dames et attendait un officier de ses amis... Le lieutenant Arizio était très aimable et très poli avec le personnel de l’hôtel, mais n’entretenait à ma connaissance, aucune familiarité avec les employés. C’était son ordonnance qui faisait le nettoyage de sa chambre. Il couchait paraît-il à terre dans la chambre de son officier et était très lié d’amitié avec lui. Il m’a été dit qu’à son arrivée à l’hôtel, le lieutenant Arizio avait recommandé au personnel d’avoir pour son ordonnance les mêmes égards que pour lui-même. D »ailleurs lorsque l’officier amenait des dames dans sa chambre, l’ordonnance y passait également la nuit en leur compagnie. »
Fages Marius, 17 ans : « J’ai été employé comme garçon de salle à l’Hôtel du Louvre, à Avignon de septembre 1914 au 4 mai courant… Le lieutenant Arizio était très familier avec le personnel de l’hôtel et particulièrement avec moi. Lorsqu’il entrait le soir, si j’étais de garde à l’hôtel, il me serrait la main et me causait volontiers. Il m’a raconté que son ordonnance Casetta lui était tout dévoué, et que c’était par attachement à la personne de son officier que ledit légionnaire restait à la Légion étrangère, car il avait plus d’argent que son maître. Par contre je ne fréquentais pas le soldat Casetta qui de son côté ne m’adressait que très rarement la parole. J’ai vu le lieutenant Arizio pour la dernière fois le dimanche 2 mai courant, vers 10 heures du soir. Il est rentré à l’hôtel en automobile en compagnie du sous-lieutenant Rama ; il m’a dit de lui faire préparer sa note car il devait aller passer quelques jours dehors.(…) Je n’ai jamais entendu de discussion entre le lieutenant Arizio et son ordonnance. J’ai quitté l’hôtel du Louvre parce que je ne m’y plaisais pas et voulais venir à Marseille. »
Barnaud François, garçon de restaurant : « J’ai été employé à l’hôtel du Louvre à Avignon pendant un mois et quelques jours ; je l’ai quitté le samedi 9 mai courant. Je connaissais le lieutenant Arizio et son ordonnance, mais de vue seulement, comme clients ; je n’avais jamais lié conversation avec l’un ni avec l’autre. J’ai vu le lieutenant Arizio pour la dernière fois le dimanche 2 mai lorsqu’il est venu en automobile avec le sous-lieutenant Rama. Je ne connaissais pas dans quelles conditions se trouvaient le lieutenant et son ordonnance ; je sais seulement qu’ils couchaient souvent dans la même chambre à un seul lit.(…) Tous les locataires peuvent sortir la nuit garçon de garde qui dort le plus souvent dans le bureau où se trouve un lit mais il est impossible de rentrer à l’hôtel sans réveiller le garçon et se faire ouvrir la porte par lui. J’ai quitté l’hôtel du Louvre à Avignon pour venir à Marseille où je croyais trouver une situation meilleure. »
Conclusion : l’assassin ne pouvait que se trouver à l’intérieur si le crime a eu lieu à l’heure dite, ou bien, comme c’était le cas d’autres officiers et du personnel, à supposer qu’il n’y ait pas eu de complicité, il a attendu le lendemain pour ressortir. En admettant que Casetta ait dit vrai et n’ait pas refermé la porte en s’en allant, qui a bien pu fermer à clé la porte de la chambre 8 et qu’est devenue cette clé que seul Casetta possédait si elle n’a pas été placée dans la serrure de la chambre 16, qui permit finalement d’ouvrir pour découvrir le crime ?
Il faut citer aussi une lettre anonyme parvenue au procureur de la république d’Avignon qui fut prise pour une simple malveillance :
« Le 10 mai 1915, Monsieur le Procureur,
L’assassin du lieutenant Arizio ne le cherchez pas trop loin, cherchez-le dans l’hôtel-même et vous le trouverez sûrement parce qu’un maître d’Hôtel ne doit pas garder une chambre fermée pendant 3 jours sans se rendre compte du motif. »
La déposition du garçon d'étage, Marcel Luttringer, couchant à l'étage supérieur n'apprend rien de nouveau. Il est aller se coucher après son service qui s'achève à 21h30 : « Je n'ai pas vu entrer ou sortir le lieutenant Arizio et son ordonnance dans la soirée du 3 ou du 4 mai courant. Pendant la nuit je n'ai rien entendu de suspect. J'ai toujours cru comprendre que le lieutenant Arizio était bien d'accord avec son ordonnance. »


PV du 14 mai 1915 : « « Des renseignements puisés au dépôt du 1er régiment étranger, il résulte que le lieutenant Arizio a touché, sur sa demande, une avance sur sa solde de 140, 70 francs, le 15 avril 1915. Le 30 avril dernier, il toucha le solde, sit 179, 80 francs= solde mensuelle 320, 50 francs. <sa demande d'avance de fonds laisse croire que le lieutenant Arizio était dans la gène. Au régiment on ne s'occupait pas du genre de vie que menait cet officier. On suppose qu'il dépensant son argent avec des femmes. Il est exact que le sergent major de la compagnie a détourné une somme de 7 à 800 francs. Il s'est enfui en emportant cette somme. Bien que le lieutenant Arizio fût à ce moment Commandant de compagnie, il n'a pas été déclaré responsable du détournement et n'a pas été tenui de rembourser l'argent.(…) On ignore la somme d'argent que pouvait posséder Arizio au moment du meurtre. On suppose que cette somme devait être peu élevée – une centaine de francs au maximum. »


« Ce matin à 9 heures s'est présenté au Commissariat M.Salimbéni Joseph,[ajusteur mécanicien]… en disant qu'il venait de voir sur le Petit Parisien de ce jour que le lieutenant Arizio de la légion « garibaldienne » sous les ordres duquel il avait servi avait été assassiné à Avignon et que son ordonnance avait disparu. Il nous a affirmé qu'il venait de remarquer celui-ci rue de Paris à Saint-Denis, à proximité du marché (…) [Rentré à l'hôtel] Casetta s'est rendu à la chambre n°38 occupée par un de ses compatriotes nommé Girando. »
Casetta, le 9 mai, devant le commissaire de police. De ce large extrait de la première version des faits, chacun se fera une idée des déclarations mensongères, et de celles qui pourraient refléter une vérité différente de ce qu'ont voulu croire les autorités militaires : « Lundi 3 mai courant vers 10 heures du soir, je suis venu chez le lieutenant Arizio dans la chambre d'hôtel qu'il habite pour lui réclamer une somme de cent francs que je lui avais prêtée alors que je trouvais sous ses ordres, à la 12è Cie du 1er étranger. Le lieutenant Arizio, qui était seul et se disposait à sortir, m'a ouvert. Dès les premiers mots de ma réclamation il s'est fâché. Il était du reste pris de boisson. Il m'a prié de sortir. Comme je refusais pour obtenir satisfaction, il a saisi son revolver et l'a braqué dans ma direction. J'ai eu peur. J'ai saisi un morceau de bois qui se trouvait dans la cheminée et en ai frappé à la tête le lieutenant Arizio. Je ne me rappelle pas si je lui ai porté plusieurs coups. Il est tombé sans connaissance sur le parquet de la chambre. J'ai pensé que je l'avais seulement étourdi. Je lui ai pris son revolver que j'azi gardé et je suis parti. Je n'ai été vu par personne. Le lendemain j'ai pris le train pour Paris où j'ai passé la nuit. Le lendemain, c'est-à-dire mercredi dernier, je suis venu à Saint-Denis, 29 route de la Révolte.
D : - N'étiez-vous pas l'ordonnance su lieutenant Arizio ?
R : - Non, j'étais plutôt son ami. Il m'est arrivé quelquefois de lui servir d'ordonnance, peut-être quatre ou cinq fois ; Le lieutenant n'avait pas d'ordonnance.
D : - Y a-t-il eu des témoins des prêts d'argent que vous avez consentis au Lt Arizio ?
R : Non. Je sortais assez souvent avec lui et c'est au cours de ces sorties que je lui prêtais de l'argent..
D : - Savez-vous si le revolver du lieutenant était chargé ?
R : - C'est parce que j'en étais à peu près certain que j'ai eu peu pour ma vie et que je me suis défendu. Du reste le lieutenant était d'un caractère très violent. (…) J'avais reçu quelques jours auparavant de l'argent de mes parents, 300 francs je crois. C'est avec cet argent-là que j'ai vécu jusqu'ici.
D : - Vous n'aviez pas alors un besoin urgent de rentrer en possession des cent francs prêtés à M. Arizio.
R : - Si ; car je voulais repartir chez moi en Italie.(…)
D : - Quelle est la provenance de la montre de poignet trouvée sur vous ?
R : - C'est le lieutenant Arrizio qui me l'a donnée il y a un mois environ.


Casetta, lors de sa première comparution devant le tribunal de 1ère instance de la Seine, le 10 mai 1915, déclare: « Je reconnais avoir frappé le lieutenant Arizio. Je n'avais pas l'intention de le tuer. Si j'ai agi ainsi, c'est qu'il avait braqué son revolver dans ma direction. Je n'ai pas besoin d'avocat. »
Le recours en révision rejeté le 5 avril 1916, Casetta ayant déclaré lors d'un des interrogatoires litigieux qu'il « comprenait parfaitement les question » et n'avait pas besoin d'un interprète. Est rejetée aussi la demande d'expertise mentale destinée à évaluer sa responsabilité, sous le prétexte qu'elle occasionnerait des frais supplémentaires.

Giovanni Antonio Casetta est fusillé à Marseille, Champ de tir du Pharo, le 1er mai 1916 à 4h30.



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